L'amygdaline (du grec ancien ἀμυγδαλή amugdalê : amande) ou amygdaloside est un composé aromatique, de formule C20H27N1O11, appartenant à la classe des hétérosides cyanogènes. Sa partie ose est le gentiobiose et sa partie aglycone est le mandélonitrile, la cyanhydrine du benzaldéhyde. Ce composé chimique naturel toxique est célèbre pour être promu comme un remède contre le cancer, et souvent référencé de manière erronée comme vitamine B17, qui n'existe pas en réalité[2].
Il s'agit d'une substance toxique présente dans de nombreuses espèces végétales, et qui se transforme en cyanure d'hydrogène après ingestion, sous l'action d'une enzyme du système digestif, la β-glucosidase (appelée aussi émulsine). La dose létale pour 50% des individus chez le rat est entre 400 et 800 mg/kg[3] donc l'information qui la situe autour de 1,5 mg/kg de masse corporelle chez l'homme [4], semble erronée. Mais elle ne l'est pas. En effet, les rats sont plus résistants que les humains à de nombreux composés : "humans are seven times more sensitive to the lethal effects of standard chemotherapeutic agents than rats"[5], ce qui explique que la dose létale pour le rat soit plus élevé.
On la trouve notamment dans les aliments suivants, référence scientifique[6],[7] et dans d'autres articles moins scientifiques[8],[9] :
la cerise (le noyau contient de 2,7 à 3,9 mg d'amygdaline/g selon la variété)[6],[7],
l'abricot (le noyau contient 14,4 mg d'amygdaline/g, variété non mentionnée)[6],[7],[10],
la prune (le noyau contient de 0,4 à 17,5 mg d'amygdaline/g, selon la variété)[6],[7] ,
la pêche (le noyau contient 6,8 mg/g d'amygdaline, variété non mentionnée)[6],[7].
la noix de cajou ;
la racine de manioc ;
le pépin de pomme (un pépin contient 3 mg d'amygdaline/g, variété Royal Gala)[6],[7]. Le jus de pomme, variété Bramley, contient environ 0,09 mg/g d'amygdaline, ce contenu dépend aussi du procédé[6],[7] ;
L'amygdaline est cyanogène : l'hydrolyse de cet hétéroside cyanogénétique ou sa dégradation par les β-glucosidases donne en plus de l'ose (gentiobiose), de l'acide cyanhydrique et du benzaldéhyde (qui donne l'odeur d'amande amère)[11]. L'hydrolyse partielle puis l'oxydation d'un des produits libérés donne le laétrile, dont on a prétendu qu'il avait des propriétés anticancéreuses. Les études scientifiques sur cette activité donnent des résultats discordants selon les supports mais nuls chez l'Homme. Si une étude in vitro de 1998[12] fait état d’une activité ciblée sur des cellules tumorales, le National Cancer Institute[13] ne conclut à aucune activité anticancéreuse dans les essais cliniques humains et souligne la toxicité du produit. Dans son résumé, il fait état d'une faible activité dans les études sur l'animal et donne « à des fins d'information uniquement » quelques citations ou liens de sites commerciaux qui avancent le contraire.
↑(en) S. R. A. Adewusi et O. L. Oke, « On the metabolism of amygdalin. 1. The LD 50 and biochemical changes in rats », Canadian Journal of Physiology and Pharmacology, vol. 63, no 9, , p. 1080–1083 (ISSN0008-4212 et 1205-7541, DOI10.1139/y85-177, lire en ligne, consulté le )
↑George W. Newton, Eric S. Schmidt, Jerry P. Lewis et Ruth Lawrence, « Amygdalin Toxicity Studies in Rats Predict Chronic Cyanide Poisoning in Humans », Western Journal of Medicine, vol. 134, no 2, , p. 97–103 (ISSN0093-0415, PMID7222669, PMCID1272529, lire en ligne, consulté le )
↑ abcdef et g(en) Islamiyat F. Bolarinwa, Caroline Orfila et Michael R. A. Morgan, « Amygdalin content of seeds, kernels and food products commercially-available in the UK », Food Chemistry, vol. 152, , p. 133–139 (ISSN0308-8146, DOI10.1016/j.foodchem.2013.11.002, lire en ligne, consulté le )
↑J. Langrand, M. Labadie, I. Blanc-Brisset et J. Bloch, « Intoxications par les amandes amères d’abricots », Toxicologie Analytique et Clinique, vol. 30, no 3, , p. 169 (ISSN2352-0078, DOI10.1016/j.toxac.2018.07.103, lire en ligne, consulté le )