Elle est située à une dizaine de kilomètres au sud-est de Saint-Lô, elle est le siège de la communauté de communes et a été chef-lieu de canton jusqu'en 2015.
Géographie
Torigni-sur-Vire est en Bocage normand, plus précisément en Pays saint-lois. L'atlas de paysages de la Basse-Normandie place principalement la commune dans l'unité de la vallée de la Vire aux « paysages variés mais déterminés par un encaissement
profond du cours d’eau »[1], mais en limite ouest du Bocage en tableaux caractérisé par « une série de vallées parallèles sud-ouest/nord-est » aux « amples tableaux paysagers »[2]. Ne couvrant que 301 hectares, le territoire communal est le moins étendu de son canton et est majoritairement couvert par l'agglomération. Celle-ci est à 13 km au sud-est de Saint-Lô et à 25 km au nord de Vire[3].
Le territoire est entièrement dans le bassin de la Vire par un sous-affluent appelé ruisseau de Torigni[4] ou les Nonains[5]. Ce ruisseau et ses deux affluents alimentent dès leur entrée sur le territoire les étangs de Torigni, puis le ruisseau traverse l'agglomération avant de passer sur le territoire de Condé-sur-Vire où il rejoint le Hamel un kilomètre avant sa confluence avec le fleuve côtier.
Le point culminant (138 / 139 m) se situe au sud-ouest, en limite de commune, près du lieu-dit la Maladrerie. Le point le plus bas (53 m) correspond à la sortie du territoire des Nonains, à l'ouest.
En dehors de la partie urbaine, les principaux lieux-dits — la plupart dans la partie sud du territoire — sont, de l'est à l'ouest, dans le sens horaire, la Passelaie, la Bigne (au sud), la Cavée, la Maladrerie, la Dannerie, la Goulerie, le Champ (à l'ouest) et la Planquerie[7].
Le nom de la localité est attesté sous les formes Torineo en 1159, Torignie vers 1175, Thorigni en 1252[9]. Sous l'ancien régime, les graphies Thorigny et Torigny étaient communes, mais à partir de 1810, apparaît Torigni qui va se généraliser dès 1829. Le déterminant complémentaire -sur-Vire est ajouté en 1849, bien que la ville se situe à plusieurs kilomètres de la rivière à laquelle il fait référence[9].
Certains érudits du passé expliquaient l'origine du toponyme Torigni sur le mode de l'étymologie populaire par le latin turris ignis « tours de feu ». C'est ainsi qu'a été créé le blason de la ville. Ce genre d'étymologie encore reprise de nos jours (monographies, bulletins paroissiaux, hebdomadaires, quotidiens, sites internet) n'est pas basée sur l'étude phonétique des formes anciennes, ni sur celle des homonymes et n'a donc pas de fondement scientifique[10].
Comme le montrent les formes anciennes, Torigni appartient à toute la série des Thorigny (ex: Thorigny-sur-Marne, Tauriniaco vers 700, Thoriniaco vers 1180, ToriniacumXIIe siècle, Thoregny en 1274, Toregni en 1283, Thorigny lez Laigny sur Marne en 1488, Thorigny en France en 1549), Thorigné (ex: Thorigné-d'Anjou, Tauriniacum en 996 - 1010), Thorignat, à savoir à un type toponymique gallo-roman*Tauriniacu, composé du suffixe -(i)acum signifiant « lieu, propriété de » (gaulois -acon, du celtique commun *-āko(n) ), précédé d'un nom d'homme gallo-roman Taurinus, anthroponyme qui eut une grande diffusion en Gaule[9]. Ce nom de personne est, entre autres, illustré par saint Taurin, évêque d'Évreux aux IVe – Ve siècles.
Il dérive du latin taurus « taureau » (le mot celtique - gaulois - équivalent est taruos, taureau), cependant le suffixe -in- est commun en celtique. La forme féminine Taurina est attestée dans des inscriptions en langue gauloise à côté de termes celtiques (exemple : le peson de fuseau d'Autun, où l'on trouve : TAVRINA|VIMPI « belle génisse » : latin taur- + suffixe diminutif celtique -īno, gaulois vimpi « beau, belle », cf. gallois gwymp « joli »)[11]. L'utilisation de noms de personnes latins ou latinisés correspond à un processus de romanisation également bien attesté dans l'épigraphie, où les mêmes personnages ou des personnages de la même famille mêlent à la fois des anthroponymes latins à d'autres bien gaulois.
