Le château de Chiffrevast est une demeure, du début du XVIIe siècle, qui se dresse à l'emplacement d'une antique forteresse, sur le territoire de la commune française de Tamerville, dans le département de la Manche, en région Normandie.
Trois châteaux ont été élevés au même emplacement. Le premier bâti au XIe siècle. En 1066, un seigneur de Chiffrevast pris part à la conquête de l'Angleterre[note 1][1].
Le , le château possession de Nicolas de Chiffrevast, seigneur du lieu, est ravagé[2], les animaux tués, les bâtiments démolis, les meubles brûlés, ainsi que les chartes, par le seigneur de Saint-Sauveur-le-VicomteGeoffroy d'Harcourt, sous le prétexte qu'un des hommes de Nicolas de Chiffrevast, sous la protection royale et capitaine du château de Cherbourg, avait tué par méprise une biche apprivoisée de Geoffroy. Ce dernier réunit une troupe de cinq cents personnes à pied et à cheval ; parmi eux Philippe d'Ussy, Raoul Patrix, Nicolas Boudet, seigneur de Crosville, Jean de Forges, Amauri de Garancières, Jean Guiffre, seigneur de Gatteville avec ses frères Geoffroy et Julien, les deux frères Richard de Grouville, Jean de La Haye, du Rozel, Raoul d'Harcourt, Guillaume Prudhommet et son frère, les prêtres Robert de Tollevast et Nicolas du Val[3]. Il ne reste debout alors qu'une grange, un pressoir et le colombier. Les manoirs du Val de Sie (Le Valdécie), de Bricquebosq, de Prêteville, de Barnavast, les moulins d'Huberville et de Banville, subissent le même sort[3],[4].
Un second château est construit vers 1450 par François d'Anneville[1]. En 1618[2], Hervé d'Anneville, fils de Guillaume d'Anneville, rase les restes du second château afin de le reconstruire[5]. Son épouse, Renée de Crosville, décédera en 1625[6]. Le , il marie sa fille Charlotte d'Anneville avec Robert de Gourmont dans la nouvelle chapelle avec l'accord de l'évêque de Coutances[7].
Pendant la période révolutionnaire, son propriétaire, François Henri d'Anneville, marquis de Chiffrevast[réf. nécessaire], sera exécuté place de la Révolution à Paris le lundi [8]. Après la RévolutionCharles-François Lebrun fera l'acquisition du château[9]. Dans le courant du XIXe siècle le château est la possession du comte Napoléon Daru[10]. À la fin du XIXe siècle, Eugène Bretel s'installe à Chiffrevast et meuble le château à son goût.
Description
Le château actuel, de style Louis XIII, achevé en 1618[11], remanié au cours du XVIIIe siècle, dans l'esprit du XVIIe siècle[11], est doté de dépendances et entouré de jardins entre 1649 et 1728[11].
Le château de Chiffrevast, bâti au centre d'un vaste parc à l'anglaise, se présente sous la forme d'un corps central avec quatre pavillons en saillie. On accède à la demeure par un pont en pierre. Le château s'éclaire par des fenêtres à meneaux sans mouluration, ou des petites fenêtres carrées jumelles, surmontées de fronton triangulaire. Des lucarnes doubles en plein cintre surmontées de frontons éclairent les combles sous un toit à forte pente.
Sur la façade, on peut voir un écu timbré d'un casque morné (visière abaissé) surmonté d'un cimier, soutenu par deux lions affrontés, qui figure les armes de la famille d'Anneville : d'argent semé d'hermines à la fasce de gueules, selon la confirmation du titre de noblesse faite en 1666 à Guillaume d'Anneville[1]. Toujours en façade, des armoiries, postérieures à 1793, celles qui se trouvaient dans les triangles au-dessus des fenêtres ayant été bûchées, surmontées d'une couronne de marquis, représentent les armes de François d'Anneville (1651-1709) et de son épouse (1683) Marie-Gabrielle Poërier : d'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux étoiles d'argent et en pointe d'un croissant de même[12].
Le parc, recomposé au XIXe siècle, est inscrit au pré-inventaire des jardins remarquables[13]. Les communs ont été aménagés à la même époque[2].
Les châteaux de Chiffrevast, de Sotteville, de Crosville et de Saint-Martin-le-Hébert présentent une certaine analogie tant du point de vue architecturale que décoratifs, qui laisse penser que ces constructions « monumentales » appartiennent à une même école architecturale dite « école cotentinaise »[note 2],[note 3] couvrant la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle[16].
le potager et le parc avec ses bois, ses herbages, ses étangs, ses aménagements hydrauliques et les statues et vases sont inscrits par arrêté du ;
les façades et toitures du château et de l'ensemble des bâtiments du parc de Chiffrevast, y compris la glacière, les vestiges du lavoir et la fontaine, mais à l'exclusion du bâtiment de l'ancienne laiterie ; la cour d'honneur avec son escalier ; les douves sèches avec leurs murs et leur pont ; les portes d'entrée avec leurs piliers et leurs grilles ; les murs de clôture du potager ainsi que le décor architectural du parc avec ses murs d'enceinte, piliers et balustrades, à l'exclusion des statues et des vases sont classés par arrêté du .
Notes et références
Notes
↑Ses descendants, au milieu du XIVe siècle, étaient encore seigneurs dans le comté du Dorset.
↑Elle a pour caractéristiques principales des baies réparties en travées et pourvues de croisées à meneaux, surmontées d'un fronton triangulaire très sobre[14].
↑Pour Jean Barros, le manoir de Graffard, qui est le plus ancien, serait le modèle d'une série de manoir qui comporte au moins, Chiffrevast (1618), Sotteville (1610), Crosville et Cerisy-la-Salle[15].
Références
↑ ab et cUniversité Inter-Âges de Basse-Normandie - Antenne de Cherbourg (préf. Rodolphe de Mons), Blasons armoriés du Clos du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, , 214 p. (ISBN2-85480-543-7), p. 168.
↑ ab et cNorbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, , 296 p. (ISBN978-2-913920-38-5), p. 202.
↑ a et bAndré Davy, Les barons du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits et introuvables du patrimoine Normand », , 319 p. (ISBN978-2-91454-196-1), p. 169.
↑René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN978-2-35458-036-0), p. 559.
↑Jean Barros, Le canton de Barneville-Carteret (Côte des Isles) : Le patrimoine, t. 1, Valognes, Éditions de la Côte des Isles, , 391 p. (ISBN2-9505339-1-4), p. 53.