Érato et Tigrane succèdent à leur père sur le trône d'Arménie sans l'assentiment d'Auguste[5], ce que Rome considère comme un acte de rébellion[6] ; les deux souverains sont même selon certains ouvertement pro-parthes[7]. Auguste tire alors profit de la division de la cour arménienne entre pro-parthes et pro-romains pour imposer le candidat de ces derniers, Artavazde III[1], un frère de Tigrane III, donc l'oncle d'Érato et de Tigrane IV[3].
Face à la rébellion alimentée par le roi parthe Phraatès IV[5], Artavazde semble ne pas avoir réussi à se maintenir très longtemps sur le trône[6], et Tigrane et Érato sont restaurés. L'autorité première semble avoir appartenu à Tigrane : sur les pièces frappées à leur effigie, alors que Tigrane est coiffé de la tiare traditionnelle, Érato ne porte ni diadème ni le titre de reine[8].
Lorsque Auguste envoie son petit-fils Caius César régler les affaires d'Arménie en 1 ap. J.-C. (ou 1 av. J.-C.[4]), Tigrane est déjà mort, ayant été tué au cours d'une expédition contre les barbares, et Érato a abdiqué[9] (certains auteurs estiment toutefois qu'elle a pu se maintenir seule sur le trône un certain temps[10]). Caius rencontre néanmoins Phraatès V sur l'Euphrate, et Parthes et Romains se mettent d'accord : l'Arménie revient sous l'autorité de Rome, qui lui donne pour nouveau roi Ariobarzane II d'Atropatène[5]. Après les courts règnes de ce dernier et de son fils Artavazde IV, Tacite fait à nouveau monter Érato sur le trône[11], mais il est plus probable qu'un autre roi imposé par Rome leur succède, Tigrane V Hérode[12]. Ce n'est qu'à la déposition de ce dernier par les nobles arméniens (vers 12[13]) qu'Érato remonte sur le trône, alors que le pays sombre dans l'anarchie[14]. La même année, un roi parthe renversé, Vononès Ier, se voit offrir le trône arménien[7]. Il devient ainsi le premier roi arsacide d'Arménie. Quant à Érato, sa fin n'est pas connue.
↑ ab et cGérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Privat, Toulouse, 2007 (ISBN978-2-7089-6874-5), p. 137.
↑ a et bMarie-Louise Chaumont, « L'Arménie entre Rome et l'Iran : I de l'avènement d'Auguste à l'avènement de Dioclétien », dans Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, II, 9.1, 1976, p. 76.