Les tribus du Maroc sont un ensemble de confédérations peuplant les montagnes, les plaines, les villes marocaines. Ces tribus se divisent en plusieurs groupes : Les Amazighs qui habitent au Maghreb actuel, autrefois appelé Libye antique, puis Ifriqya, les Haratins des oasissahariens marocains, les tribus juives et surtout les Arabes pré-hilaliens venus entre le VIIIe et le XIe siècle, qui se concentraient principalement dans les villes les Hilaliens الهلاليين et les autres tribus arabe comme les Banu Souleym et les Banu Maqil qui se sont installées dans les campagnes en ayant migré d'Arabie vers l'Égypte puis vers le Maroc à partir du Xe siècle.
D'autres hypothèses, comme celle d'Et-Tebari et d'autres historiens : « les Berbères sont un mélange de Cananéens et d'Amalécites qui s'étaient répandus dans divers pays après que Goliath fut tué, Ifrîcos, ayant envahi le Maghreb, les y transporta sur les côtes de la Syrie, et les ayant établis en Ifrîkïa, il les nomma Berbères. »[4]
« Les Berbères, selon une autre opinion, descendent de Cham, fils de Noé, et ont pour aïeul Berber, fils de Temla, fils de Ma- zîgh, fils de Canaan, fils deCham. « Ils descendent, dit Es-Souli 1 : de Berber, fils de Kesloudjîm » [CasUihim], fils de Mesraïm, lils de Cham. » Selon une autre hypothèse, ce sont des Amalécites, et ils des cendent de Berber, fils de Temla, fils de Mareb, fils de Faran, fils d'Amr, fils d'Amlac [Amalec], fils de Laoud [Lud], fils de Sem. D'après cette opinion, les Berbères seraient des Amalécites !. « Les Berbères, dit Malek-Ibn-Morahhel 3, se composent de « diverses tribus himyerites, modérites, coptes, amalécites, « cananéennes et coreichites qui s'étaient réunies en Syrie et « parlaient un jargon barbare. Ifrîcos les nomma Berbères à cause de leur loquacité. »[4]
« El-Masoudi, Et-Taberi et Es-Soheili * rapportent qu'Ifrîcos forma une armée avec ces gens afin de conquérir l'Afrique, et que ce fut là la cause de leur émigration. Il les nomma Berbères, et [à ce sujet] on cite de lui le vers suivant : Le peuple cananéen murmura [berberat] quand je le forçai à quitter un pays misérable pour aller-vivre dans l'abondance. »[4]
« « On n'est point d'accord, dit Ibn-el-Kelbi, sur le nom de celui qui éloigna les Berbères de la Syrie. Les uns disent que ce fut David qui les en chassa après avoir reçu par une révélation divine l'ordre suivant : 0 David ! fais sortir les Berbères de la Syrie, car ils sont la lèpre du pays. D'autres veulent que ce soit Josué, fils de Noun, ou bien Ifrîcos, ou bien encore un des rois Tobba qui les en expulsa. » ELjîekri * les fait chasser de la Syrie par les Israélites, après la mort de Goliath, et il s'accorde avec El-Masoudi à les représenter comme s'étant enfuis dans le Maghreb à la suite de cet événement. Ils avaient voulu rester en Égypte, dit-il, mais ayant été contraints par les cornes à quitter ce pays, ils allèrent à Barca, en Ifrîkïa et en Maghreb. Ayant eu à soutenir dans ces contrées une longue guerre contre les Francs et les Africains, ils les obligèrent à passer en Sicile, en Sardaigne, en Maïorque et en Espagne. Ensuite la paix se rétablit à la condition que les Francs n'habiteraient que les villes du pays. Pendant plusieurs siècles, les Berbères vécurent sous la tente, dans les régions abandonnées, et ne s'occupaient qu'à mener paître leurs troupeaux aux environs des grandes villes, depuis Alexandrie jusqu'à l'Océan, et depuis Tanger jusqu'à Sous. Tel fut l'état dans lequel l'Islamisme les trouva. Il y avait alors parmi eux [des tribus] qui professaient la religion juive; d'autres étaient chrétiennes, et d'autres, païennes, adorateurs du soleil, de la lune et des idoles. Comme ils avaient à leur tête des rois et des chefs, ils soutinrent contre les musulmans plusieurs guerres très célèbres. »[4].
