Le château est situé, à 600 mètres au sud de l'église Saint-Pierre, sur la commune de Chanteloup, dans le département français de la Manche. Il aurait permis de surveiller le havre de la Vanlée, proche, permettant des incursions côtières[1].
Il est la propriété de la famille de Chanteloup qui s'allia à la famille Paynel, quand Agnès de Chanteloup épouse en 1286 Foulques III Paynel[3]. Au début du XVe siècle, Foulque IV Paynel, baron de Hambye et de Bricquebec, seigneur de Chanteloup, de Moyon, de Créances, d'Apilly (Saint-Senier-sous-Avranches), du Merlerault et de Gacé, est un puissant seigneur de Normandie, chevalierbanneret qui regroupe sous ses armes, quatre bacheliers et de dix à quatorze écuyers. Son frère Nicole Paynel lui succédera[4], dont la fille, Jeanne Paynel, dernière héritière de la branche du Cotentin, apportera en dot le château de Chanteloup, à la suite de son mariage vers 1413-1414, à Louis d'Estouteville, son cousin[5], le défenseur du Mont-Saint-Michel lors de l'assaut anglais de 1434, date à laquelle il est en possession du château qui lui avait été confisqué par les Anglais en 1418 et qu'ils conserveront jusqu'en 1449 et sa reprise par le connétable de Richemont[6], avec ceux de Moyon, Hambye et Bricquebec[3]. Ce dernier fit réparer le donjon et l'enceinte, malmené lors de la guerre de Cent Ans. Antoine d'Estouteville, châtelain de Chanteloup de 1517 à 1556, abandonna l'antique château, vers 1536, pour un nouveau corps de logis ajouté à l'ancien château médiéval qu'il occupa avec son épouse, Isabeau de Carbonnel, fille du seigneur de Cérences[7], dont les initiales apparaissent sur la façade. En 1594, le château soutint un siège contre les Ligueurs[6].
Vers 1655, le château est acquis par Jean de Montgomery qui complète les habitations[2].
Lorsque survint la Révolution, une dame Duprey[note 2] jugea prudent d'arasé le donjon au niveau du second étage, ainsi que les deux tours encadrant la poterne, de supprimer le pont-levis et de briser les écussons[2].
Description
L'assiette polygonal du château originel est encore entourée de ses douves. On pénètre à l'intérieur de la cour, côté ouest, par un petit pont dormant à deux arches qui a remplacé un pont-levis à bascule et à flèches, dont il subsiste les profondes saignées pratiquées sur la façade du châtelet d'entrée flanqué de deux tours rondes, arasé à la Révolution. Dans la cour, sur la droite (au sud) se dresse les vestiges du donjon quadrangulaire du XIVe, remanié à la fin du XVe siècle, également partiellement arasé à la Révolution. Ce donjon, serait, avec ceux de Saint-Sauveur et de Regnéville, l'un des plus anciens de la Manche. Chaumeil, historien local, a prétendu que son sommet était crénelé et haut de cinq étages, comme celui de Bricquebec, avec une hauteur d'une trentaine de mètres[1] comportant une salle basse voûtée puis quatre étages, le dernier a disparu[3]. De nos jours, il est conservé sur trois étages et une vingtaine de mètres[2]. Il est flanqué d'un escalier qui faisait communiquer le donjon et la courtine. À l'est, un logis, entièrement refait au début du XVIe siècle, est flanqué dans son angle nord d'une grosse tour cylindrique contemporaine du donjon[9]. Celle-ci, couronnée de mâchicoulis et équipée de meurtrières flanquait l'enceinte à l'extérieur[10].
Le château actuel, construit en granit en 1536[2], peut être attribué à la première Renaissance, comme le suggère son ornementation sculptée : pilastres à rinceaux, candélabres, épis fuselé, frises ornés de médaillons ou de cartouches, grands panneaux à losanges garnis de feuilles, animaux fantastiques. Il est à rapprocher du château de Lasson, près de Caen, bâti lui aussi en 1520, et qui présente la même décoration[7]. Comme à Lasson, les deux portails, à droite, à larges tympan semi-circulaires, et à gauche une porte à tabernacle sont un rappel de l'architecture religieuse[11].
↑ abcd et eGuy Le Hallé (préf. Hervé Morin, photogr. Yves Buffetaut), Châteaux forts de Basse-Normandie, t. II, Louviers, Ysec Éditions, , 160 p. (ISBN978-284673-215-4), p. 83.
↑René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN978-2-35458-036-0), p. 149.
↑Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen Âge en France, Strasbourg, Éditions Publitotal, , 28e éd. (1re éd. 1979), 1304 p. (ISBN2-86535-070-3, OCLC1078727877), p. 281 (cf. hanteloup).
↑Charles-Laurent Salch et Joseph-Frédéric Finó (photogr. Dominique Martinez), Atlas des châteaux forts en France, Strasbourg, Éditions Publitotal, , 19e éd. (1re éd. 1977), 834 p., p. 494 (cf. Chanteloup).
Eugène de Beaurepaire, « Chanteloup », dans La Normandie monumentale et pittoresque, édifices publics, églises, châteaux, manoirs, t. Manche 1re partie, Le Havre, Lemale & Cie imprimeurs éditeurs, (lire en ligne), p. 133-139.
Alfred Chaumeil, Le château de Chanteloup-au-Cotentin et ses seigneurs, 1893, 114 p.
Charles de Gerville, Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, Caen, Mancel, (lire en ligne), « Second mémoire sur les anciens châteaux du département de la Manche », p. 286-291.
François-Charles James, « Le château de Chanteloup », dans Congrès archéologique de France. 124e session. Cotentin et Avranchin. 1966, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 358-368.
Louis Régnier, « Le château de Chanteloup », Annuaire des cinq départements de la Normandie, Association normande, , p. 209-221 (lire en ligne).