L'élection présidentielle de 2012 en Ossétie du Sud se tient en mars et avril 2012 pour élire le président de l'Ossétie du Sud.
Le premier tour a lieu le . Aucun des quatre candidats présents n'obtient la majorité absolue des suffrages. Un second tour est organisé le . Il est remporté par Leonid Tibilov, qui obtient 54,12 % des suffrages face à David Sanakoev.
Une élection présidentielle s'est déjà tenue en Ossétie du Sud en novembre 2011. Elle a été remportée par Alla Djioïeva, mais le second tour a été annulé par la Cour suprême d'Ossétie du Sud, ce qui a provoqué une crise politique. Alla Djioïeva est hospitalisée et peut-être retenue de force à l'hôpital, où elle a été soignée après un assaut des forces de police lors d'une cérémonie d'investiture organisée avec ses partisans[1]. Elle a refusé de se présenter à la nouvelle élection, car ce serait selon elle une reconnaissance de l'annulation du précédent scrutin[2].
Le président sortant Edouard Kokoïty a démissionné en décembre 2011. Il est accusé par ses opposants d'avoir détourné les aides versées par la Russie à l'Ossétie du Sud. Aucun membre de son entourage n'a obtenu de la Commission électorale centrale le droit de se présenter[1].
Système électoral
Le président de l'Ossétie du Sud est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de 5 ans renouvelable une fois. Est élu le candidat qui recueille la majorité absolue des votes valides au premier tour. À défaut, les deux candidats arrivés en tête au premier tour s'affrontent lors d'un second tour, et celui recueillant le plus de voix est déclaré élu. Pour être reconnu valide, le second tour doit réunir un taux de participation d'au moins 30 % des inscrits[3].
L'article 48 de la constitution sud-ossète dispose que, pour être candidat, une personne doit être citoyen ossète, avoir au moins 35 ans, avoir le droit de vote, parler les langues nationales et résider sur le territoire sud-ossète depuis au moins 10 ans[3].
Candidats
Candidats autorisés
Vingt-deux personnes avaient annoncé vouloir se présenter, mais seuls quatre ont été autorisées à concourir, probablement sous influence directe des autorités russes[1]. Les quatre candidats sont favorables à la Russie et contre un rapprochement avec la Géorgie[4]. Aucun d'entre eux n'était candidat lors de l'élection de 2011[2].
David Sanakoev est l'ombudsman pour les droits humains de l'Ossétie du Sud. Âgé de 35 ans, est le plus jeune des candidats[4]. Il a participé à l'évacuation des enfants de la capitale Tskhinvali pendant la guerre de 2008, et a fait partie de la délégation sud-ossète à la conférence diplomatique sur les conséquences de la guerre à Genève[6].
Leonid Tibilov, âgé de 60 ans, a été professeur de physique avant de rejoindre le KGB en 1981. Il devient en 1992 ministre de la Sécurité d'État de l'Ossétie du Sud, dont il dirige les services secrets[6]. Il est nommé vice-Premier ministre en 2006 et copréside une commission de maintien de la paix avec la Géorgie[4].
Trois membres de l'entourage du président sortant Edouard Kokoïty ont renoncé à se présenter pour des raisons inconnues : l'ancien vice-ministre de la Défense Igor Alborov[7] , l'ancien président de la Commission nationale des médias Georgy Kabisov[7] et le représentant d'Edouard Kokoïty auprès du Parlement Tarzan Kokoity[7],[2].
Dmitri Medoïev a annoncé que « la tâche la plus importante » serait de lutter contre la corruption[2]. Il entend dissoudre le Parlement de l'Ossétie du Sud[4] et créer une commission d'enquête sur le détournement des fonds russes par Edouard Kokoïty et son entourage. Ses propositions sont susceptibles de convaincre les électeurs qui avaient voté pour Alla Djioïeva pour s'opposer à Edouard Kokoïty[2].
Alla Djioïeva ne soutient elle-même aucun candidat. Elle appelle les citoyens sud-ossètes à participer au scrutin[9], mais déclare qu'elle « ne croit pas à l'objectivité de l'élection »[10].
Leonid Tibilov arrive en tête du premier tour avec 11 453 voix, ce qui représente 42,5 % des suffrages exprimés. David Sanakoev se qualifie également pour le second tour avec 6 627 voix, soit 24,6 % des suffrages[11]. Dmitri Medoïev obtient environ 24 % des voix et est éliminé[12].
Second tour
Résultat
Le second tour a lieu le . Il est remporté par Leonid Tibilov avec 54,12 % des voix, contre 42,65 % pour David Sanakoev[13]. La participation électorale est de 71,26 %[14]. Le vote « contre tous » représente 1 % des suffrages. Selon la présidente de la Commission électorale centrale Bella Plieva, le scrutin s'est déroulé sans irrégularités[15].
Résultats de la présidentielle sud-ossète de 2012[16],[17],[18].
Leonid Tibilov, âgé de 60 ans, et David Sanakoev, âgé de 35 ans, considèrent tous les deux que le second tour a opposé l'expérience et la jeunesse. Les programmes des deux candidats étaient semblables. Leonid Tibilov a réussi à attirer les électeurs d'Alla Djioïeva à l'élection de 2011, alors que David Sanakoev a perdu des voix en étant considéré comme l'« homme de paille d'Edouard Kokoïty »[2].
Pour le New York Times, ce scrutin montre les difficultés de la Russie à intervenir dans les affaires politiques internes d'une république qu'elle occupe pourtant militairement. Lors de l'élection présidentielle de 2011, le candidat soutenu par le gouvernement russe Anatoli Bibilov était battu au second par l'opposante Alla Djioïeva. La Russie a renoncé à soutenir officiellement un candidat pour l'élection de 2012[19].
Alla Djioïeva y voit la preuve que « le peuple d'Ossétie du Sud a surmonté sa peur »[20]. Elle déclare qu'elle choisira de soutenir ou non le nouveau président en fonction des mesures qu'il mettra en œuvre[19].
Conséquences
Leonid Tibilov déclare après sa victoire : « Maintenant, nous devons construire un nouvel État, légitime et prospère. »[21] Il annonce qu'il a l'intention d'inviter son concurrent David Sanakoev[22] et Alla Djioïeva à participer à son gouvernement[23].
David Sanakoev reconnaît sa défaite et annonce qu'il veut créer un nouveau parti politique pour rassembler ses partisans[2].
Leonid Tibilov prête serment le [24]. La cérémonie d'investiture a lieu en présence de cinq cents invités dont une délégation de députés de la Douma, la chambre basse du parlement russe[25]. Il nomme son gouvernement le [26]. Le , il nomme Alla Djioïeva vice-première ministre, chargée des questions sociales. Deux proches de celle-ci font également partie du gouvernement[27].