Vincent Ward est un cinéaste au style très particulier. The Boston Globe décrit « l'un des grands créateurs d'images du cinéma[1] » alors que Roger Ebert parle d'un « véritable visionnaire[2]. »
En 1978, alors âgé de 21 ans, il tourne son premier court métrage, A State of Siege, adapté d'un roman de Janet Frame. Il est projeté dans certains cinéma. Le Los Angeles Times parle d'un film « rigoureusement construit avec une image superbement composée se succédant… le film devient poésie[4]. » En 1978, le court métrage remporte le prix spécial du jury du festival de Miami et un Golden Hugo au festival de Chicago[5].
Entre 1978 et 1981, il vit dans la région Te Urewera avec une femme Tūhoe nommée Puhi et le fils de cette dernière, un adulte schizophrène, Niki. Il en tirera un documentaire intitulé In Spring One Plants Alone. Celui remporte le grand prix du Cinéma du réel 1982[6] ainsi qu'un Silver Hugo au festival de Chicago[7].
Il tourne ensuite son premier long métrage de fiction, Vigil. Comme ses deux films suivants, il sera presenté au festival de Cannes[8]. Il remportera ainsi de nombreux prix dans de nombreux festivals[9]. Vigil, sorti en 1984, suit une enfant imaginative et solitaire vivant dans une ferme isolée et s'inspire en partie de l'éducation rurale de Ward dans la région de Wairarapa. Le film est produit par John Maynard et tourné en Taranaki. L'enfant actrice Fiona Kay a joué le rôle central.
Pour son second long métrage de fiction, il mêle fantastique et aventure dans Le Navigateur : Une odyssée médiévale (1988). L'intrigue s'inspire d'une expérience qu'il a vécue en Allemagne : il raconte avoir tenté de traverser l'autoroute à pied et avoir fini par éviter la circulation. Cette expérience l’a tellement marqué que c’est l’image clé qui a donné naissance à l’idée du film. Le film suit un groupe de villageois de Cumbria du XIVe siècle qui se retrouve propulsés à Auckland de nos jours. Vincent Ward explique son intenition : « Ce que je voulais faire, c'était regarder le XXe siècle à travers des yeux médiévaux, comme si les démons de notre monde contemporain, nos monstres technologiques de destruction, pouvaient être prévus dans les cauchemars des hommes médiévaux[10]. »Rolling Stone parle d'un « film visionnaire au courage rare et au cœur impérissable[11]. »Le Navigateur : Une odyssée médiévale remporte le grand prix dans plusieurs festivals (Sitges, Fantafestival, Fantasporto)[12].
Impressionné par Le Navigateur qu'il a découvert à Cannes, Walter Hill lui propose de développer en 1990 le troisième volet de la saga Alien. Alors que le studio peine à lancer le projet — plusieurs cinéastes comme Renny Harlin et David Twohy ont abandonné — il écrit une première ébauche de scénario, après avoir refusé plusieurs fois la proposition. Il imagine une intrigue très ancrée dans l'univers médiéval qui le fascine. Cependant, après quelques mois, il décide finalement d'abandonner le projet, faute de libertés artistiques : « Quand on travaille dans le système des studios, ils ont ces mots très puissants : l’un est « oui », l’autre est « non ». Et quand on veut que quelque chose ne perde pas de sa substance, il faut savoir utiliser le second. Il faut aussi que tout le monde soit sur la même longueur d’onde, parce que c’est très corporate. L’un de mes producteurs l’était, mais pas l’autre[13]. »Alien 3 sera finalement réalisé par David Fincher. Vincent Ward sera tout de même crédité au générique, comme auteur de l'histoire[14]. Les éléments de son scénario, qui mettaient en scène des moines dans l'espace, n'ont pas été très conservés dans le scénario final[15]
Vincent Ward réalise ensuite Cœur de métisse (Map of the Human Heart). Sorti en 1993, le film retrace la relation entre un garçon Nord canadien, une fille métisse et un cartographe britannique en visite. Pour écrire le scénario, Vincent Ward et Louis Nowra ont passé du temps à voyager et à faire des recherches sur l'ensemble du Canada. Vincent Ward a ensuite beaucoup voyagé dans l'Arctique et a même eu des engelures mineures lors de repérages[16]. Il y dirige notamment Jason Scott Lee, Anne Parillaud et Patrick Bergin dans les rôles principaux. Présenté hors compétition à Cannes 1992, il sera notamment nommé au prix du meilleur film aux Australian Film Institute Awards. Le célèbre critique américain Roger Ebert louera l'imprévisibilité et le sens de l'aventure du film[17].
Durant ce passage à Hollywood, Vincent Ward s’intéresse davantage au métier d'acteur et est coaché par Penny Allen. Il apparait ensuite dans un petit rôle dans Leaving Las Vegas (1995) de Mike Figgis. Ce dernier lui propose ensuite un rôle plus conséquent dans son film suivant, Pour une nuit (1997). Il tient ensuite l'un des rôles principaux du film indépendant The Shot (1996) de Dan Bell, puis dans Spooked(en) de Geoff Murphy, sorti en 2004[22].
À partir des années 2010, il démarre une carrière parallèle de peintre et artiste vidéo. En 2012, il a eu sa première grande exposition personnelle, Breath, dans une galerie publique de Nouvelle-Zélande. Deux autres expositions publiques suivront dans des galeries d'Auckland[24]. Il aura par ailleurs un pavilion lors de la biennale de Shanghai 2012[25].
En 2014[26], l'université de Canterbury lui a décerné un doctorat honorifique en beaux-arts et l'a nommé professeur associé[27]. En 2015, il est invité pour donner quelques cours à l'Académie des arts de Chine à Hangzhou, ainsi qu'à la Shanghai University School of Fine Arts[28].
En octobre 2020, il se rend en Ukraine pour tourner une partie de Storm School, dont d'autres parties doivent être tournées en Chine, au Royaume-Uni et en Australie. Il est basé sur un scénario coécrit par Vincent Ward et son collaborateur de longue date Louis Nowra[29],[30].