Elle est traversée par la route d'Aboisso (autoroute A 100) qui la lie à Grand Bassam, en direction du sud-ouest, et à Aboisso, vers le nord-est. Elle se situe également à environ 50 km à l’est d’Abidjan.
Bonoua a pour quartiers périphériques Tchantchévè au nord-est, Samo à l'est, Kodjoboué au sud-est, Yaou au sud-ouest et Adihao à l'ouest.
Démographie
Évolution démographique
1975
1988
1998
2010
2021
17 421
21 154
31 875
42 271
118 388
Histoire
Bonoua, ou « ɔbɔlʋɔn » en langue Abouré, est un mot qui signifie « à l'orée de la forêt ». Le peuple abouré, natif du Ghana, serait venu à la suite d'une guerre fratricide. Bonoua est la plus grande ville Abouré, à la fois par la superficie et par la population. Elle est habitée par les Éhivès, un sous-groupe du peuple Abouré.
Bonoua s'est fait connaître par ses nombreuses plantations d'ananas – malgré un sévère déclin de cette culture[1] – ainsi que de palmiers et d'hévéa. L'une des traditions marquantes de cette ville est la célébration du Popo Carnaval, de réputation internationale (voir section ci-dessous).
Bonoua est aussi connue pour sa grande zone industrielle située à Samo, sur la route allant à Assinie, où est produite l'eau minérale Céleste. On y distingue des implantations de la Nouvelle Brasserie de Côte d'Ivoire et de la Continental Beverage Company.
L'organisation sociale et politique des Abourés de Bonoua repose sur trois institutions : l'institution royale, les familles claniques, les générations et classes d'âge.
La royauté traditionnelle abouré
Bonoua est le siège de la cour royale abouré.
Cette monarchie coutumière est héréditaire en lignée matrilinéaire : la désignation du Roi des Abourés obéit à des critères de sélection fondés sur les naissances, l'intégrité morale et l'aptitude physique. En effet, le proposé au trône doit nécessairement appartenir au clan royal Ehivevle, jouir d'une bonne moralité et ne doit présenter aucun handicap physique et mental.
En tant que chef, le roi est garant de la tradition. Il lui revient de trancher les différends avec l'aide de ses notables.
L'actuel monarque succède à Nanan Ahore Aka François, 21e roi régnant à Bonoua[5], intronisé le , décédé en 2012[6] et inhumé seulement deux ans plus tard, en [7]. Auparavant, encore régnait Nanan Assiri Ossoun Maurice, décédé en 1998. Il était, avec Nanan Ayemou Elloh (1930-1939), l'un des deux rois intellectuels de Bonoua.
Les familles claniques
Le clan est constitué par un ensemble de familles. Chaque famille est symbolisée par un siège autour duquel elle se réunit et s'organise. Il existe autant de sièges que de familles qui constituent l'ensemble des clans. Les Abourés sont composés de neuf clans qui, souvent, ont été dispersés à cause des guerres que ces sociétés ont connues.
Aujourd'hui, seul Bonoua regroupe la totalité des clans qui se composent comme suit :
La génération est une promotion de classes d'âge. C'est l'ensemble des hommes ou des femmes qui ont été repartis en même temps, dans les classes d'âge et qui, de ce fait, ont reçu la même initiation.
La classe d'âge regroupe des individus appartenant à la même tranche d'âge, à l'intérieur d'une génération. Si, au sein des clans, les rapports sont hiérarchisés, dans les classes d'âge par contre, les membres sont tous égaux et se considèrent comme des camarades.
Le chef de génération est un véritable général de corps d'armée.
Il existe trois générations comprenant chacune quatre classes d'âge. Ce sont les générations M'ploussoué, Nnowé, Noudjou et les classes d'âge Attiblé, Bohoulé, Tchagba, Djamian :
la génération Nnowé est celle des sages ;
la génération Noudjou est celle qui exerce le pouvoir ;
la génération M'ploussoué est celle qui apprend l'exercice du pouvoir.
Il faut signaler que chaque génération cède ses fonctions à la génération cadette selon son degré de maturité :
la classe d'âge Attiblé : ses membres sont les plus âgés de la génération. De ce fait, ils sont les sages, les conseillers, les organisateurs de la société ;
la classe d'âge Bohoulé : ce sont les cadets, les guerriers, les défenseurs du pays Abouré ;
la classe d'âge Tchagba : les membres s'occupent du village, du social. Ils assurent la sécurité des vieux, des femmes et des enfants ;
la classe d'âge Djamian : ce sont les benjamins. Ils sont les réservistes en temps de guerre.
