Elle est considérée comme une pionnière, en tant que femme et en tant qu'Afro-Américaine, puisqu'elle est notamment la première femme à obtenir un diplôme en génie mécanique à l'université Howard et la première femme ingénieure à enseigner à l'université d'État du Tennessee[1].
Biographie
Jeunesse et éducation
Georgianna Yvonne Young naît le 13 avril 1929[1] à Houston, au Texas, et grandit à Louisville, dans le Kentucky[2],[3],[4]. Son père, Coleman Milton Young Junior, est médecin et chirurgien, et sa mère, Hortense Houston Young, est bibliothécaire et journaliste au Louisville Defender(en)[2]. Son frère, C. Milton Young III, deviendra médecin[2]. Enfant, elle adore construire et réparer des objets, mais n'a pas le droit de suivre des cours de dessin technique à l'école parce qu'elle est une fille[2]. Au lycée, elle suit cependant un cours d'aéronautique et rejoint la patrouille aérienne civile de l'école, où elle apprend à tirer et suit des cours de pilotage dans un simulateur[2]. En cela, des pilotes afro-américains proches de la famille l'ont inspirée[2].
En 1945, âgée de 16 ans, elle obtient son diplôme d'études secondaires ; elle passe les deux années suivantes à étudier à la Boston Latin School de Boston, puis à la Roxbury Memorial High School For Girls[1]. Bien qu'initialement reçue à l'université de Louisville, elle y est refusée lorsque celle-ci, qui a une politique de ségrégation raciale, se rend compte qu'elle est Afro-Américaine. Le Kentucky finance alors ses études à l'Howard, une université historiquement noire de Washington[3]. Yvonne Young devient en 1951 la première femme à obtenir un diplôme en génie mécanique de l'université Howard[5]— où elle est aussi l'unique femme dans une classe formée quasiment uniquement d'anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale[6]. Elle reçoit son diplôme non pas lors de la cérémonie officielle regroupant 300 diplômés, mais dans le bureau du président de l'université, parce qu'elle est une femme[6]. Après l'obtention de son diplôme, elle constate que « le marché du travail de l'ingénierie n'[est] pas très réceptif aux femmes, en particulier aux femmes de couleur »[3]. En 1960, elle obtient sa licence d'ingénieure professionnelle[1].
En 1972, Yvonne Young est la première femme afro-américaine à obtenir une maîtrise en gestion de l'ingénierie (Engineering Management) de l'université Vanderbilt, quelque temps après l'entrée des premiers étudiants afro-américains dans son département d'ingénierie[7],[6]. Sa thèse est intitulée « Concevoir des procédures pour la gestion des flux de matériaux dans les grands projets de reconstruction dans l'industrie du verre »[8].
Carrière
Le premier emploi d'Yvonne Young est au Frankford ArsenalGauge Lab, une usine de munitions de l'armée américaine à Philadelphie[6]. Elle rejoint ensuite un label discographique, RCA Camden, dans le New Jersey, pour y concevoir des équipements électriques[2],[4]. Yvonne Young devient à partir de 1956 la première femme membre du département de génie mécanique de l'université d'État du Tennessee[3]. Elle préside ce département à deux reprises, d'abord de 1965 à 1970, puis à partir de 1977 pour 11 ans[3]. Elle prend ensuite sa retraite[9].
Yvonne Clark aide à lancer le chapitre Pi Tau Sigma(en), une société d'ingénierie mécanique, de l'État du Tennessee[10]. Elle s'efforce vivement d'encourager les femmes à devenir ingénieures et indique en 1997 que 25 % des étudiants de son département sont des femmes[2].
En 1955, Yvonne Young retourne dans le sud des États-Unis pour épouser William F. Clark Junior, professeur de biochimie au Meharry Medical College(en)[3]. Son mari est originaire de Raleigh, en Caroline du Nord. Ils ont un fils en 1956 et une fille en 1968[2]. Leur fille, Carol Lawson, a interviewé Yvonne Clark pour la Society of Women Engineers (Société des femmes ingénieures) en 2007[6]. Elle prend alors le nom de famille Clark[6].
Mort
Yvonne Clark meurt chez elle à Nashville le 27 janvier 2019[5],[4].
Travaux
Yvonne Clark passe de nombreux étés au Frankford Arsenal à faire des recherches sur les armes sans recul. Elle passe également un été à travailler avec la NASA à Huntsville, en Alabama, où elle se consacre aux moteurs Saturn V pour fusée. Elle passe ensuite un été au NASA Manned Spacecraft Center de Houston, aidant à concevoir les conteneurs que l'astronaute Neil Armstrong utilisera pour ramener des échantillons de Lune sur la Terre[1],[12]. Dans les années 1960, au NASA Marshall Space Flight Center, Yvonne Clark travaille sur les points chauds de Saturn V et corrige le problème de la chaleur s'échappant de l'allumage[1].
Yvonne Clark effectue d'autres recherches, avec notamment la découverte de méthodes pour revitaliser et moderniser une partie du centre-ville grâce au Westinghouse's Defence and Space Center à Baltimore, dans le Maryland. À partir des années 1990, ses recherches portent sur les fluides frigorigènes. Elle est l'investigatrice principale du projet de recherche « Experimental Evaluation of the Performance of Alternative Refrigerants in Heat Pump Cycles » financé par le département de l'Énergie du Oak Ridge National Laboratory. Yvonne Clark est aussi la cheffe d'équipe de la division étudiante pour le projet financé par la NASA à l'université d'État du Tennessee appelé Center for Automated Space Science (Centre pour la science spatiale automatisée)[3].
À partir de 1984 : membre de la Société des femmes ingénieures[11]
1990 : Prix du mécanisme de l'année, décerné par le chapitre étudiant de l'université d’État du Tennessee de l'ASME pour son soutien indéfectible à ses étudiants[11]
1977 : Women of Color Technology Award for Educational Leadership, par les US Black Engineers (Ingénieurs Noirs des États-Unis)[11]
1977 : Prix Adult Black Achievers du Northwest Family YMCA (Young Men's Christian Association) pour avoir été un modèle et un mentor pour les jeunes d'aujourd'hui[11]
2001 : Distinguished Service Award de la Tennessee Society of Professional Engineers (TSPE) pour son leadership exceptionnel dans sa profession et ses contributions à la communauté[11]
2006 : Distinguished University Award du président de l'université d’État du Tennessee pour 50 ans de loyauté, de dévouement et de détermination au cours de sa carrière universitaire[11]
2008 : Prix de l'éducateur de l'année, par la sororité Delta Sigma Theta, chapitre Nashville Alumnae[11]
↑ abcde et f(en-US) Karen Ramsey-Idem, Society of Women engineers, « Y.Y. Clark's Legacy - All Together », sur All Together - Society of Women engineers, (consulté le )
↑ abcdefgh et i(en) Susan A. Ambrose, Kristin L Dunkle, Barbara B. Lazarus, Indira Nair et Harkus, Journeys of women in science and engineering : no universal constants, Philadelphia, Temple Univ. Press, (ISBN1566395275, lire en ligne)
↑ abcdefg et h(en) Wini Warren, Black Women Scientists in the United States, Bloomington, Ind. [u.a.], Indiana University Press, (ISBN9780253336033, lire en ligne)
↑(en) « Faculty About Us », TSU Mechanical Engineering, Tennessee State University (consulté le )
↑(en) Diann Jordan, Sisters in science : conversations with black women scientists about race, gender, and their passion for science, West Lafayette, Ind., 1. pbk. print., (ISBN978-1557534453, lire en ligne)