Le Parti libéral du Canada au pouvoir remporte facilement un troisième mandat majoritaire consécutif, comme prévu lors du déclenchement de l'élection en octobre et à travers la campagne. Cette élection est considérée comme un grand succès pour le premier ministreJean Chrétien et le Parti libéral mais un échec pour tous les autres partis. Sans enjeux importants ni de campagne passionnante, les taux de participation chutent à 64,1 %, un plancher jamais atteint auparavant.
Campagne
Le Parti libéral fait campagne sur son bilan économique solide et ses sept ans au pouvoir relativement dénués de scandales. Ils refont quelques gains dans les Provinces de l'Atlantique où ils avaient essuyé des pertes majeures au profit du NPD et du Parti progressiste-conservateur dans l'élection de 1997, en bonne partie à cause de changements à l'assurance-emploi qui défavorisaient les travailleurs saisonniers. Au Québec, les libéraux parviennent également à récolter près de la moitié des circonscriptions de la province aux dépens du Bloc québécois. En tout, les libéraux augmentent leur représentation aux communes, de 155 sièges à 172.
L'Alliance canadienne se lance dans l'élection avec de grands espoirs. On s'attend à ce que le nouveau chef Stockwell Day séduise beaucoup l'électorat ontarien, crucial, et le parti espère faire des gains importants. L'Alliance fait campagne sur une plate-forme prônant des baisses d'impôts, l'abolition du registre fédéral des armes à feu, et les valeurs familiales. La campagne est toutefois freinée par des accusations d'un « agenda caché » selon lequel ils permettraient l'existence d'un système de santé « à deux vitesses » (un système privé fonctionnant en parallèle avec le système public) ; on les accuse aussi de menacer les droits des homosexuels et à l'avortement ; le parti nie toutes ces accusations. L'image publique de Day souffre, principalement à cause de gaffes commises au cours de la campagne. À la fin, l'Alliance ne remporte que deux circonscriptions en Ontario. Ceci contribue à l'éjection de Day l'année suivante. À un moment de la campagne, l'Alliance récolte 30,5 % d'appuis dans les sondages, et certains pensent même qu'ils pourraient remporter la victoire. Ces attentes ne se concrétisent pas, mais ils gardent leur statut d'Opposition officielle et augmentent de six sièges leur représentation aux communes, de 60 à 66.
Le Bloc québécois ne parvient pas à maintenir de l'intérêt, et Gilles Duceppe, malgré de bonnes performances lors des débats, voit sa campagne s'essouffler. Le parti perd six sièges dans l'élection, passant de 44 à 38 aux communes.
Le Nouveau Parti démocratique fait une campagne intense sur la question du système de santé, mais ne parvient pas à séduire l'électorat. Leur nombre de sièges tombe de 21 à 13. Toutefois, leurs appuis demeurent forts au Canada atlantique, surtout en Nouvelle-Écosse, où leurs appuis sont traditionnellement plutôt faibles.
Le Parti progressiste-conservateur du Canada vise à retrouver sa place traditionnelle dans la politique canadienne sous la direction de l'ancien premier ministreJoe Clark. L'élection est toutefois une déception : ils tombent de 20 à 12 sièges et sont presque entièrement confinés aux provinces maritimes et Terre-Neuve-et-Labrador. Le Parti remporte les 12 sièges nécessaires au statut de parti officiel aux communes ; un échec de ce côté aurait marginalisé le parti et probablement conduit à un déclin plus rapide.
Les soutiens de la presse varient peu par rapport aux élections précédentes, mais la plupart des journaux francophones soutiennent l'élection d'un gouvernement minoritaire (Le Devoir, Le Droit et Le Soleil). Le journal The Gazette maintient son soutien aux libéraux, mais à contre-cœur, ayant souhaité que Jean Chrétien cède sa place après plus de 7 ans de mandat[5]. The Globe and Mail appuie le Parti libéral, après avoir soutenu le Parti progressiste-conservateur en 1997, mais indique dans son éditorial souhaiter la démission prochaine de Jean Chrétien et son remplacement par Paul Martin[6].
Le Parti libéral du Canada maintient une nette avance dans tous les sondages publiés entre les élections fédérales de 1997 et de 2000. Les sondages connaissent peu de variations sur la période si ce n'est une brève remontée du Parti progressiste-conservateur à la mi-1999 (après l'élection de Joe Clark comme chef en novembre 1998) qui atteint les 20 % d'intentions de votes, devant le Parti réformiste qui stagne autour de 10 %. Cette remontée s'annule en 2000 lorsque le Parti réformiste est remplacé par l'Alliance canadienne.
Des élections de 1997 à celles de 2000
Pendant la campagne électorale (22 octobre au 27 novembre 2000)