L'élection de 2023 voit à nouveau s'affronter les deux hommes, le président sortant étant candidat à sa réélection, tandis que l'APC désigne à nouveau candidat Samura Kamara. Julius Maada Bio fait alors face à une situation économique difficile dans le contexte de la Pandémie de Covid-19 et de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Le taux de chômage élevé — culminant à 60 % chez les jeunes — et une forte inflation — 42,7 % sur un an en février 2023 — provoquent notamment des manifestations en août 2022 contre le coût de la vie. Ces dernières prennent une tournure violente, causant la mort de 21 manifestants et 6 membres des forces de l'ordre, ce qui provoque un choc dans un pays jusque là loué pour ses efforts réussis de réconciliation post-guerre civile[2],[3].
Outre ses promesses de développement de l'agriculture afin de réduire la dépendance aux importations alimentaires du pays, le président sortant met en avant ses réussites dans les domaines de l'éducation et des droits des femmes, portés par de profondes réformes en 2022[3],[4]. Le gouvernement fait également voter fin janvier 2023 une loi instaurant un quota de 30 % de femmes dans toutes les institutions, y compris le parlement[5],[6].
Ancien gouverneur de la Banque centrale, puis successivement ministre des finances et des affaires étrangères sous la présidence d'Ernest Bai Koroma, Samura Kamara a la réputation d'un technocrate très au fait des dossiers économiques. Il met fortement en avant cet atout au cours de la campagne en promettant de réorganiser les secteurs agricoles et miniers tout en attirant les investisseurs étrangers et les aides des institutions économiques internationales, sa réputation devant lui permettre de regagner leur confiance. Son image est cependant entachée par l'éclatement en décembre 2021 d'un scandale dans lequel il se voit accusé d'avoir détourné plus de 2,5 millions de dollars du budget de rénovation du consulat sierra-léonais à New York lorsqu'il était ministre des affaires étrangères. Le candidat de l'APC réfute vivement ces accusations, qu'il dénonce comme politiquement motivées, soulignant leur coïncidence avec sa déclaration de candidature[7].
Malgré la domination en 2023 du thème du cout de la vie dans la campagne, le système politique sierra-léonais reste profondément lié aux appartenances ethniques. Une grande partie des électeurs continuent ainsi à voter pour le candidat originaire de leur région, dont ils attendent en retour qu'il les favorisent lors de la répartition des aides et projets économiques du gouvernement[7].
Système électoral
Le président de la république de Sierra Leone est élu selon une version modifiée du scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois. Pour être élu au premier tour, un candidat doit réunir plus 55 % des suffrages exprimés, et non pas la seule majorité absolue. À défaut, les deux candidats arrivés en tête s'affrontent lors d'un second tour organisé dans les deux semaines suivantes, et le candidat arrivé en tête est élu[8].
Les candidats doivent être de nationalité sierra-léonaise, être âgés d'au moins quarante ans et être membres d'un parti politique[9].
Avec 56,17 % des voix, Julius Maada Bio parvient à franchir le seuil de 55 % lui permettant d'être réélu dès le premier tour. Les résultats sont contestés par son principal adversaire Samura Kamara, qui ne les jugent « pas crédibles » et accuse la Commission électorale de partialité[14].