La première église construite à Reignac date de la fondation de la paroisse, selon Grégoire de Tours qui en situe la date sous l'épiscopat d'Eustoche ou Eustochius, évêque de Tours de 444 à 561 ou de 442 à 458/9 selon les sources[2]. Il ne reste rien de cet édifice, probablement construit au même emplacement que l'église actuelle, sur la rive droite de l'Indre. L'église carolingienne qui lui a succédé, dédiée à saint Étienne, date de la fin du IXe siècle[3]. Son clocher fut repris au siècle suivant. L'église a été remaniée à plusieurs reprises, aux XIIe siècle puis au XVIIe siècle[1]. Au XIXe siècle, une dernière modification consista à masquer le chevet par des murs modernes et à percer une porte dans la paroi est du chevet, qui devint l'entrée principale de l'église, désormais ouverte à l'est[3].
Architecture
L'élément le plus intéressant de l'église de Reignac-sur-Indre est son clocher en bâtière, inscrit au titre des monuments historiques depuis le [1]. De plan carré, construit au IXe siècle, remanié probablement au Xe siècle dans sa partie supérieure[3], il est bâti en moyen appareil typique de l'architecture carolingienne, mais présente à ses quatre arêtes des chaînages de pierres plates. On remarque, sur sa face est, au-dessus de la porte moderne de l'église, deux arcs de décharge, l'un en pierres plates et l'autre en tuiles[4], probablement destinés à répartir la charge du clocher au-dessus d'un chœur aujourd'hui disparu[5]. La partie supérieure du clocher, faisant office de beffroi, est percée sur chacune de ses faces de deux baies en plein cintre.
Le chœur est cloisonné, comme dans l'église Saint-Pierre de Perrusson, divisé en une nef et deux collatéraux voûtés en berceau, mais il est masqué extérieurement par des murs modernes de placage[3]. Le collatéral nord fut aménagé par la famille du Fau qui fut, du XVe siècle au XVIIe siècle, propriétaire de Reignac ; le mur de ce collatéral est marqué aux armes de la famille « de gueules à trois fasces d'argent »[4].
La nef, moderne, est percée, côté sud, de deux hautes baies en plein cintre encadrant un portail lui-même surmonté d'un oculus. L'une des fenêtres de la paroi nord de la nef est ornée d'un vitrail de 1887 qui représente le martyre de Saint-Étienne, patron de la paroisse[6]. Ce vitrail est signé Armand Clément (1840-1894), maître verrier tourangeau[7]. L'extrémité ouest de la nef ne comporte pas d'ouverture et fait office de chœur.
À la faveur des différents remaniements, l'église, originellement orientée vers l'est et pourvue d'un clocher surmontant le chœur, s'est transformée en un bâtiment tourné vers l'ouest et pourvu d'un clocher-porche.
L'église Saint-Étienne de Reignac-sur-Indre.
Le clocher et le chœur moderne
Les arcs de décharge du clocher
La nef
La chapelle de la famille du Fau
Le martyre de saint Etienne, vitrail d'Armand Clément
↑Luce Pietri, « La succession des premiers évêques tourangeaux : essai sur la chronologie de Grégoire de Tours », Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes, t. 94, no 2, , p. 618 (lire en ligne).
Bernard Briais, Le Pays lochois et la Touraine côté sud : une terre de découvertes, Chambourg-sur-Indre, PBCO Éditions, , 112 p. (ISBN978-2-35042-014-1).
Jean-Mary Couderc (dir.), Dictionnaire des communes de Touraine, Chambray-lès-Tours, C.L.D., , 967 p. (ISBN2-85443-136-7).
Robert Ranjard, La Touraine archéologique : guide du touriste en Indre-et-Loire, Mayenne, Imprimerie de la Manutention, (réimpr. 1986), 9e éd. (1re éd. 1930), 733 p. (ISBN978-2-85554-017-7 et 2-85554-017-8).