Après avoir étudié l'art à New York, elle s'installe à Paris où elle étudie l'art moderne, notamment le fauvisme et le cubisme, et devient membre d'un cercle comprenant Gertrude Stein, Henri Matisse et Pablo Picasso. Elle était membre d'un groupe d'artistes qui s'appelait Académie Moderne et qui organisait des expositions annuelles.
De retour aux États-Unis, elle expose, avec d'autres artistes modernes comme Mary Cassatt, Vincent Van Gogh, Edgar Degas et Claude Monet, à l'Armory Show de New York en 1913. Installée dans cette ville, elle passe les étés avec sa famille à Montgomery.
Elle a enseigné à l'Art Students League de New York pendant 23 ans et pendant les étés, elle était instructrice à la Dixie Art Colony(en). Depuis son retour de Paris, elle accepte des commandes d'œuvres d'art et expose ses peintures à New York.
Elle est devenue connue dans le Sud des États-Unis pour ses scènes de la vie rurale afro-américaine post-esclavagiste. Elle est l'organisatrice de l'Exposition de peinture et de sculpture de femmes artistes de 1915 au profit de la campagne pour le suffrage des femmes, pour laquelle elle a créé des œuvres.
Biographie
Origines, famille, enfance et études
Anne Wilson Goldthwaite naît à Montgomery, en Alabama, le . Son père, Richard W. Goldthwaite, a servi comme capitaine d'artillerie pour la Confédération pendant la guerre civile. Il est le fils du sénateur de l'Alabama George Goldthwaite(en). Sa famille déménage à Dallas, au Texas, et y reste pendant la majeure partie de son enfance, pendant que son père cherche du travail[3].
À la mort de ses parents, Goldthwaite et ses deux sœurs retournent en Alabama pour être prises en charge par divers membres de la famille. Sa tante la présente à son entourage comme une jeune débutante prometteuse destinée à devenir une Belle du Sud. Cela change après que son fiancé est tué lors d'un duel. Quand il lui rend visite en Alabama, son oncle Henry Goldthwaite est impressionné par ses talents de dessinatrice et de peintre. Pour lui remonter le moral, il lui propose alors de la soutenir financièrement pendant dix ans si elle déménage à New York pour étudier l'art. Goldthwaite arrive à New York vers 1898 et s'inscrit à la National Academy of Design, où elle étudie la gravure avec Charles Frederick William Mielatz et la peinture avec Walter Shirlaw[4],[5].
Carrière
Débuts à Paris
En 1906, Anne Goldthwaite se rend à Paris, où elle vit à l'American Girls' Club et explore son intérêt pour les styles de peinture modernes du fauvisme et du cubisme[3],[5]. Elle rencontre Gertrude Stein alors qu'elle dessine dans les jardins du Luxembourg. Selon Charlotte Rubinstein dans American Women Artists, Goldthwaite explique que Stein « ressemblait à un immense œuf brun foncé. Elle portait, enroulée autour d'elle, un vêtement marron semblable à un kimono et un grand chapeau noir plat, et se tenait debout sur des pieds recouverts de larges sandales »[4]. Stein invite Goldthwaite à visiter sa maison, mais elle hésite en raison de l'apparence « minable » de Stein. Mais Goldthwaite prend rapidement conscience de la présence de Stein dans le monde de l'art lorsqu'elle découvre la vaste collection de peintures contemporaines accrochées aux murs de son appartement[4].
Sa rencontre avec l'une des personnalités d'avant-garde d'avant-guerre les plus influentes de l'époque donne à Goldthwaite l'occasion de rejoindre le cercle artistique d'Henri Matisse et de Pablo Picasso. Elle déclare plus tard : « Le destin m'a donné plusieurs années à Paris à l'époque la plus passionnante : pendant la grande reconstruction de l'art vers l'art moderne. » Pendant son séjour à Paris, Goldthwaite erre dans différents ateliers pour tenter de trouver le bon professeur. Après bien des difficultés, elle rejoint un petit groupe de jeunes artistes qui travaillent au 86 rue Notre-Dame-des-Champs. Leur travail est périodiquement critiqué par Charles Guérin, disciple de Cézanne. Le groupe s'appelle l'Académie Moderne et organise une exposition chaque printemps[3].
Retour aux États-Unis
Anne Goldthwaite retourne aux États-Unis et contribue à l'introduction du modernisme européen à l'Armory Show de New York en 1913. Elle expose The Church on the Hill (L'Église sur la colline, 1910-1911) lors de cette exposition historique, aux côtés d'artistes de renom tels que Mary Cassatt, Vincent Van Gogh, Edgar Degas, Claude Monet et d'autres[6],[7]. Lors de l'exposition, Goldthwaite rencontre l'artiste Katherine Dreier, qui reste une amie toute sa vie[4].
