Bien que Charles soit chef de la maison de Habsbourg depuis la mort de son grand-père Maximilien, il a grandi aux Pays-Bas bourguignons où il a appris à parler français et néerlandais ; il se trouve au moment de l'élection dans ses royaumes espagnols, et ne s'est pas encore rendu en Allemagne ni n'a appris l'allemand. Tout autant que le roi de France, il était donc ressenti comme un étranger. Cependant, il insiste auprès des princes sur le risque d'élire un souverain étranger et se déclare « Allemand de sang et de souche »[3].
L'élection d'un empereur préalablement dirigeant d'une puissance étrangère ne s'était cependant pas produite depuis celle de Frédéric II, roi de Sicile, en 1212.
Princes-électeurs
Les sept princes-électeurs appelés à élire le successeur de Maximilien étaient, dans l'ordre de vote défini par la bulle d'or de 1356 :
Charles et François rivalisent pour « convaincre » les électeurs : la clef de l’élection réside en effet essentiellement dans la capacité des candidats à acheter ceux-ci[5].
François Ier achète plusieurs électeurs, comme l'archevêque de Trèves, mais commet l'erreur de les payer d'avance. Charles pouvait quant à lui compter sur le vote de Louis II, qui était marié à sa jeune sœur Marie de Hongrie. Les électeurs de Mayence, de Brandebourg et du Palatinat étaient à gagner. Le banquier Jacob Fugger fournit la somme de 850 000 florins, et émet des lettres de change payables « après l’élection » et « pourvu que soit élu Charles d’Espagne »[5]. Cette somme est transférée aux princes-électeurs et permet l'élection de l'héritier des Habsbourg[6].
Parmi les arguments en faveur de l'élection de Charles aux yeux des électeurs, on peut également mentionner le fait que, en tant que souverain de divers États éloignés les uns des autres, ce candidat pouvait apparaître comme un dirigeant peu à même d'imposer ses ambitions personnelles aux principautés allemandes. Charles promit notamment de garantir les libertés des princes au sein de l'Empire.
Bien que tous les détails de l'élection n'aient jamais été révélés, il est possible que les électeurs aient cherché un moyen de sortir de leur dilemme en se tournant vers Frédéric III, potentiel candidat soutenu par le papeLéon X, mais celui-ci refuse finalement de poser sa candidature.
Finalement, Charles est élu à l'unanimité (François Ier s'étant désisté formellement le 18 juin[7]), mais avec quelques réticences de l'électeur de Brandebourg qui fit connaître sa dissidence par un acte notarié[1]. Il fut couronné une première fois à Aix-la-Chapelle le , puis officiellement en la cathédrale de Bologne le 2 mars 1530 par le pape Clément VII.
↑(en) Martyn Rady, The Emperor Charles V, Longman, , 144 pages (ISBN0582354757)
↑Louis, encore mineur (13 ans) lors de l'élection, est représenté par son oncle Sigismond, roi de Pologne (cité en note par Lindsay Armstrong, Charles Quint, l'indomptable, Flammarion 2014, p. 524