L'approximation de Boussinesq en mécanique des fluides désigne une approximation des équations de Navier-Stokes pour des écoulements incompressibles à surface libre dans lesquels existe un gradient de masse volumique vertical entraînant l'absence d'équilibre hydrostatique . Ce type de méthode a été introduite en 1877 par Joseph Boussinesq , professeur de mécanique à l'Université de Lille et à l'Institut industriel du Nord (École centrale de Lille )[ 1] .
Cette approximation est à la base de nombreux développements, par exemple les écoulements rapidement variés [ 2] (par exemple un déversoir de canal), la circulation océanique et les problèmes d'ondes à la surface des océans lorsque celui-ci est stratifié[ 3] , certains mouvements dans l'atmosphère associés à une variation de température comme les vents catabatiques et les problèmes de convection libre[ 4] .
Les problèmes où l'équilibre hydrostatique est conservé (écoulements en eau peu profonde) relèvent des équations de Barré de Saint-Venant .
Équations de Navier-Stokes pour une masse volumique variable
On suppose que le milieu présente de faibles variations de température T. Par suite les variations de masse volumique ρ autour de la valeur nominale ρ0 sont également faibles. De plus on peut confondre les capacités thermiques massiques à volume constant CV et à pression constante Cp et supposer ces valeurs indépendantes de la température, de même que la conductivité thermique.
Avec ces hypothèses les équations de Navier-Stokes s'écrivent :
D
ρ ρ -->
D
t
+
ρ ρ -->
∇ ∇ -->
⋅ ⋅ -->
V
=
0
{\displaystyle {\frac {D\rho }{Dt}}+\rho \mathbf {\nabla } \cdot \mathbf {V} =0}
conservation de la quantité de mouvement
ρ ρ -->
D
V
D
t
=
− − -->
∇ ∇ -->
p
+
μ μ -->
∇ ∇ -->
2
V
+
ρ ρ -->
g
{\displaystyle \rho {\frac {D\mathbf {V} }{Dt}}=-\mathbf {\nabla } p+\mu \nabla ^{2}\mathbf {V} +\rho \mathbf {g} }
∂ ∂ -->
T
∂ ∂ -->
t
+
V
⋅ ⋅ -->
∇ ∇ -->
T
− − -->
β β -->
∇ ∇ -->
2
T
=
0
,
β β -->
=
λ λ -->
ρ ρ -->
C
p
{\displaystyle {\dfrac {\partial T}{\partial t}}+\mathbf {V} \cdot \mathbf {\nabla } T-\beta \,\nabla ^{2}T=0\,,\;\;\;\;\;\beta ={\frac {\lambda }{\rho C_{p}}}}
où p est la pression, μ la viscosité dynamique du fluide, V la vitesse, g la gravité, λ la conductivité thermique et β la diffusivité thermique .
Approximation de Boussinesq
Équation de continuité
Supposons une variation de masse volumique δρ crée par un phénomène quelconque
ρ ρ -->
=
ρ ρ -->
0
+
δ δ -->
ρ ρ -->
{\displaystyle \rho =\rho _{0}+\delta \rho }
L'équation de continuité devient
0
=
D
D
t
(
ρ ρ -->
0
+
δ δ -->
ρ ρ -->
)
+
(
ρ ρ -->
0
+
δ δ -->
ρ ρ -->
)
∇ ∇ -->
⋅ ⋅ -->
V
=
D
D
t
δ δ -->
ρ ρ -->
+
δ δ -->
ρ ρ -->
∇ ∇ -->
⋅ ⋅ -->
V
⏟ ⏟ -->
=
0
+
ρ ρ -->
0
∇ ∇ -->
⋅ ⋅ -->
V
{\displaystyle {\begin{array}{lcl}0&=&{\frac {D}{Dt}}(\rho _{0}+\delta \rho )+(\rho _{0}+\delta \rho )\mathbf {\nabla } \cdot \mathbf {V} \\[0.6em]&=&\underbrace {{\frac {D}{Dt}}\delta \rho +\delta \rho \,\mathbf {\nabla } \cdot \mathbf {V} } _{=0}+\rho _{0}\mathbf {\nabla } \cdot \mathbf {V} \end{array}}}
