La reine candaceAmanitore (née vers 50 av. J.-C., morte en 20 apr. J.-C.) est peut-être la fille de la reine Amanishakhéto. Elle règne de l'année 1 avant J.-C. à l'année 20 sur le royaume de Koush, couvrant le territoire de la Nubie, correspondant actuellement au sud de l'Égypte et au nord du Soudan.
Elle est co-régente avec son mari ou son fils Natakamani. Son règne est marqué par d'importantes constructions et restaurations à Méroé, à Naqa, à Napata, Amhara. Ce sont notamment des temples et des pyramides, deux cents pyramides nubiennes.
La candace Amanitore est souvent mentionnée comme co-régente avec le roi Natakamani. Il n'est cependant pas établi si Amanitore est la femme ou la mère de Natakamani[1].
Elle appartient à la période méroïtique de l'histoire nubienne. Son règne commence en l'an 1 avant notre ère. Le règne de son successeur, Amanitaraqide, se termine en 50 après J.-C.[3].
Amanitore est mentionnée comme souveraine dans de nombreux textes. C'est notamment le cas dans les inscriptions du temple de la capitale nubienne de Napata dans l'actuel Soudan, dans un temple à Méroé près de Chendi, et dans le temple d'Amon comme dans le temple d'Apedemak ou temple du Lion à Naqa.
Les représentations de Natakamani incluent fréquemment une image d'Amanitore, qui pouvait être sa mère plutôt que sa femme. Une candace occupait une position hiérarchiquement puissante dans le royaume de Koush.
La co-régence d'Amanitore et de Natakamani est marquée par un mode de représentation graphique particulier. La dualité homme-femme des deux co-régents est bien marquée dans leurs représentations graphiques, mais sans visibilité de leur lien[1]. Le lien de parenté qui les unit n'est pas explicite, cependant les éléments de la titulature d'Amanitore pourraient faire penser qu'ils sont époux plutôt que mère et fils[1]. L'archéologue László Török pense ainsi qu'ils sont mari et femme, et que les trois hommes parfois représentés avec eux sont leurs héritiers successifs[1].
La représentation sur le temple d'Amon à Naqa montre curieusement le prince Arakakhatani déjà couronné lui aussi, bien que n'ayant pas encore été investi par les deux co-régents Amanitore et Natakamani[1].
À sa mort, Amanitore est ensevelie dans sa propre pyramide à Méroé. Sa sépulture est d'environ six mètres carrés à la base, et n'est pas une pyramide au sens mathématique du terme.
Plusieurs sources indiquent que ce pourrait être elle la candace qui est mentionnée dans la Bible, dans le passage sur la conversion de l'Éthiopien par l'apôtre Philippe dans les Actes des Apôtres (Actes 8, 26–40)[4]. Cet Éthiopien qui lisait le livre d'Isaïe est désigné comme eunuque, haut fonctionnaire de Candace, reine d'Éthiopie, et surintendant de tous ses trésors. Saint Luc, rédacteur des Actes, utilise le mot « candace » comme un nom propre ; c'était le nom générique des reines-mères d'Éthiopie selon Poswick[5], le nom des souveraines du royaume de Koush ou de Méroé en Nubie alors appelée Éthiopie selon Gerard[6]. D'ailleurs si Amanitore est bien morte en 20 apr. J.-C., elle ne peut pas régner encore à l'époque de la prédication de l'apôtre Philippe ; mais les sources divergent sur sa date de décès et la date de son règne.
Amanitore fait partie des derniers grands constructeurs du royaume de Koush. Elle fait restaurer le grand temple d'Amon à Méroé et le temple d'Amon à Napata après sa démolition par les Romains. Des réservoirs d'eau sont construits à Méroé pendant son règne[2]. Avec son co-régent, elle fait aussi construire des temples d'Amon à Naqa et Amhara.
La quantité de bâtiments achevés au milieu du premier siècle indique que ce fut la période la plus prospère de l'histoire méroïtique[7]. Plus de deux cents pyramides nubiennes ont été construites, pour la plupart anciennement pillées.
Le pays qu'elle gouvernait était immédiatement au sud de l'Égypte ancienne et partageait la même langue dans les textes qui nous sont parvenus. Certains aspects de la culture koushite diffèrent considérablement, mais sont peu connus ; d'autres semblent avoir influencé la culture de l'Égypte ancienne, y compris dans le domaine religieux. C'était un pays riche, disposant de grandes ressources d'or et exportant des bijoux, des animaux exotiques, des textiles.
La reine Amanitore réprimant ses ennemis.
La pyramide d'Amanitore à Méroé, où elle a été ensevelie.
↑« Candace », dans R.-Ferdinand Poswick (dir.), Guy Rainotte (dir.), Dictionnaire de la Bible et des trois religions du Livre, Paris, Lidis, (ISBN2-503-52001-4), p. 112.
(la) László Török, Fontes Historiae Nubiorum Vol IV: Corrigenda and Indices, Bergen, université de Bergen, 1998 (ISBN8291626073), p. 901–904.
(de) Michael H. Zach, « Gedanken zur kdke Amanitore », in C. A. Arnst, I. Hafemann, A. Lohwasser (dir.), Begegnungen – Antike Kulturen im Niltal, Leipzig, Wodtke et Stegbauer, 2001 (ISBN3934374026), p. 509–520.