Fille d'Arthur Émile Tessier, cafetier au hameau de Villermon, commune d'Allaines, et de Stéphanie Argentine Arrondeau, Carmen Clotilde Julienne Tessier[2] est vendeuse dans une quincaillerie lorsqu'à 21 ans elle tente sa chance à un concours de speakerine à la radio et, choisie par le jury, est embauchée au Poste parisien où elle commence par donner les cours de la Bourse[3]. Elle intègre ensuite l'équipe du Journal Parlé de Maurice Bourdet où elle est chargée de la rubrique judiciaire. Elle s'y fait remarquer par son sens de l'anecdote[4].
Pendant l'Occupation elle travaille à Paris-Soir, journal devenu collaborationniste. Après la Libération, sa carte de presse lui est retirée. Elle raconte au journaliste Jean-Claude Lamy : « Grâce à l'intervention de Pierre Lazareff, j'ai pu comparaître une nouvelle fois devant le comité qui décidait de l'attribution de la carte. Le magistrat qui présidait m'a déclaré avec hauteur : "Alors, madame, qu'avez-vous fait pendant la guerre ? - Monsieur le président, vous le savez aussi bien que moi : j'ai rendu compte des procès que vous avez jugés !". Ça a été fini. En foi de quoi, j'ai eu la carte de presse n° 750 »[5].
Elle devient ainsi journaliste à France-Soir, embauchée par son amant Pierre Lazareff[6]. Relatant des rumeurs concernant des personnalités et des vedettes, elle y tient la rubrique « Les potins de la commère ». Elle publie plusieurs ouvrages, comprenant les recueils de ses échos, dont la Bibliothèque rosse, Histoires de Marie-Chantal et La Commère en dit plus[5].
En 1956, Romain Gary obtient le prix Goncourt pour Les Racines du ciel. Carmen Tessier l'égratigne dans sa chronique, y expliquant que l'écrivain ayant vécu à l'étranger, il maîtrise mal le français. Elle suggère qu'Albert Camus et Jacques Lemarchand ont écrit son livre à sa place. Albert Camus se fend alors d'une lettre à Charles Gombault, co-directeur de France-Soir, lequel déclare, après avoir lu la missive : « C'est bon, on ne parlera de Camus dans ce journal que pour annoncer sa mort »[7].
Souffrant d'une dépression nerveuse, elle se suicide en 1980, en se jetant du 9e étage d'une résidence pour personnes âgées à Neuilly-sur-Seine, où elle vivait avec son mari[5].
Vie privée
Le 13 mars 1961, Carmen Tessier se marie à Peynier (Bouches-du-Rhône) au préfet de police André Dubois[Note 1], connu pour avoir proscrit l'usage des avertisseurs et devenu ensuite administrateur de Paris Match. Ils forment ensemble « un couple bien parisien »[5].
↑Yves Courrière, Pierre Lazareff ou le vagabond de l'actualité. Gallimard, "Biographies", 1995, p.452 : "On sut aussitôt rue Réaumur que Pierrot (Pierre Lazzaref) avait une nouvelle dulcinée, il avait horreur de se cacher et sa secrétaire à France-Soir, comme jadis celle de Paris-Soir, savait toujours où le joindre".
↑Roger Grenier, interviewé par Marianne Payot, « Roger Grenier : "Camus, mon grand frère" », L'Express n°3253, semaine du 6 novembre 2013, pages 78-82.
↑Yves Courrière, Pierre Lazareff ou le vagabond de l'actualité. Gallimard, "Biographies", 1995, p.469 : "Quand il revit Miriam Cendrars et bien qu'il fût installé dans sa liaison avec Carmen Tessier, Pierre Lazareff s'aperçut que l'attirance que la jeune femme exerçait sur lui à Londres était intacte".
Liens externes
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