Les Unionoida (les Unionoïdes), sont un ordre de mollusquesbivalves d'eau douce, souvent nommés collectivement « moules d'eau douce » ou « naïades »[1], certaines espèces fournissent la nacre des boutons de nacre, des perles ou une nacre réutilisée par l'industrie perlière. Ces espèces effectuent une partie de leur cycle de vie comme « parasite » de poissons.
Les deux familles dominantes dans cet ordre sont celles des Unionidae et des Margaritiferidae. Parmi les Unionidae, les anodontes se rencontrent plutôt dans les eaux calmes alors que les unios résistent aux eaux plus vives.
Distribution
Les familles, genres et espèces de l'ordre des Unionoida sont réparties sur six continents, uniquement dans les eaux douces.
Origine
On sait grâce aux fossiles que des Unionoida existent sur terre depuis le Trias.
Des Corbiculacea vivaient déjà en eau douce au Crétacé (mc Mahon, 1991).
Ces moules jouent un rôle important dans le cycle biogéochimique des éléments du cours d'eau et des sédiments, et en matière de filtration de l'eau.
Une étude nord-américaine a montré en 2013 que certaines Unionoidae peuvent ingérer des œufs d'Alose et les protéger avant de libérer la larve du poisson dans le milieu : lors d'une étude ayant porté sur 757 moules prélevées dans sept sites, 6 % contenaient des œufs d'alose (Alosa sapidissima) et dans deux des sept sites, 17 % et 18 % des moules examinées en contenaient[2]. Les Unionoidae étaient plus connues pour « parasiter » (à l'état de larve) les branchies de certains poissons (pour se faire transporter). Les relations entre ces moules d'eau douce et l'Alose pourraient donc être des interactions durables plus symbiotiques que parasitaires, mais des recherches doivent encore préciser si elles sont de type amensales, mutualistes ou commensales[2].
État des populations, menaces
Les unionoïdes semblent presque partout en rapide régression (ou localement éteints) depuis le milieu du XXe siècle au moins.
De plus, certaines espèces peuvent vivre durant plus d'un siècle. Leur présence relictuelle dans un cours d'eau n'est donc pas gage de survie de l'espèce si on n'y trouve aucun jeune individu (certaines espèces sont dites « fonctionnellement éteintes » si des individus survivent mais qu'ils ne peuvent plus se reproduire[3]).
Le taux mondial d'extinction des unionoïdes fait l'objet de nombreuses études depuis les années 1980[3].
On a d'abord pensé que le recul ou la disparition du « poisson hôte obligatoire » était en cause, mais des espèces comme Margaritifera margaritifera régressent ou disparaissent rapidement aussi là où leurs poissons-hôte sont restés présents et parfois abondants.
D'autres causes de régression ont été identifiées, dont la pollution de l'eau (agricole notamment avec les nitrates, les phosphates et la pollution de l'eau par les produits phytosanitaires) et domestique ; chimique et physique (turbidité chronique et envasement colmatant les fonds)[3]. En Amérique du Nord et en Europe beaucoup de populations locales ont disparu, sans qu'aucune espèce d'unionoide se soit éteinte, mais la génétique de l'espèce est mal connue, et il est probable que certaines variétés soient éteintes[3]. En 1993, trois taxons étaient considérés éteint en Israël et les grands barrages construits en Chine et en Amérique du Sud expliquent probablement en partie certaines disparitions locales. Certaines espèces endémiques ont probablement récemment disparu dans certains pays[3].
En Europe
La plupart des populations de moules d'eau douce ont régressé notamment en Europe de l'Ouest, voire ont disparu d'une grande partie de leur ancienne aire naturelle de répartition.
En France, divers plans de restaurations sont mis en œuvre depuis plusieurs années, en Bretagne notamment[4], avec en 2014 l'appui d'un sous-programme d'aide européen du Life + pour l'environnement (Life + Nature et Biodiversité) en faveur des moules d’eau douce et les moules perlières géantes en France. (parmi 18 projets retenus en France en 2014)[5]. La protection des naïades s'inscrit aussi dans un Plan National d'Action pour les Naïades de France[6],[7], en lien avec la déclinaison de la Directive Cadre sur l'Eau (DCE) visant à atteindre pour 2015 le bon état écologique des cours d'eau. Le programme comprend notamment la création d'une « station d’élevage, action phare, qui permettra de disposer d’individus de différentes classes d’âge dans le but de prévenir leur disparition du milieu naturel »[4].
Notes et références
↑Vincent Prié, Naïades et autres bivalves d'eau douce de France, Biotope ; Publications scientifiques du Muséum, coll. « Inventaires & biodiversité », , 336 p. (ISBN236662199X)
↑ a et bJason M. Wisniewski, Katherine D. Bockrath, John P. Wares, Andrea K. Fritts & Matthew J. Hill (2013) The Mussel–Fish Relationship: A Potential New Twist in North America ? ; Transactions of the American Fisheries Society Volume 142, Issue 3; DOI:10.1080/00028487.2013.763856 (résumé)
↑ abcd et eBogan AE (1993) Freshwater bivalve extinctions (Mollusca : Unionoida) : a search for causes. American Zoologist, 33(6), 599-609 (résumé)
↑L’articulation avec les plans nationaux d’actions en faveur des espèces menacées, Ministère de l'Écologie, de l'Énergie,du Développement durable et de la Mer, , 4 p. (lire en ligne), p. 4
↑Plan national d’actions en faveur de la Grande Mulette Margaritifera auricularia : 2012-2017, Ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie, , 94 p. (lire en ligne)
Bauer, G. 2000. Life-history variation of different taxonomic levels of Naiads. In: Bauer, G. & Wächtler, K., Ecology and evolution of the freshwater mussels Unionoida. Ecological Studies, 145: 83-91. Berlin. (Springer).
Bauer, G. & Wächtler, K. 2000. Environmental relationships of Naiads: threats, impact on the ecosystem, indicator function. In: Bauer, G. & Wächtler, K., Ecology and evolution of the freshwater mussels Unionoida. Ecological Studies, 145: 311-315. Berlin. (Springer)
Cosgrove, P. J., & Hastie, L. C. (2001). Conservation of threatened freshwater pearl mussel populations: river management, mussel translocation and conflict resolution. Biological Conservation, 99(2), 183-190 (résumé).