En , les membres de l'académie des Victoires de la musique ont fait connaître les noms des artistes qu'ils souhaitaient voir nommés dans les différentes catégories. L'absence du groupe Fauve, dont le premier album s'est vendu à près de 100 000 exemplaires, est alors remarquée mais la décision vient du groupe lui-même qui ne souhaite pas apparaître à la télévision, ni concourir pour le moindre prix[1]. Quant à Stromae, sa victoire comme artiste masculin en 2014 l'empêche d'être nommé dans cette catégorie, en 2015.
Les nominations définitives ont été annoncées le [2]. Les cinq nominations de Christine and the Queens, les trois de Calogero et du groupe The Dø en font les grand favoris. Parmi les absents, Kendji Girac suscite la polémique. Malgré ces 700 000 albums vendus[3], les votants ne l'ont pas retenu. Sur LCI, le directeur des Victoires de la musique, Christophe Palatre indique qu'« aux Victoires de la Musique, il y a un parti pris éditorial qui est assez fort. C'est celui de la filière. On est là pour dire : « Nous, on estime qu'au cours de l'année, il y a eu ça de remarquable et on a envie de revenir dessus » »[4]. Interrogé sur le sujet, M Pokora et Serge Lama s'attaquent aux Victoires de la musique en évoquant la quasi absence de chanteurs « populaires » pour l'un[5] et de chanteurs « traditionnels » pour l'autre[6].
Cérémonie
Présentée par Virginie Guilhaume, la cérémonie, en direct du Zénith de Paris a rassemblé 2,4 millions de téléspectateurs (14 % de part de marché), sur France 2[7]. Confiée à la société Morgane Production, la soirée se veut plus légère et innovante avec un mur géant d'images amovibles[8].
Pour ouvrir le show, Alain Souchon et Laurent Voulzy offre au public une version revue et corrigée de Rockollection interrompue par divers succès de la chanson française : Vertiges de l'amour d'Alain Bashung repris par Raphael, Week-end à Rome d'Étienne Daho par Julien Doré, J'ai vu de Niagara par Brigitte, pour terminer par une version modernisée et personnelle de Carmen par Stromae[9]. Les artistes nommés se succèdent ensuite sur scène pour interpréter une de leurs dernières chansons.
Virginie Guilhaume assure seule tant la présentation de la soirée que la remise des prix durant une cérémonie qui a duré 211 minutes.
À l'occasion des 30 ans des Victoires de la musique, la soirée est ponctuée d'images d'archives des précédentes cérémonies. On attribue également une victoire des 30 ans par genre musical à un artiste représentant la musique électro (David Guetta), la musique rock (Jean-Louis Aubert), la musique urbaine (IAM) et la musique du monde (Rachid Taha).
Une triple compilation est également publiée en CD célébrant les nommés de l'année et 27 des 29 chansons originales des éditions précédentes[10].
La grande gagnante de ces 30e Victoires de la musique est sans conteste Christine and the Queens. Avec cinq nominations, elle décroche deux Victoires dont celle de l'artiste féminine de l'année. Disque de platine avec son premier album[11], elle était l'artiste la plus nommée de l'année et donc la favorite. Dans ses remerciements, Héloïse Letissier a remercié Christine, pseudonyme qu'elle a choisi pour « aller un petit peu mieux, pour chanter et pour écrire, et pour dire des choses [qu'elle n'osait] pas dire »[12].
Côté masculin, la victoire de l'artiste masculin est attribuée à Julien Doré, pour sa seule nomination de la soirée et sa première nomination dans cette catégorie. Il décroche le prix face à Johnny Hallyday, régulièrement nommé mais rarement récompensé[12], et Calogero.
Ce dernier n'est cependant pas reparti les mains vides puisqu'il remporte la seule victoire attribuée par le public : celle de la chanson de l'année pour Un jour au mauvais endroit, en mémoire du drame d'Échirolles, sa ville natale[13]. Heureux de recevoir le prix pour cette chanson en particulier, il remercie sa compagne, Marie Bastide, auteur des paroles de la chanson (et donc co-lauréate) pour avoir pu « mettre les mots, le soir en 2012, quand le drame est arrivé et [...] su exprimer ce [qu'il] ressentai[t] »[14].
Annoncé de longue date, le nouveau groupe formé par Alain Souchon et Laurent Voulzy se voit décerner une victoire pour leur album. Alain Souchon reçoit ainsi sa dixième victoire, le plaçant en deuxième position des artistes les plus récompensés de l'histoire des Victoires, derrière Alain Bashung[15].
Côté révélation, Indila, dont l'album Mini World fut le plus vendu en France en 2014, décroche la victoire de l'album révélation[16], alors que le chanteur anglo-ghanéen immigré en France, Benjamin Clementine décroche la victoire de la révélation scène, peu de temps après la sortie de son premier album[17].
Le chanteur belge Stromae, grand vainqueur des Victoires de la musique 2014, empoche encore un nouveau trophée pour le meilleur concert, alors qu'il triomphe sur scène depuis la sortie de son album Racine carrée[18].
The Dø, nommés à trois reprises, repartiront avec la victoire de l'album rock pour Shake Shook Shaken. Black M, nommé deux fois, repart, lui, les mains vides.