Une équipe de collectionneurs et de musicographes, réunie autour de Moisei Beregovsky, ethnomusicologue juif russe et spécialiste du yiddish, a collecté des centaines de chansons juives au cours des années 1930-1940, et prévoyait d'en publier une anthologie. Cependant, lors de l'explosion d'antisémitisme soviétique d'après-guerre, Beregovsky fut reconnu coupable de « nationalisme juif » et envoyé au Goulag[2]. Heureusement, ses archives, confisquées, ont été rendues à sa femme[5].
La collection d'enregistrements sur cylindres de cire, dont 600 ont été réalisés par Beregovsky, a été pillée par les nazis, mais restituée après la guerre. Cependant, lorsque le Cabinet de la culture juive de l'Académie des sciences d'Ukraine a été liquidé, les enregistrements ont disparu et on pensait qu'ils avaient été détruits[5]. Dans les années 1990, les cylindres de cire de Beregovsky ont été découverts et catalogués par la Bibliothèque nationale Vernadsky d'Ukraine. À partir des années 1980 et plus tard, grâce à de nouvelles découvertes, ses collections ont été publiées et rééditées, et de nombreux morceaux sont entrés dans le répertoire des musiciens klezmer[6],[7].
Anna Shternshis, professeure en études yiddish et directrice du Centre Anne Tanenbaum d'études juives à l'Université de Toronto, retravaille les archives papier de Beregovsky ; Yiddish Glory est le résultat de ce long travail qu'elle a mené plusieurs années durant en collaboration avec le chanteur et chercheur Pavel Lion, mieux connu sous le nom de Psoy Korolenko[2]. Dans le cas de a plupart des chansons sélectionnées liées à l'Holocauste, l'on ne disposait que des paroles ; les mélodies ont été suggérées par Sergei Erdenko[4].
Une chanson satirique, dont les paroles sont écrites par Veli Shargorodskii, sur l'expérience de guerre d'un soldat juif en 1943-1944 ; elle se termine par les mots « Hitler is kaput ! » (« Hitler est fini ! », une phrase apprise par cœur par tous les Soviétiques à la fin de la guerre, car c'est ce que les Allemands qui capitulaient répétaient comme un mantra[2]).
« Shpatsir in Vald » – Une promenade dans la forêt ;
Beaucoup de civils soviétiques se retrouvent en Asie centrale, dont 1,4 million de Juifs (250 000 d'entre eux au Kazakhstan[2]), où, sur leurs nouveaux lieux de travail, ils rencontraient les Juifs envoyés au Goulag. La chanson parle de l'expérience éternelle de l'exil juif[4]. Pour cette chanson, Erdenko a composé l'unique mélodie nouvelle de l'album, combinant les styles musicaux rom, yiddish et roumain[2].
« Mayn Pulemyot » – Ma mitrailleuse ;
La fierté d'un soldat juif de voir sa mitrailleuse tuer les Allemands[2] ;
« Shelakhmones Hitlern » – Cadeaux de Pourim pour Hitler ;
« Chuvasher Tekhter » – Les filles de Tchouvachie, paroles de Sonya Roznberg, 1942 ;
« Mames Gruv » – La tombe de ma mère ;
La chanson d'un enfant qui visite la tombe de sa mère qui a péri dans l'Holocauste[4].
« Babi Yar » ;
À propos du massacre de Babi Yar. La chanson est celle d'un soldat juif (l'un des cinq cent mille soldats ayant servi dans l'armée soviétique) qui revient à Kiev et apprend que toute sa famille a été massacrée[4].
« Tulchin » ;
Tulchyn était sous administration roumaine pendant l'Holocauste. La chanson a été écrite par un enfant de 10 ans qui a perdu sa famille dans le ghetto de Tulchin[1].
Artur Gorbenko, violoniste, pianiste, compositeur pour le cinéma et les programmes de télévision, et ancien premier violon du Conservatoire de Leningrad ;
Isaac Rosenberg (fils de Shternshis et Rosenberg[10]), âgé de 12 ans au début du projet ; interprète trois chansons[11], dont une musique écrite par un orphelin juif de dix ans dont les parents ont péri pendant l'Holocauste[1] ;