soit, comme pour un milieu à masse volumique constante
∇ ∇ -->
⋅ ⋅ -->
V
=
0
{\displaystyle \mathbf {\nabla } \cdot \mathbf {V} =0}
Équation de quantité de mouvement
Pour l'équation de quantité de mouvement on suppose une faible variation de masse volumique
|
δ δ -->
ρ ρ -->
|
≪ ≪ -->
ρ ρ -->
0
{\displaystyle |\delta \rho |\ll \rho _{0}}
alors
ρ ρ -->
0
D
V
D
t
=
− − -->
∇ ∇ -->
p
+
μ μ -->
∇ ∇ -->
2
V
+
ρ ρ -->
g
{\displaystyle \rho _{0}{\frac {D\mathbf {V} }{Dt}}=-\mathbf {\nabla } p+\mu \nabla ^{2}\mathbf {V} +\rho \mathbf {g} }
Par ailleurs g dérive d'un potentiel (par exemple Φ = g z à l'échelle du laboratoire)
g
=
− − -->
∇ ∇ -->
ϕ ϕ -->
{\displaystyle \mathbf {g} =-\nabla \phi }
donc
− − -->
∇ ∇ -->
p
+
ρ ρ -->
g
=
− − -->
∇ ∇ -->
(
p
+
ρ ρ -->
0
ϕ ϕ -->
)
+
g
δ δ -->
ρ ρ -->
{\displaystyle -\nabla p+\rho \mathbf {g} =-\nabla (p+\rho _{0}\phi )+\mathbf {g} \delta \rho }
La variation de masse volumique est elle-même reliée à la variation de température par
δ δ -->
ρ ρ -->
=
− − -->
α α -->
ρ ρ -->
0
δ δ -->
T
{\displaystyle \delta \rho =-\alpha \rho _{0}\delta T}
où α est le coefficient de dilatation thermique .
Soit finalement
ρ ρ -->
0
D
V
D
t
=
− − -->
∇ ∇ -->
(
p
+
ρ ρ -->
0
ϕ ϕ -->
)
+
μ μ -->
∇ ∇ -->
2
V
+
ρ ρ -->
0
f
{\displaystyle \rho _{0}{\frac {D\mathbf {V} }{Dt}}=-\nabla (p+\rho _{0}\phi )+\mu \nabla ^{2}\mathbf {V} +\rho _{0}\mathbf {f} }
où on a introduit la flottabilité
f
=
− − -->
g
α α -->
δ δ -->
T
{\displaystyle \mathbf {f} =-\mathbf {g} \alpha \,\delta T}
Équation de l'énergie
On écrit
T
=
T
0
+
δ δ -->
T
{\displaystyle T=T_{0}+\delta T}
Cette expression est portée dans l'équation de l'énergie
∂ ∂ -->
T
0
∂ ∂ -->
t
+
V
⋅ ⋅ -->
∇ ∇ -->
T
0
+
β β -->
∇ ∇ -->
2
T
0
⏟ ⏟ -->
=
0
+
∂ ∂ -->
δ δ -->
T
∂ ∂ -->
t
+
V
⋅ ⋅ -->
∇ ∇ -->
δ δ -->
T
+
β β -->
∇ ∇ -->
2
δ δ -->
T
=
0
{\displaystyle \underbrace {{\dfrac {\partial T_{0}}{\partial t}}+\mathbf {V} \cdot \mathbf {\nabla } T_{0}+\beta \,\nabla ^{2}T_{0}} _{=0}+{\dfrac {\partial \delta T}{\partial t}}+\mathbf {V} \cdot \mathbf {\nabla } \delta T+\beta \,\nabla ^{2}\delta T=0}
Donc une équation sur la variation de température identique à celle sur la température elle-même.
Références
↑ J. Boussinesq , « Essai sur la théorie des eaux courantes », Comptes rendus de l'Académie des Sciences , vol. 23, 1877 , p. 1-680 (lire en ligne )
↑ (en) Oscar Castro-Orgaz et Willi H. Hager, Non-Hydrostatic Free Surface Flows , Cham, Springer , 2017 , 690 p. (ISBN 978-3-319-47969-9 , BNF 45566508 , lire en ligne )
↑ (en) Geoffrey K. Vallis, Atmospheric and Oceanic Fluid Dynamics , Cambridge University Press , 2017 (ISBN 978-1-1075-8841-7 )
↑ (en) D. J. Tritton, Physical Fluid Dynamics , Clarendon Press , 1988 (ISBN 978-0-19-854493-7 )
Voir aussi