L'église Saint-Paul-des-Champs est une ancienne église de Paris, qui était située dans le 4e arrondissement aux nos 30-32 de la rue Saint-Paul, à l'angle de l'actuelle rue Neuve-Saint-Pierre.
La chapelle bâtie au VIIe siècle du cimetière du monastère Saint-Martial, couvent de femmes établi sur l'île de la Cité, est remplacée par une église qui devient paroissiale en 1125. Saint-Paul devient paroisse royale au XIVe siècle à proximité des résidences royales de l'hôtel Saint-Paul et de l'hôtel des Tournelles.
Après la démolition de l'église de 1796 à 1799, une nouvelle paroisse est constituée au début du XIXe siècle, à laquelle est affectée l'église de l'ancienne maison professe des Jésuites (église Saint-Louis-des-Jésuites de Paris) qui prend le double vocable d'église Saint-Paul-Saint-Louis.
L'origine de l’église Saint-Paul remonte au règne du roi des Francs Dagobert Ier durant lequel l'orfèvre et trésorier du roi, le futur évêque Éloi de Noyon (v. 588-660) fonde sur l'île de la Cité, en 631[1] ou vers 632[2],[3], le monastère Saint-Martial (aussi appelé monastère Sainte Aure, puis monastère Saint-Éloi) placé sous la règle de saint Colomban et désigne Aure de Paris (?-666) comme première mère supérieure, puis comme abbesse[1]. Le roi Dagobert dote ce monastère, implanté au cœur de la cité, de terrains de culture — couture en ancien français — situés hors de la ville, entre la rive droite de la Seine et l'ancienne voie romaine, parallèle à la Seine, menant de Paris à Meaux (actuelle rue Saint-Antoine) qui traversait une étendue marécageuse inondable (emplacement de l'actuel quartier du Marais) d'où émergeaient quelques « monceaux » ou buttes insubmersibles sur lesquelles était déjà implantée l'église Saint-Gervais-Saint-Protais[4].
Les moniales de Saint-Martial se conformant à la vieille loi romaine de ne pas inhumer dans les villes[2], établissent leur cimetière à l'extrémité est de la butte non inondable du monceau Saint-Gervais avec une chapelle érigée vers 632-642. Ce premier édifice cultuel dédié dut son nom aux champs cultivés qui l'enserraient à l'époque de sa construction. La proximité de la Seine était favorable aux déplacements en barque entre le monastère et le cimetière et c'est par ce moyen que se faisaient les processions funèbres de la communauté. Une petite agglomération se forme autour de la chapelle et de la grange Saint-Éloi contigüe, au centre d'un domaine agricole, constituant un des premiers noyaux d'habitat de la rive droite, avec ceux constitués autour de l'église Saint-Gervais, de l'église Saint-Merri et sur le monceau de Saint-Germain-l'Auxerrois. Ce domaine était un fief comportant droit de haute justice sur les habitants du bourg avec un tribunal et une prison dans la grange Saint-Éloi et possédait des terres autour de la chapelle puis église Saint-Paul et également un vaste territoire dans une partie des actuels 11e et 12e arrondissement [5]. Aucun vestige de cette chapelle n'a été trouvé mais des sarcophages mérovingiens ont été découverts à proximité[6].
Une église, bâtie à une date inconnue, remplace l'ancienne chapelle et devient paroissiale en 1125. Un cimetière, une grange et une prison, annexe du tribunal de la justice seigneuriale, jouxtaient l'église. Le fief du monastère Saint-Éloi échoit aux religieux de Saint-Maur-des-Fossés en 1134 puis est rattaché en 1533 au domaine de l'évêque de Paris qui était à cette date abbé commendataire de l'abbaye de Saint-Maur. Aux XIVe siècle et XVe siècle, cette paroisse était celle des rois qui séjournaient à proximité à l'hôtel Saint-Pol et à l'hôtel des Tournelles. Charles VI y fut baptisé en 1368. Les rois Charles V et Charles VI financent sa remise en état. Elle est reconstruite en 1430-1431. Après le départ des Anglais, Charles VII y fait établir un vitrail représentant Jeanne d'Arc. L'édifice est remanié au niveau du chœur sous la direction de Jules-Hardouin Mansart à partir de 1684[7].
L'église est fermée en 1790[2]. Au terme de la sanglante journée insurrectionnelle du 10 août 1792, dix-neuf corps ramassés dans les rues sont inhumés le soir même au cimetière de Saint-Paul[2]. Parmi les vicaires de la paroisse Saint-Paul de Paris, cinq sont connus pour avoir refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé[8],[9],[10],[11],[12], dont l'un officiant à l'Institution des sourds-muets établie sur la paroisse. Qualifiés de « prêtres réfractaires », ils furent assassinés lors des massacres de Septembre, soit à la prison de l'Abbaye, soit à la prison des Carmes. Le pape Pie XI les béatifia le 17 octobre 1926. Une plaque fixée sur un pilier dans l'église Saint-Paul-Saint-Louis honore leur mémoire. La paroisse fut supprimée en 1793. Son église, saisie comme bien national, fut vendue en 1796 avec le cimetière Saint-Paul et la grange Saint-Éloi qui la jouxtaient à un marchand de bois qui la démolit pour récupérer les matériaux[2]. L’eglise a été utilisée comme salle de réunion puis de dépôt des carrosses royaux, saisis à Versailles, afin d’en récupérer les dorures et les métaux[13].
Un pan de mur de la tour-clocher, adossé au mur pignon de l'immeuble d'habitation no 32, et son horloge, de 1627, qui orne depuis 1802 la façade de l'église Saint-Paul-Saint-Louis, sont les seuls vestiges subsistants de l'ancienne église Saint-Paul[2].
Une nouvelle paroisse fut constituée au début du XIXe siècle, à laquelle fut attribuée l'église de l'ancienne maison professe des Jésuites (Saint-Louis des Jésuites de Paris, rue Saint-Antoine), construite au XVIIe siècle à proximité de l'église paroissiale Saint-Paul. En souvenir de cette dernière, disparue, elle prit le double vocable d'église Saint-Paul-Saint-Louis.
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Le cimetière paroissial Saint-Paul et son charnier se situaient derrière l'église Saint-Paul. C’était l'un des plus anciens et le plus grand cimetière de Paris après le cimetière des Innocents. Des centaines de milliers de personnes y furent enterrées du VIIe siècle à sa fermeture à la fin du XVIIIe siècle. La proximité de la Bastille amena à y enterrer les ossements des prisonniers découverts dans les cachots lors de la démolition de la forteresse en 1790.
Voir Cimetière Saint-Paul-des-Champs
L'Église paroissiale de Saint-Paul In : Jean-Baptiste de Saint-Victor : Tableau historique et pittoresque de Paris: depuis les Gaules jusqu'à nos jours. t. 2, seconde partie, Paris, chez Lesage, 1822, p. 926-951