La culture capsienne était principalement localisée en Tunisie. Toutefois des cultures aux influences capsiennes ont aussi été découvertes au Maroc, dans le Haut Atlas (Télouet) et dans le Moyen Atlas (Sidi Ali)[2]. Le Capsien est une culture continentale des Hautes-Plaines[1].
Les stations capsiennes sous abri représentent une exception. Les sites capsiens sont, dans la plupart des cas, des campements en plein air. Autour de points d'eau, au sommet de caps dominant les plaines, sur les cols de montagne, la teinte grise des cendres nues révèle leur présence[3].
Chronologie
Le Capsien s'étend d'environ 7500 à Il est traditionnellement divisé en deux horizons, le Capsien typique et le Capsien supérieur, qui sont parfois trouvés en séquence chronostratigraphique. Ils représentent des variantes d'une tradition, les différences entre eux étant à la fois typologiques, technologiques et économiques[4],[5],[6].
Les fouilles du gisement préhistorique d'El Mekta, en Tunisie, conduites en 2012, ont permis de proposer une séquence d'occupations distinctes du site, autour de pour le Capsien typique, et à partir de pour le Capsien supérieur[7].
Mode de subsistance
Le régime des hommes du Capsien incluait une grande variété d'espèces, allant des ruminants comme le mouflon ou la gazelle dorcas, aux carnivores comme le lion, le chacal ou la hyène tachetée, en passant par diverses espèces de rongeurs, d'oiseaux et de reptiles.
Les os d'antilope bubale (Alcelaphus buselaphus) sont trouvés de manière constante et importante dans les gisements capsiens. D'après les analyses de E. Higgs, il est possible que les hommes du Capsien aient domestiqué cette espèce, au vu du choix constant et délibéré pour les jeunes bêtes[8].
Les anciennes fouilles n'ont pas permis de mettre au jour de vestiges pouvant nous renseigner sur les plantes consommées[9],[10], mais des données plus récentes révèlent l'importance des plantes dans l'alimentation et dans la fabrication d'outils domestiques[7],[11]. David Lubell estime que la chasse n’assurait qu’une partie de leurs besoins alimentaires, qui étaient complétés par les ressources végétales[8].
Caractéristiques
La majorité des sépultures capsiennes sont composées d'individus inhumés individuellement.
M. -C. Chamla et Denise Ferembach nous disent : « La mutilation dentaire était une pratique courante. L’avulsion mixte des incisives au maxillaire et à la mandibule était généralement pratiquée, plus souvent chez les femmes que chez les hommes (pourcentage d’avulsions chez 15 hommes, 46,6 %, chez 18 femmes 77,7 %)[12]. »
On a trouvé sur les sites capsiens des restes d'ocre, coloriant les outils et les corps. Des coquilles d'œufs d'autruche ont été utilisées pour fabriquer des perles et des récipients. Des coquillages étaient exploités pour confectionner des colliers, mais aussi comme poids de filets pour la pêche près des sites côtiers, comme à SHM-1 (Hergla)[6].
Type humain associé
Anthropologie physique
Sur la base de la morphologie crânienne, les populations capsiennes sont de type proto-méditerranéen, donc différent de celui de l'Homme de Mechta-Afalou associé à la culture ibéromaurusienne (Paléolithique supérieur du Maghreb)[13]. Ce dernier semble morphologiquement plus proche des populations cromagnoïdes européennes du Paléolithique supérieur, alors que les hommes de culture capsienne montreraient des similitudes avec les hommes du Natoufien terminal de Palestine[12].
L'analyse des traits dentaires des fossiles humains du Capsien a montré qu'ils étaient étroitement liés aux populations nord-africaines actuelles habitant le Maghreb, la vallée du Nil, et les îles Canaries.
Compte tenu de l'horizon temporel et de l'extension géographique du Capsien, certains linguistes ont associé cette culture aux premiers locuteurs de langues afro-asiatiques présents en Afrique du Nord[15].
Génétique
Les différentes études génétiques sur les populations nord-africaines, menées depuis 2005, ont produit des résultats partiellement divergents mais qui affinent les anciennes hypothèses.
Ainsi au Paléolithique supérieur, selon une étude de , les Natoufiens, au Levant, et les Ibéromaurusiens, qui précédaient les Capsiens au Maghreb, auraient hérité d'un ADN commun provenant d'une population ayant vécu en Afrique du Nord ou au Proche-Orient il y a plus de 24 000 ans[16].
Et une autre étude de conclut que, plus tard au Néolithique, des fermiers venus de la péninsule ibérique, de l'aire culturelle cardiale, seraient venus en Afrique du Nord, contribuant au trois quarts de l'ascendance locale. Mais, cependant, entre 20 et 50 %du patrimoine génétique des Maghrébins modernes serait encore issu des Ibéromaurusiens[17].
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↑ a et b(en) Jacob Morales, Simone Mulazzani, Lotfi Belhouchet, Antoine Zazzo, Laura Berrio, Wassel Eddargach, Angela Cervi, Hamza Hamdi, Mohamed Saïdi, Alfredo Coppa et Leonor Peña-Chocarro, « First preliminary evidence for basketry and nut consumption in the Capsian culture (ca. 10,000–7500 BP) : Archaeobotanical data from new excavations at El Mekta, Tunisia », Journal of Anthropological Archaeology(en), vol. 37, , p. 128-139 (ISSN0278-4165, DOI10.1016/j.jaa.2014.12.005).
↑ a et bE.B., G. Camps, J.-P. Morel, G. Hanoteau, A. Letourneux, A. Nouschi, R. Fery, F. Demoulin, M.-C. Chamla, A. Louis, A. Ben Tanfous, S. Ben Baaziz, L. Soussi, D. Champault et M. Gast, « Alimentation », .
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↑(en) Simone Mulazzani, Lotfi Belhouchet, Laure Salanova, Nabiha Aouadi, Yosra Dridi, Wassel Eddargach, Jacob Morales, Olivier Tombret, Antoine Zazzo, Jamel Zoughlam, « The emergence of the Neolithic in North Africa : A new model for the Eastern Maghreb », Quaternary International, , p. 123-143.
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[Mulazzani 2013] Simone Mulazzani (dir.), Le Capsien de Hergla (Tunisie). Culture, Environnement et économie, Frankfurt-am-Main, éd. Africa Magna, coll. « Reports in African Archaeology » (no 4), , 439 p., sur books.google.fr (ISBN978-3-937248-36-3, présentation en ligne, lire en ligne).
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