Les formes plus récentes Thorigny ou encore Torigny sont conformes à l'usage qui veut que le [i] final d'un nom propre français soit graphié -y (sauf Henri) depuis la fin du Moyen Âge. La généralisation de la graphie Torigni date du XIXe siècle et représente un retour à celle utilisée initialement à l'époque médiévale, ce qui est exceptionnel pour les noms en -(i)acum, sauf dans l'Orne. Le déterminant complémentaire -sur-Vire a été ajouté en 1849[9], sans que la Vire coule sur son territoire.
La ville est pillée par les Anglais le lors de la chevauchée d'Édouard III[14], et sera aux mains des Anglais de 1418 à 1450 lors de l'occupation de la Normandie par ces derniers, dans le cadre de la guerre de cent Ans[12]. Elle fut ensuite constamment le fief de la famille de Matignon dont il demeure l'aile sud du château du XVIe siècle. Elle est le lieu de naissance de Jacques Ier de Monaco.
Bombardée le , la commune est libérée le par le 35e régiment d'infanterie américain[15]. À la suite de ces bombardements, le château a entièrement brûlé.
Les armes de la commune de Torigni-sur-Vire se blasonnent ainsi : D'azur au château d'argent donjonné de deux tours enflammées du même, ouvert du champ[17].
Une partie des données est issue d'une liste établie par Jean Pouëssel et le Dr Paul Bucaille[29].
Le conseil municipal était composé de dix-neuf membres dont le maire et cinq adjoints[30]. Ces conseillers intègrent au complet le conseil municipal de Torigny-les-Villes le jusqu'en 2020 et Anne-Marie Cousin devient maire délégué.
Le collège public Albert-Camus accueille environ 420 élèves.
Démographie
En 2021, la commune comptait 2 339 habitants. Depuis 2004, les enquêtes de recensement dans les communes de moins de 10 000 habitants ont lieu tous les cinq ans (en 2007, 2012, 2017, etc. pour Torigni-sur-Vire[32]) et les chiffres de population municipale légale des autres années sont des estimations[Note 3].
Château des Matignon des XVIe, XVIIe – XXe siècles, classé au titre des monuments historiques par liste de 1840[35]. Possession de la famille de Matignon, l'édifice, acheté par la ville en 1817, et siège de l'hôtel de ville depuis 1820, fut très endommagé à la Révolution et a brulé en 1944 ; le bâtiment ne conservant qu'une toile qui était alors en rénovation[réf. nécessaire]. Restauré par la municipalité après la guerre, le château construit en pierres rouges et blanches, abrite dans la chapelle privée le musée Arthur-Le-Duc.
Mur Grimaldi, de 300 mètres de long pour une hauteur de douze[36] (ou quinze)[37] mètres, construit au XVIIIe siècle pour, selon ce qui ne serait qu'une légende, abriter Louise-Hippolyte de Grimaldi, l'épouse de Jacques IV de Matignon, des vents du Nord durant ses promenades hivernales le long de Grand étang. Ce serait plus simplement la partie restante d'un mur d’enceinte du vaste domaine du château, faisant autrefois plus de 17 kilomètres.
Cour aux Canons. Elle a été réhabilité en 2004. Une passerelle, à la place de l'ancien pont-levis, la relie à la cour d'honneur du château.
Église Notre-Dame-du-Grand-Vivier des XIIe, XVIIIe – XIXe siècles. Elle a conservé des parties romanes, dont des arcatures disposées de chaque côté de la tour-porche en façade de la nef. La chaire à prêcher et des lambris sont classés au titre objet aux monuments historiques[38]. L'édifice conserve également des bas-reliefsromans du XIIe siècle.
L'église Saint-Laurent des XIIIe, XVIIe – XIXe siècles, en tant qu'ancienne chapelle du château, dite des Mausolées, et son histoire sont liées aux seigneurs de Torigny. En 1033, Saint-Laurent existe sous la dénomination de chapelle baptismale. À cette époque, Robert le Magnifique, père de Guillaume le Conquérant, la donne en patronage avec l'église de Saint-Amand aux religieux de l'abbaye de Cerisy-la-Forêt, fondée en 1032 par lui-même. Au XIIe siècle, une nef est ajoutée. En 1400, quand Hervé de Mauny, baron de Torigny, construit une chapelle avec caveau sépulcral adossé à l'église, le patronage de Saint-Laurent subsiste. Il est supprimé en 1575 par le maréchal Jacques II de Matignon, devenu seigneur de Cerisy, par échange des patronages de Saint-Amand et de Saint-Laurent contre celui de Brectouville. En 1601, sa femme, Françoise de Daillon du Lude, transforme cette première chapelle appelée Saint-Pierre ou du Château. Elle fait aussi reconstruire la voûte du chœur de l'église et édifier la chapelle Notre Dame ou des Mausolées. Ces travaux s'inscrivent dans ceux plus vastes, de construction du château et de ses dépendances, dont le pavillon de garde est proche de l'église. En 1793, les sépultures de la famille de Matignon sont profanées. Les monuments funéraires sont en majorité brisés et les fragments dispersés. Au XIXe siècle, l'église Saint-Laurent fait l'objet d'une campagne de rénovation. En 1893, les deux chapelles sont démolies puis reconstruites : elles portent aujourd'hui le nom de chapelle du Sacré-Cœur et de chapelle de la Sainte-Vierge. Les voûtes sont restaurées, une nouvelle sacristie y est installée. Paradoxalement, c'est à cette époque que l'église Saint-Laurent perd son clocher. La verrière de Mauméjean date du XXe siècle[29].