Arabes
Pour se débarrasser des Berbères, les Obeydides du Caire ont lancé les Hilaliens sur l'Ifriqiya, sur les Sanhadja de Kairouan révoltée, se sont éparpillés au Maghreb central et ont été, deux siècles après, établis au Maroc par les Almohades.
« Dans les plaines d'Azghar, Temsna, Tedla et Dokkala on rencontre des peuplades nomades, les unes berbères, les autres arabes. Ces dernières, qui appartiennent toutes aux tribus de Djochem et de Rîah, y sont entrées à une époque assez récente. »[5]« Les tribus de Djochem et de Rîah s'étant alors empressées de faire leur soumission, il les déporta dans le Maghreb-el-Acsa où il établit la première dans la province de Temsna, et la seconde dans le canton d'El-Hebet et dans les régions maritimes d'Azghar, province située entre Tanger et Salé. »[6]« Ce fut chez ce peuple que les Zoghba allèrent s'établir quand on obligea leurs frères [les Djochem et les Rîah] à se transporter [dans le Maghreb-el-Acsa]. Cette tribu passa alors dans le Mozab et le Djebel-Rached, localités situées au sud du Maghreb central ; elle qui, auparavant, avait obtenu en partage les villes de Cabes et de Tripoli ; elle, qui avait soutenu des guerres contre les Beni-Khazroun, souverains de Tripoli, et tué Saîd-Ibn-Khazroun, un des princes de la famille. »[6]
« Ainsi, la révolte suscitée par Ibn-Ghanîa et la préférence que les Zoghba montrèrent en cette occasion pour la dynastie almohade, eurent pour résultat leur établissement dans cette région. »[7]
« Parmi les nomades de la tribu de Rîah on rencontre une branche des Anéza, famille dont l'aïeul, Anéza, était fils d'Aced-Ibn-Rebiâ-Ibn-Nizar. La portion de la tribu de Rîah qu'El-Mansour avait établie dans la province d'El-Hebet continua à habiter cette localité après le départ de son chef, Masoud-Ibn-Zemam, et même jusqu'à la chute des Almohades. Du temps d'El-Mamoun elle obéissait à Othman-Ibn-Nacer, chef que ce monarque fit mettre à mort en l'an 630 (1232-3). »[8]
Selon Rachid Bellil, la population du Sahara se composait durant l'Antiquité d'une part de Libyens (Gétules à l'ouest et de Garamantes au sud-est (ancêtres des Berbères), et d'autre part d'Éthiopiens, ancêtres d'une partie des Haratins, qui furent razziés et déportés par les Berbères dans les territoires subsahariens. Des peintures rupestres du Maghreb dépeignent en effet des scènes de razzias effectuées par les Libyens sur des populations congoïdes vivant plus au Sud.
Chez les populations berbères chleuhes du sud marocain, et selon leur transmission orale, les populations négroïdes sont réputées allogènes (allochtones, d'origine étrangère et non autochtones). Ainsi, le terme amazigh y désigne uniquement l'homme blanc d'origine locale, par opposition à l'homme noir, déporté.
Parmi les tribus du Maroc, celles des Juifs berbères (en berbère : ⵓⴷⴰⵢⵏ ⵉⵎⴰⵣⵉⵖⵏ, Udayen imaziɣen ou ⵉⵎⴰⵣⵉⵖⵏ ⵓⴷⴰⵢⵏ, Imaziɣen udayen) sont les communautés juives du Maghreb[10]. L'admission du judaïsme comme religion par les Berbères, et son adoption par un certain nombre de tribus, a pu prendre du temps[11]. Les historiens pensent, d'après les écrits d'Ibn Khaldoun et d'autres témoignages, que certaines des anciennes tribus berbères juives ont adopté plus tard le christianisme et ensuite l'islam, et on ne sait pas si elles font partie des ancêtres juifs berbérophones contemporains[12]. Cependant, ces tribus parlaient historiquement les langues berbères et/ou sont d'origine berbère.
Outre les anciennes colonies de Juifs dans les montagnes de l'Atlas et les terres berbères intérieures du Maroc, de fortes persécutions périodiques par les Berbères musulmansalmohades ont probablement augmenté la présence juive dans cette région. Cette hypothèse est renforcée par les changements politiques qui se sont produits à Fès, Meknès et Taza (notamment, effondrement du royaume Wattassides à la fin du XVe siècle), et qui auraient amené une autre vague de Juifs, qui aurait atteint le Sahara, avec Figuig et Errachidia au Maroc[13],[12]
En raison de tensions accrues contre eux, entre 1950 et 1970, la plupart ont dû émigrer en France, aux États-Unis ou en Israël[10],[14].
