Selon les sources et le contexte, on observe de nombreuses variantes : Baakpe, Bakouiri, Bakpwe, Bakwedi, Bakwele, Bakweris, Bakwiri, Ba-Kwiri, Bekwiri, Kpe, Kwedi, Kweli, Kwili, Kwiri, Kwiris, Makpe, Mokpe, Mokpwe, Ujuwa, Vakpe, Vakweli, Vambeng[3]
Histoire
Premiers mouvements de population
Selon les traditions orales des Bakweri, ils sont originaires du pays Ibibio, la région située au sud-ouest du Mont Cameroun[4]. Les Bakweri ont probablement migré vers leur habitat actuel à l'est de la montagne au milieu du XVIIIe siècle. Depuis les contreforts, ils se sont progressivement répandus vers la côte, et en remontant la rivière Moungo et les différentes criques qui s'y jettent. Une tradition rivale Bakweri dit qu'ils descendent de Mokuri ou Mokule, un frère de l'ancêtre Ewale des Douala, qui a migré vers la région du Mont Cameroun pour la chasse[5]. En outre, quelques villages isolés, tels que Maumu et Bojongo, revendiquent une autre descendance et peuvent représenter des groupes antérieurs que les Bakweri en expansion ont absorbés[6].
Contacts européens
Les commerçants portugais ont atteint la côte camerounaise en 1472. Au cours des décennies suivantes, d'autres aventuriers sont venus explorer l'estuaire et les rivières qui l'alimentent, et établir des comptoirs commerciaux. Les Bakweri fournissaient des matériaux aux tribus côtières, qui jouaient le rôle d'intermédiaires.
Colonisation allemande
L'Allemagne a annexé le Cameroun en 1884. En 1891, le clan Gbea Bakweri s'est soulevé pour défendre son système judiciaire traditionnel lorsque les Allemands lui ont interdit de recourir à un procès par l'épreuve du poison pour déterminer si un récent converti chrétien était en fait une sorcière. Cette révolte a été étouffée par la destruction de Buéa en décembre 1894 et la mort du chef Kuv'a Likenye.
Les Allemands gouvernent d'abord depuis Douala, qu'ils appellent Kamerunstadt, mais ils déplacent leur capitale vers la colonie Bakweri de Buéa en 1901. La principale activité des colons était l'établissement de plantations de bananes dans la région fertile du Mont Cameroun. Les Bakweri ont été impressionnés pour les travailler, mais leur récalcitrance et leur faible population ont conduit les coloniaux à encourager les peuples de l'intérieur des terres, comme les Bamilékés, à se déplacer vers la côte. En outre, le trafic maritime constant le long de la côte permettait aux individus de se déplacer d'une plantation ou d'une ville à l'autre à la recherche de travail.
Les nouveaux colonisateurs maintiennent les politiques allemandes d'éviction des souverains non coopératifs et d'impression des travailleurs pour les plantations[7], mais les individus peuvent choisir de payer une amende pour éviter le travail, ce qui entraîne une pénurie de travailleurs issus des régions les plus riches. Les Britanniques encouragent donc à nouveau les gens de l'intérieur à se rendre sur la côte pour travailler dans les plantations. De nombreux Igbo du Nigeria sont arrivés dans la région, et les nouveaux arrivants sont devenus numériquement et économiquement dominants au fil du temps. Cela a entraîné des tensions ethniques avec les indigènes. L'expropriation des terres était un autre problème, rencontré notamment en 1946.
Un Bakweri, le Dr E. M. L. Endeley, a été le premier Premier ministre du Cameroun méridional de 1954 à 1959. Il a conduit d'autres parlementaires du Cameroun méridional à faire sécession de la Chambre d'assemblée de l'Est du Nigeria en 1954[8].
Langues
Les Bakweri parlent le bakweri (ou mòkpè), une langue bantoue, dont le nombre de locuteurs au Cameroun était estimé à 32 000 en 1982[1]. Le pidgin camerounais et le douala sont aussi très utilisés.
Culture et société
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↑(en) Mark Dike DeLancey, Rebecca Mbuh, Mark W. Delancey, « Bakweri », in Historical Dictionary of the Republic of Cameroon, Scarecrow Press, 2010 (4e éd.), p. 54-55 (ISBN9780810873995)
(en) Joanna Edwards Ambaye, « The Kpe : Bambuko and Bakweri », in Bibliographic surveys of African peoples, Department of Fine Arts, Indiana University, Bloomington, 1981, vol. 2, pages 7-8
(en) Edwin Ardener, « Kingdom on Mount Cameroon : the Bakweri and the Europeans », in Shirley Ardener (dir.), Kingdom on Mount Cameroon : studies in the history of the Cameroon Coast, 1500-1970, Berghahn Books, Providence, 1996, p. 41-150 (écrit en 1969)
(en) Edwin Ardener, « Bakweri fertility and marriage », in Shirley Ardener (dir.), op. cit., p. 227-242 (texte d'une conférence de 1958)
(en) Edwin Ardener, « The Bakweri elephant dance », in Shirley Ardener (dir.), op. cit., p. 227-242 (d'abord publié dans Nigeria (Lagos), n° 60, 1959)
(en) Daniel Lyonga Matute, The socio-cultural legacies of the Bakweris of Cameroon, The Publishing and Production Centre for Teaching and Research, Yaoundé, 1988, 66 p.
(en) Renaud Paulian, « Bakwirian tales of the bush », Folk-Lore (Londres), vol. 51, , p. 213-219
G. Courade, « Marginalité volontaire ou imposée? Le cas des Bakweri (Kpe) du mont Cameroun », Cahiers de l’ORSTOM, Série Sciences humaines, 1981, vol. 18, n° 3, p. 357-388
Michel Damon, Les états dépressifs en pays Bakweri, Université de Franche-Comté, Faculté de médecine et de pharmacie, 1981, 57 p. (thèse)
Filmographie
(en) Kuva Likenye, documentaire historique réalisé par Kome Epule Mathias et produit par AFRICAphonie, 2008, 30 min (les exploits de Kuva Likenye, un héros de la résistance Bakweri contre la colonisation allemande)