L'unique bas-côté de l'église Saint-Laurent.
Nef de l'église Saint-Laurent.
L'orgue
L'église Saint-Laurent possède un modeste orgue posé au fond de la nef. Il est offert à la paroisse en 1888 par la famille Lemonnier et par quelques paroissiens.
L'orgue posé au fond de la nef.
La plaque indiquant le don de l'orgue par la famille Lemonnier.
Composition de l'orgue
L'orgue de l'église Saint-Laurent possède huit jeux réels repartis sur deux claviers de 56 notes et 448 tuyaux. Il comporte également un pédalier de trente notes.
I. Grand Orgue (Do2-Sol5)
II. Récit expressif (Do1-Sol5)
Pédale (Do1-Fa3)
Bourdon 16' basse (Do1-Si1)
Flûte Harmonique 8'
Tirasses
Bourdon 16' dessus (Do2-Sol5)
Gambe 8'
Principal 8'
Voix Céleste 8'
Salicional 8'
Trompette 8'
Flûte Octaviante 4'
Tirasses: GO/Péd, Réc/Péd
Accouplement: Réc/GO, Réc/GO octave aiguë
Appel Trompette
Temolo Récit
Appel du Souffleur (clochette)
L'orgue.
Le pédalier de trente notes avec les cuillères.
Le tirant de jeu "Souffleur" qui active la clochette.
L'Étoile sportive Torigni handball possède une équipe masculine en Honneur régional dans la Ligue de Normandie, et une féminine en Excellence départementale. Le club dispose également de deux équipes B[40].
L'Étoile sportive torignaise tennis de table a son école de tennis de table grâce à l'emploi d'un entraîneur-animateur diplômé d'État dans ce sport depuis 1999. Deux équipes évoluent en championnat régional (saison 2011-2012), Régionale 4 pour l'équipe masculine et Régionale 1 pour l'équipe féminine, ce qui est le plus haut niveau régional. En championnat départemental, de la D4 à la D1, tous les niveaux sont représentés en senior. Les enfants sont eux aussi régulièrement présents sur les podiums départementaux et régionaux aux compétitions individuelles[41].
Jean-Baptiste Beaufol, dit général Beaufort de Thorigny (1761-1825), s'opposa à la destruction par le feu du château de Thorigny souhaitée par le proconsul, où se trouvaient incarcérés 600 habitants royalistes de Saint-Lô et leur rendit la liberté[réf. nécessaire]. Regardant cette action comme son plus beau titre de gloire, il voulut porter le nom de Thorigny[réf. nécessaire].
Léonor-Joseph Havin (1799 - Torigni, 1868), maire de Torigni, conseiller général de 1833 à 1848, président du Conseil général de 1839 à 1844, député de 1832 à 1849, dirigea le journal Le Siècle.
Éphrem Houël (Torigni, 1807 - 1885), inspecteur général des Haras, initiateur des courses au trot en France, à Cherbourg, en 1836[42].
Arthur Le Duc (Torigni, 1848 - Antibes, 1918), sculpteur.
Annie Lemoine (Torigni-sur-Vire, 1957 -), animatrice de télévision.
Daniel Delattre et Emmanuel Delattre, La Manche les 602 communes, Grandvilliers, Éditions Delattre, , 280 p. (ISBN978-2-9159-0709-4), p. 250.
René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN978-2-35458-036-0), p. 123.
↑Dans le tableau des recensements et le graphique, par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu, pour les populations légales postérieures à 1999 de n’afficher dans le tableau des recensements et le graphique que les populations correspondant à l'année 2006, première population légale publiée calculée conformément aux concepts définis dans le décret no 2003-485 du 5 juin 2003, et les années correspondant à une enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, ainsi que la dernière population légale publiée par l’Insee.
↑Charles-Laurent Salch et Joseph-Frédéric Finó (photogr. Dominique Martinez), Atlas des châteaux forts en France, Strasbourg, Éditions Publitotal, , 19e éd. (1re éd. 1977), 834 p., p. 492.