Mode de vie
Bédouins
Les Bédouins se vêtaient traditionnellement d'un qamis blanc sous une gandoura beige et une rezza (turban) blanche ou orange doré avec des motifs et portaient des balghi (babouches), et les femmes arboraient des ngab (voile intégral) mais cela s'est fait plus rare à l'arrivée des vêtements occidentaux.
Ils vivaient sous des khyam (tentes), et leur musique était chantée en darija. Ils étaient parmi les meilleurs cavaliers du khayl à l’instar des Chaouïa.
Berbères
Les Amazighs se vêtaient traditionnellement d'un burnous et pour certains d'une chèche (lorsqu'ils peuplaient les régions arides) et les femmes portaient des robes multicolores brodées à la laine de brebis ; elles portaient des bijoux en métal qui pendaient sur le crâne, mais cela s'est également fortement réduit avec l'occidentalisation.
Les Berbères vivaient dans des tighremts, citadelles berbères, aussi connus sous le nom de kasbahs en arabe. Leurs musiques sont des musiques berbères locales et leurs danses l'ahidous, l'ahwash, la reggada (art musical) en fonction des régions.
↑Notons toutefois que des historiens comme Jehan Desanges pensent que le terme « Gétules » désignerait plus un mode de vie qu'un peuple précis et homogène.
↑ abc et dHistoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, Ibn Khaldûn, p. 224
↑Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, Ibn Khaldûn, p. 242
↑ a et bHistoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, Ibn Khaldûn, p. 97
↑Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, Ibn Khaldûn, p. 97-98
↑Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, Ibn Khaldûn, p. 128
↑(en) Budgett Meakin (24 illustrations), Life in Morocco and glimpses beyond, London, Chatto & Windus, (lire en ligne), p. 253-260
↑ a et bMoshe Shokeid, The Dual Heritage: Immigrants from the Atlas Mountains in an Israeli Village
"En outre, un certain nombre de tribus Berbères se sont converties au judaïsme." Taru Bahl, M.H. Syed. Encyclopaedia of the Muslim World, Anmol Publications PVT. LTD., 2003, p. 50.
"...des tribus Berbères entières se sont converties au judaïsme." Marvine Howe. Morocco: the Islamist awakening and other challenges, Oxford University Press US, 2005, p. 184.
"...ils ont eu une influence croissante parmi les tribus berbères de l'Afrique du Nord, dont certains ont été convertis au judaïsme." Michael Maas. The Cambridge companion to the Age of Justinian, Cambridge University Press, 2005, p. 411.
"un nombre significatif de Juifs d'Afrique du Nord descendent des tribus berbères qui se sont convertis au judaïsme à la fin de l'Antiquité." Daniel J. Schroeter, Vivian B. Mann. Morocco: Jews and art in a Muslim land, Merrell, 2000, p. 27.
"C'est en réponse à cette violente répression que de nombreux Juifs de Cyrénaïque fuient profondément dans le Sahara et y vivent parmi les tribus berbères, où ils se convertissent plus tard au judaïsme.". Martin Gilbert. In Ishmael's House: A History of Jews in Muslim Lands, McClelland & Stewart, 2010, p. 4.
"Leur influence s'est répandue parmi la population païenne berbère de sorte qu'au sixième siècle, de nombreuses tribus berbères s'étaient converties au judaïsme. Dans certains cas, des tribus berbères entières dans les montagnes de l'Atlas sont devenues judaïques." Ken Blady. Jewish communities in exotic places, Jason Aronson, 2000, p. 294.
↑ a et bH. Z. Hirschberg, « The Problem of the Judaized Berbers », Cambridge University Press, vol. 4, no 3, , p. 313–339 (DOI10.1017/s0021853700004278, JSTOR180026)
↑Haim Zeev Hirschberg, Oledot ha-Yehudim be-Afrikah ha-Ẓefonit (Histoire des Juifs en Afrique du Nord), 2 vol, 1965
↑(en) « Return to Morocco », Al Jazeera, (lire en ligne)
Lotfi Bouchentouf (coordination), « Dossier : De la tribu à la nation », Zamane, Casablanca, no 5, , p. 30-45 [présentation en ligne] — Lotfi Bouchentouf est, selon ce qui est indiqué en bas de cet autre article de Zamane, « professeur d’Histoire à l'Université de Casablanca Aïn Chock ».