Manifestation culturelle célébrée chaque année à Bonoua, le Popo Carnaval tire ses origines dans les modifications que les jeunes abouré de Bonoua apportèrent à la fête annuelle des ignames[8]. Ainsi, en 1946, ils innovèrent en organisant le « Popo » (qui signifie « masque » en langue abouré). Cette tradition était, autrefois, un jeu instauré par les anciens dans le but d'effrayer les enfants dit têtus, par des masques qui datent d'il y a des siècles, mais cette tradition a aujourd'hui évolué en réunissant le plus grand nombre. Beaucoup plus tard, les jeunes gens devenus adultes baptisèrent la fête du nom de « Popo Carnaval », en y introduisant l’aspect moderne (carnaval) sous la forme d’un défilé de chars.
Depuis 1972, l’organisation de cette fête s’inscrit dans les mœurs des Abouré qui, chaque année, pendant la période de Pâques (avril), se retrouvent pour se réjouir dans une même liesse populaire.
Le « Popo Carnaval » qui commence un samedi, s’ouvre par une semaine commerciale accompagnée d’animations (match de football, représentations théâtrales, fanfare, danses folkloriques, etc.), suivies d’un défilé d’hommes masqués, ponctué de danses et de scènes burlesques.
La matinée du dimanche est consacrée au culte ancestral et aux réunions familiales. L’après-midi commence par un défilé au cours duquel ont lieu des manifestations coutumières du pays Abouré (présentation de filles pubères, accompagnement d’une épouse chez son mari, cérémonie de naissance, etc.). Il se poursuit enfin par des défilés de majorettes, de chars magnifiquement décorés et de danses folkloriques sur la grande place dite place du « Popo ». Le carnaval prend fin par un grand bal masqué.
Infrastructures et patrimoine
Centre du culte marial
L'église catholique Notre-Dame-de-la-Garde de Bonoua, centre de pèlerinage marial rattaché au diocèse de Grand-Bassam, a été construite en 2002 par la Congrégation des fils de la Divine providence de Don Orione[9]. Elle a le statut de grand sanctuaire marial national, au même rang que Notre-Dame d’Afrique Mère-de-Toutes-Grâces d’Abidjan-Attécoubé, Notre-Dame de la Délivrance d’Issia dans le diocèse de Daloa, la Divine Miséricorde de Raviart dans le diocèse de Yamoussoukro[10].
Établissements scolaires
Lycée moderne de Bonoua 1 ;
Lycée municipal de Bonoua 2 ;
Collège Sainte-Rita de Bonoua ;
Collège Christ-Roi de Bonoua ;
Collège Éhivet de Bonoua ;
Groupe scolaire Emmanuel de Bonoua ;
Groupe scolaire Israël de Bonoua ;
Groupe scolaire Marie-Ecarée ;
Groupe scolaire Éléphant de Yaou ;
Groupe scolaire Jésus-Marie.
Parc M'ploussoué
Le parc M'ploussoué est un complexe socio-culturel de 16 hectares conçu pour abriter le patrimoine culturel et le patrimoine naturel de Bonoua[11],[12]. C'est une institution multi-fonctionnelle qui sert de cadre à diverses manifestations comme les réunions, les visites touristiques, les retraites spirituelles dans les églises, les conférences, les spectacles, les déjeuners et le grand carnaval.
Il comprend des espaces couverts et non couverts composés par :
un musée, avec quatre salles d'exposition permanentes construites sous la forme de l'habitat traditionnel local. Ce musée présente des aspects de la vie du peuple Abouré[12] à travers ses collections d'instruments traditionnels de travail, de statuettes, d'objets usuels, d'insignes de pouvoir, de chaises familiales, etc. ;
un théâtre de plein air construit sous la forme d'un amphithéâtre d'une capacité de deux mille places ;
une salle de conférence qui est un bâtiment couvert mais ouvert sur tous les côtés. Sa superficie est de 500 m2 ;
un bar restaurant couvert d'une toiture qui bénéficie d'un patio et ouvert sur tous les côtés ;
un centre artisanal pas encore fonctionnel ;
un jardin botanique[12] qui s'étend sur trois quarts de la superficie du parc M'ploussoué. De ce jardin, vingt cinq espèces végétales ont été identifiées et regroupées en seize familles. Une étude de quelques essences permet d'apporter des informations sur le nom en langue locale, le genre, l'espèce, la famille, les utilisations ;