Leur nom vient du latinarmilla signifiant bracelet ou collier – armille en français. Il fait ici référence à leur anneau engainant caractéristique, dit armille (A. tabescens et A. ectypa, clitocybes intégrés dans ce genre, en sont dépourvus), que l'on retrouve aussi chez les cystodermes[2].
Classification phylogénétique
Jusqu'en 1970, on considérait que l'espèce Armillaria mellea (l'armillaire couleur de miel) était polymorphe.
Armillaria mellea sensu lato en cinq clades
On savait, depuis 1980, que certaines espèces en provenance d'Europe étaient interfertiles avec certaines espèces de l'Amérique du Nord[3] ; peu après, la phylogénétique a permis de distinguer neuf clades en Amérique du Nord et de nouvelles espèces, dont cinq européennes – Armillaria mellea, Armillaria borealis, Armillaria bulbosa (synonyme d' Armillaria gallica), Armillaria cepistipes et Armillaria solidipes (synonyme d' Armillaria ostoyae) : elles sont appelées EBS[4] et classées de A à E[5].
Les Armillaires présentent des sporophores généralement cespiteux (en troupes ou en touffes plus denses), aux chapeaux charnus généralement jaune-brun, un peu collants au toucher lorsqu'ils sont humides. Ils sont presque toujours ornés de squames qui restent sur le disque à maturité. Le pied est central, fibreux-charnu, fistuleux à creux, recouvert de traces de voile floculeux-membraneux, et portant une armille, anneau qui peut être fragile ou fugace (proie des limaces ou des intempéries). Les lames sont adnées, semi-décurrentes ou décurrentes. La sporée est blanche à crème[11],[12].
Écologie
Les Armillaires se développent sur le bois vivant (champignons parasites) ou mort (champignons saprotrophes). À la différence de nombreux champignons qui ne s'attaquent qu'au bois mort, c'est aussi un parasite de faiblesse qui peut envahir les tissus d'arbres malades ou affaiblis par un stress hydrique grave, des blessures, une brûlure par la foudre, fente de gel, décollement de l'écorce dû au balancement de l'arbre dans une forte tempête, etc.
Avant d'être visible par ses carpophores, ce champignon produit parfois au niveau du collet, entre l'écorce et le bois, un mycélium sous-cortical très caractéristique prenant la forme d'une peau élastique, douce et très solide, à légère odeur de champignon, qui ressemble très fortement en couleur et en texture à une « peau de chamois »[17].
Industrie du bois
Plusieurs espèces d'armillaires sont responsables d'une pourriture racinaire des arbres et arbustes (plus rarement des plantes herbacées vivaces), le pourridié-agaric, pouvant entraîner le dépérissement de rameaux et de branches. Agents de la pourriture blanche du bois, ils infectent les plantes ligneuses grâce à la propagation de leurs rhizomorphes (dont la croissance peut atteindre un mètre par an) qui s'étalent dans le sol à la recherche de ressources nutritionnelles et rencontrent des racines saines[18]. Ils représentent, depuis les débuts de la pathologie forestière à la fin du XIXe siècle, un groupe très important de parasites à considérer en raison de leur impact[19].
Le développement de l'armillaire rend le bois impropre au sciage, car il crée des zones de fragilité. En stockage humide l'armilaire arrive quelquefois à se développer en dépit de toutes les précautions[20]. Ainsi des stocks de chablis de pins maritimes, stockés sous arrosage après la tempête de 2009 en Aquitaine, ont été attaqués par l'armillaire et n'ont pu être valorisés en sciage. Par contre, la présence du champignon n'a pas altéré la possibilité de les valoriser en papèterie.
↑Jean-Jacques Guillaumin, L'armillaire et le pourridié-agaric des végétaux ligneux, éditions Quae, , p. 26.
↑(en) James B. Anderson, Kari Korhonen et Robert C. Ullrich, « Relationships between European and North American biological species of Armillaria mellea », Experimental Mycology, vol. 4, no 1, , p. 78–86
↑(en) J. A. Bérubé et M. Dessureault, « Morphological Studies of the Armillaria mellea Complex: Two New Species, A. gemina and A. calvescens », Mycologia, vol. 81, no 2, , p. 216-225
↑(en) JY Cha, JM. Sung et T. Igarashi, « Biological species and morphological characteristics of Armillaria mellea complex in Hokkaido: A. sinapina and two new species, A. jezoensis and A. singula. », Mycoscience, vol. 35, no 1, , p. 39-47
↑NABS I = Armillaria solidipes Peck (=Armillaria ostoyae (Romagn.) Herink), NABS II = Armillaria gemina Bérubé et Dessureault, NABS III = Armillaria calvescens Bérubé et Dessureault, NABS (IV) V = Armillaria sinapina Bérubé et Dessureault, NABS VI (VIII) = Armillaria mellea (Vahl: Fries) Kummer, NABS VII = Armillaria gallica Marxmüller et Romagnesi (=Armillaria bulbosa (Barla) Kile et Watling or Armillaria lutea Gillet), NABS IX = Armillaria nabsnona Volk et Burdsall, NABS X n'a pas encore de nom, NABS XI = Armillaria cepistipes Velenosky, et Armillaria tabescens (anciennement Clitocybe tabescens (Scop.) Bres)
↑(en) M-S Kim, NB Klopfenstein, JW Hanna et GI. McDonald, « Characterization of North American Armillaria species: genetic relationships determined by ribosomal DNA sequences and AFLP markers », Forest Pathology, vol. 36, no 3, , p. 145–64 (lire en ligne)
↑Jean-Jacques Guillaumin, L'armillaire et le pourridié-agaric des végétaux ligneux, éditions Quae, , p. 40
↑(en) D.N. Pegler, « Taxonomy, nomenclature and description of Armillaria », dans Roland T.V. Fox, Armillaria Root Rot: Biology and Control of Honey Fungus, Intercept, , p. 81-93
↑(en) Joo Young Cha Tsuneo Igarashi, « Armillaria jezoensis, a new symbiont of Galeola septentrionalis (Orchidaceae) in Hokkaido », Mycoscience, vol. 37, no 1, , p. 21-24 (DOI10.1007/BF02461451).
↑Zernez, « L’impressionnant champignon vieux de mille ans », Le Temps, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) James B Anderson, Johann N Bruhn, Dahlia Kasimer, Hao Wang, Nicolas Rodrigue, Myron L Smith, « Clonal evolution and genome stability in a 2,500-year-old fungal individual », BioRxiv, (DOI10.1101/377234, lire en ligne).
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