En 1915, Goldthwaite commence à établir un programme de travail régulier composé de neuf mois à New York suivis de l'été passé avec sa famille à Montgomery. Elle commence à peindre des portraits soigneusement rendus de ses amis et de sa famille, notamment de sa sœur Lucy, du peintre Rico Lebrun et de son premier marchand new-yorkais, Joseph Brummer. Beaucoup de ses modèles sont d’autres femmes artistes : Katherine Dreier, suffragiste et cofondatrice de l'organisation Société Anonyme, la future première dame et élève de l'Art Students LeagueEllen Axson Wilson et la portraitiste et future directrice du Montgomery Museum of Fine Arts Frances Greene Nix[œ 1] sont toutes des modèles pour Goldthwaite[8].
L'œuvre de Goldthwaite est présenté à Edith Halpert(en), qui se concentre sur la présentation du travail des modernistes américains. Anne a droit à plusieurs expositions personnelles dans sa galerie du centre-ville de New York[3]. De 1922 à 1944, elle enseigne et reçoit des commandes depuis sa résidence à New York. Elle concourt à l'épreuve de peinture du concours d'art aux Jeux olympiques d'été de 1932, à Los Angeles[9].
Activisme
Anne Goldthwaite est très active comme défenseure de l'égalité des droits et des droits des femmes. Elle s'implique activement dans des groupes de femmes et se bat aussi pour l'égalité des minorités ethniques dans le Sud des États-Unis. Son travail d'activiste et celui d'artiste se croisent à plusieurs reprises, notamment lors de l'Exhibition of Painting and Sculpture by Women Artists for the Benefit of the Woman Suffrage Campaign (Exposition de peinture et de sculpture de femmes artistes au profit de la campagne pour le suffrage des femmes) de 1915, qu'elle co-organise, et lors du déploiement d'une bannière pour le suffrage de sa propre conception lors d'un match de baseball des Giants de New York en 1916[5].
Dans une interview radiophonique de 1934, Goldthwaite donne son point de vue sur l'œuvre des femmes artistes, en faisant remarquer : « Le meilleur éloge que les femmes aient pu obtenir jusqu’à présent est de dire qu’elles peignent comme un homme. Mais il est à la fois évident et logique que les femmes aient une place valable en tant que femmes artistes. [...] Nous voulons nous adresser à [...] un public qui demande simplement : est-ce que c’est bien, non ? est-ce que c’est fait par une femme[8]. »
Dernières années
Anne Goldthwaite meurt le à New York[10]. Ses funérailles et son enterrement ont eu lieu dans sa ville natale de Montgomery[11].
↑(en) Margaret Lynn Ausfeld, The Grove encyclopedia of American art, Oxford, Oxford University Press, , 348–350 p. (ISBN9780195335798), « Goldthwaite, Anne ».
↑(en) 1913 Armory Show 50th Anniversary Exhibition 1963 organized by Munson-Williams-Proctor Arts Institute, sponsored by the Henry Street Settlement, New York City, Library of Congress, Utica, 1963.
↑(en) « Anne Wilson Goldthwaite », sur dixieartcolony.org, Dixie Art Colony Foundation (consulté le ).
↑ a et b(en) Lynne Blackman et Johnson Collection, Central to their lives : Southern women artists in the Johnson Collection, Columbia (South Carolina), University of South Carolina Press, (ISBN978-1-61117-955-2, OCLC1022076481).
(en) Adelyn Dohme Breeskin, Anne Goldthwaite : a catalogue raisonné of the graphic work, Montgomery (Alabama), Montgomery Museum of Fine Arts, (ISBN0-89280-019-4, OCLC8409707, lire en ligne).
(en) Joseph Brummer, Paintings and Etchings by Anne Goldthwaite (cat. exp.), New York, Brummer Gallery, (lire en ligne).
(en) Anita Price Davis et Jimmy S. Emerson, New Deal Art in Alabama : The Murals, Sculptures, and Other Works, and Their Creators, Jefferson (NC), McFarland & Company, .
(en) A. D. Defries, « Anne Goldthwaite as a Portrait Painter », International Studio, vol. 59, no 233, , p. 3–5.
(en) M. C. Dennison, « Babies for Suffrage: The Exhibition of Painting and Sculpture by Women Artists for the Benefit of the Woman Suffrage Campaign », Woman’s Art Journal, vol. 24, no 2, , p. 24–30.
(en) M. Knoedleret al., Memorial Exhibition, Anne Goldthwaite, New York, M. Knoedler, .
(en) Jeanette M. Smith, « Yellow Calla Lilies », The Art of JAMA, vol. 310, no 17, , p. 1774-1775 (DOI10.1001/jama.2013.5392).
(en) Catalogue of an Exhibition of Paintings, Watercolors and Etchings by Anne Goldthwaite, October 23-November 13, 1915. With an Introduction by Martin Birnbaum, New York, Berlin Photographic Company, (lire en ligne).
(en) « A Modern Painter with a Strong Sense of Style », The New York Times, , p. 21.