Pour la période historique, voir Algérie française.
« Algérie française » est une expression polysémique, donc ayant plusieurs significations et une même origine : en l'occurrence, la présence française en Algérie de 1830 à 1962. Ses différentes significations vont de pair avec l'évolution de son emploi, et comme elle est susceptible d'avoir plusieurs usages ou interprétations, elle présente un caractère d'ambiguïté, pouvant être source de controverse.
L'expression « Algérie française » peut désigner :
« Ces casseroles, ces sifflets, ces klaxons Al-gé-rie française, ont quelque chose d'émouvant. Cela a duré deux heures sans une seconde d'interruption. Ce n'est plus de l'hystérie, mais un cri désespéré, interminable, qui remue les plus endurcis. Voilà comment on est balancé continuellement entre deux mondes qui s'entretuent, pleurent, souffrent, appellent au secours : cri dérisoire des casseroles, quête pathétique d'un impossible miracle. Cela ne me fait pas oublier les autres, les miens qui ne finissent pas de tomber, de se faire haïr et ne parviendront sans doute jamais à émouvoir leur vis-à-vis car il y a longtemps qu'on se refuse à les prendre pour des hommes. »
— Mouloud Feraoun[13] ;
L'expression est également employée dans la dénomination de plusieurs partis ou mouvements politiques, parfois clandestins, ayant milité pour le maintien d'un lien organique et politique entre la France et l'Algérie dans la période de la guerre d'Algérie, comme l'Organisation de la résistance de l'Algérie française, le Front Algérie française et le Rassemblement pour l'Algérie française.
Pierre-Louis Rey rappelle qu'avant 1954 « l’expression « Algérie française » eût paru tautologique ; elle s’imposa comme un slogan du moment où elle devint problématique »[14].
Selon l'historien Michel Winock, le fait colonial algérien a donné naissance à une fiction : celle d'une Algérie « française »[15]. Dans le contexte du processus de décolonisation de l'après-guerre, l'expression « Algérie française » est la dernière formule utilisée par la Quatrième République française pour réaffirmer et imposer l'idée d'une Algérie indissociable de la France métropolitaine[16].
À l'instar d'autres dénominations en usage à l'époque pour désigner l'Algérie (« province française » ou « départements français »), cette expression se maintient jusqu'à l'indépendance du pays. Elle est raillée par la suite, utilisée « comme une étiquette politique infamante ou comme un slogan dérisoire »[17].
L'expression « Algérie française » est ambiguë et controversée car :
L'expression « Algérie française » ne fait pas partie des différentes appellations qui ont servi à désigner l'Algérie durant sa période coloniale[27],[Note 4]. Comme le constate l'historienne Sylvie Thénault, elle ne doit être utilisée que dans un sens chronologique, pour désigner l'« Algérie du temps des Français » ou l'« Algérie sous tutelle française » ; cependant, l'expression « Algérie coloniale » doit lui être préférée, car elle désigne « à la fois la période chronologique considérée et l'état de cette Algérie »[4].
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.