Après avoir obtenu son diplôme de médecin en 1839, il va travailler à Neuchâtel sous la direction de Louis Agassiz (1807-1873). C'est là qu'il sera, en 1842, le premier à attirer l'attention sur le phénomène biologique de la mort cellulaire programmée aujourd'hui connu sous le nom d'apoptose, en étudiant le système nerveux en développement et les métamorphoses des têtards du crapaud accoucheur (Alytes obstetricans)[1].
En 1848 il devient professeur à l'université de Gießen grâce aux recommandations de Justus von Liebig et d'Alexander von Humboldt.
Élu député au Parlement de Francfort, son activisme politique durant la révolution de 1848 le conduit à se réfugier à Genève où il enseigne la géologie, l'embryologie et la paléontologie (1854), puis également la zoologie (1872). Il devient en 1854 la figure dominante de la section des sciences naturelles et mathématiques de l’Institut National Genevois et en 1874 le premier recteur de la nouvelle Université.
Devenu citoyen genevois, et l'une des figures de proue du radicalisme, il joue un rôle important dans les affaires publiques de cette ville en qualité de conseiller aux États et conseiller national.
Ayant attaqué Marx en falsifiant son passé, ce dernier répondit par un texte intitulé Herr Vogt (publié à Londres en 1860). Dix ans plus tard, les archives de la police française saisies par la Commune révéleront que Carl Vogt était un agent de Napoléon III[3].
En 1872, il devient professeur titulaire de la chaire de zoologie et directeur de l'Institut de zoologie de Genève, poste qu'il occupe jusqu'à sa mort survenue le .
En 2020 et selon ses travaux, Aline Mona Zuber expose que Carl Vogt, défenseur de la théorie darwinienne, n'en fut pas moins l'un de ses déformateurs en tentant d'y adjoindre un volet polygéniste relevant du racisme dit scientifique. Dans ses Leçons sur l'homme de 1865, il tente de mobiliser le racisme anthropométrique pour valider la théorie de l'évolution, procédé pourtant étranger à Darwin. Il fait alors de l'homme noir, le « chaînon manquant » du passage du singe à l'homme dans sa version prétendument la plus évoluée, à savoir l'homme blanc[5].
En 2022, en raison de ces positions sur de supposées « hiérarchie des races » et « infériorité du sexe féminin », l'Université de Genève revient sur la dénomination d'un de ses bâtiments récent portant le nom du naturaliste[6],[7]. Le buste se trouvant devant l'entrée principale de l'Université est aussi placé dans une contextualisation future dont le but est d'expliquer le changement de nom qui s'inscrit dans une démarche globale de dénomination des espaces universitaires en conformité avec leur Charte d’éthique et de déontologie[8].
Œuvres
Leçons sur l'homme : sa place dans la création et dans l'histoire de la terre, [trad. française de Jean-Jacques Moulinié], C. Reinwald (Paris), 1865, lire en ligne sur Gallica.
Leçons sur les animaux utiles et nuisibles, les bêtes calomniées et mal jugées, traduites de l'allemand par Gustave Bayvet, C. Reinwald (Paris) ; C Muquardt (Bruxelles), 1867, Texte disponible en ligne sur IRIS
Leçons sur les animaux utiles et nuisibles, les bêtes calomniées et mal jugées, [traduites de l'allemand par Gustave Bayvet], Schleicher frères (Paris), 1897, lire en ligne sur Gallica.
En collaboration
avec Louis Agassiz , Histoire naturelle des poissons d'eau douce de l'Europe centrale. Embryologie des salmones, Neuchâtel, Imprimerie d'O. Petitpierre, 1842, Texte intégral dans le Service Commun de la Documentation de l'Université de Strasbourg.
avec Émile Yung, Traité d'anatomie comparée pratique, C. Reinwald (Paris), 1888-1894,
Jean-Claude Pont, Daniele Bui, François Dubosson et Jan Lacki, Carl Vogt, science, philosophie et politique (1817-1895) : actes du colloque de mai 1995, Chêne-Bourg, Georg éditeur, coll. « Bibliothèque d'histoire des sciences », , 399 p. (ISBN2-8257-0595-0).
Notes et références
↑Vogt C. Untersuchungen uber die Entwicklungsgeschichte der Geburtshelferkroete (Alytes obstetricans). Jent und Gassmann, Solothurn (1842).
↑Bakounine oeuvres complètes, Invisibles (lire en ligne), En Suisse, Bakounine fit la connaissance des communistes
allemands groupés autour de Weitling ; il passa l'hiver 1843-
1844 à Berne, où il entra en relations avec la famille Vogt ; l'un des quatre frères Vogt, Adolf (plus tard professeur à la faculté de médecine de l'université de Berne), devint son ami très intime. (page 12, note 2)
↑Aline Mona Zuber, « Louis Agassiz et Carl Vogt : deux représentants helvétiques du racisme scientifique. Passé et présent », travail de séminaire IHEID, (lire en ligne, consulté le ).