Dans le milieu des années 1990 il rencontre un succès international en s'inspirant de l'esthétique développée par Gianni Versace, et en propulsant avec Carine Roitfeld, le porno chic comme image d'une maison de mode : il va transformer le vieux maroquinier italien Gucci en une entreprise luxueuse et sexy de premier plan. Il cumule ensuite dans les années 2000, avec moins de succès, la responsabilité de la création du prêt-à-porter pour la marque Yves Saint Laurent. Il est depuis 2005 à la tête d'une ligne de vêtements, de parfums, de maroquinerie et de lunettes de soleil portant son nom.
Exerçant des fonctions bien plus larges que « styliste », son travail de l'image et du marketing au sein de Gucci a été source d'inspiration dans les années suivantes pour de nombreuses maisons de mode souhaitant revenir sur le devant de la scène.
Tom Ford[2] grandit à Santa Fe au Nouveau-Mexique, il ne se destinait pas à travailler dans la mode, il envisageait d'être acteur, cependant, après l'avoir affirmé à plusieurs reprises, Tom Ford à toujours eu un intérêt prématuré pour l'art[3]. À dix-huit ans, il part étudier l'histoire de l'art à l'université de New York, prend des cours de théâtre et apparait dans des spots publicitaires télévisés[4]. En 1980, il quitte l'école et déménage à Los Angeles[3], mais ne correspond pas au canon du californien blond, aussi commence-t-il des études d'architecture bioclimatique à Otis-Parsons à Los Angeles, intéressé par l'architecture et le design intérieur. En 1983, il est accepté à la Parsons School of Design à New York, études qu'il poursuit à l'École Parsons à Paris les deux années suivantes. Les six mois suivants, il effectue un stage en entreprise, au service presse, chez Chloé, celui-ci sera déterminant pour l'orientation de sa carrière vers le stylisme[5]. Il deviendra ainsi un styliste et un homme d'affaires reconnu[6].
Les années Gucci
En 1990, il entre chez Gucci comme designer[7],[8] il devient par la suite le directeur artistique de la marque[9]. il affirme alors son style à travers des modèles très appréciés, remettant au goût du jour les modèles des années cinquante, du petit haut en satin au fameux smoking pourpre[8] et contribue ainsi, avec l'appui de Domenico De Sole, à redonner de l'éclat à Gucci, proche de la banqueroute lorsqu'il l'avait rejointe. Madonna, Bianca Jagger ou encore Gwyneth Paltrow s'affichent en Gucci, ce qui bien évidemment relance la marque et lance définitivement le styliste américain ; le porno chic sera sa quête, Carine Roitfeld et Mario Testino ses armes[8]. Il transforme l'ancien maroquinier vieillissant Gucci en une marque sexy : il renouvelle l'image, la communication, les licences, les boutiques, les gammes d'accessoires, faisant oublier la triste maroquinerie des années 1980 au profit d'un prêt-à-porter qu'il amènera au sommet de la mode mondiale. Il quittera en 2004 la maison Italienne lorsque celle-ci est rachetée par le groupe Pinault-Printemps-Redoute (aujourd’hui rebaptisée Kering)[10].
Les années YSL
En mars 1999, François Pinault, via son groupe Pinault-Printemps-Redoute et son holding Artémis, se porte acquéreur le même jour des maisons de couture Yves Saint Laurent et Gucci[11] pour fonder le groupe Gucci[12], court-circuitant les plans d'acquisition du groupe de luxe LVMH[13]. Tom Ford, souhaitant conserver son pouvoir[14], a mis tout son poids dans la balance pour cette transaction[15], menaçant de quitter Gucci si LVMH en devenait propriétaire[16]. YSL intègre le Gucci Group, et Tom Ford, tout en continuant ses activités de directeur de la création chez le maroquinier italien[13], devient « directeur du pôle Création et Communication de Yves Saint Laurent Couture[16] », sous la responsabilité de Domenico de Sole l'ancien avocat. Déficitaire, la haute couture est séparée et reste sous la direction du tandem Pierre Bergé - Yves Saint Laurent[12],[16]. Il y a maintenant deux pôles au sein de la confection d'YSL : Yves Saint Laurent Haute couture dont le grand couturier s'occupera jusqu'en 2002, et Yves Saint Laurent Couture, en fait le prêt-à-porter de luxe rive gauche et les accessoires, sous la mainmise de Tom Ford[17], aidé entre autres de Prudence Millinery. Alber Elbaz au prêt-à-porter féminin, puis Hedi Slimane à l'homme, quittent la maison[18].
Dès le début, essayant d'appliquer ses recettes de provocation du porno chic à l'ancienne maison de couture, les collections du texan sont un échec[19],[8]. Défilé après défilé, les critiques se font entendre, des médias ou en interne. Yves Saint Laurent ne reconnait pas son héritage dans le travail de Tom Ford[20], et le fait savoir publiquement.
Son activité de directeur artistique chez Gucci étant toujours reconnue, il est élu en 2000 meilleur designer international lors de la première cérémonie des VH1/Vogue Awards à New York[7]. Mais son défilé de l'année suivante, le premier pour rive gauche homme, reçoit encore des critiques négatives[21]. Pourtant, peu à peu, avec ce qui sera ses dernières collections chez YSL, Tom Ford rencontre un succès d'estime à défaut d'un succès commercial[14]. De façon plus générale, les reproches émanent essentiellement des médias français alors que les États-Unis soutiennent le styliste face à ses choix radicaux pour l'ancienne maison de couture. En 2001, il reçoit de nombreuses récompenses, et l'année suivante le prix du meilleur designer, pour la gamme d'accessoires YSL, par le renommé Conseil des créateurs de mode américains. La marque multiplie le nombre de boutiques par quatre[22], mais les ventes ne sont pas au rendez-vous, et les lancements de nouveaux parfums, sources de revenus importants, ne fonctionnent pas[8].
En 2003, les tensions entre le duo Tom ford - Domenico de Sole et PPR se font de plus en plus sentir, la renégociation du contrat de Tom Ford devient houleuse[23],[24], les deux parties n'arrivant pas à trouver un terrain d'entente[14]. Si son action chez YSL obtient un bilan plus que mitigé venant de la presse, son historique chez Gucci reste spectaculaire, mais il se dit obligé de partir[24]. La presse et les grands acheteurs s'inquiètent, craignant la chute de Gucci en cas de départ de Tom Ford[24].
Finalement, il quitte Gucci et YSL[25] en avril 2004 après les défilés prêt-à-porter[7],[23] de Milan puis Paris : il présente une dernière collection dite « Chinoise », et est salué par ses pairs Valentino, Alexander McQueen, mais également Stella McCartney[26].
Retour aux États-Unis
Il rejoint finalement la maison Estée Lauder, pour laquelle il dirige la création d'une nouvelle ligne de produits de beauté.
Tom Ford lance aux États-Unis sa propre ligne de vêtements[7] luxueux, et a même ouvert un premier magasin à New York.
En 2008, Tom Ford est choisi pour créer les costumes du célèbre agent secret James Bond dans le film Quantum of Solace ainsi que dans Skyfall plus tard[27].
En 2011, il est classé comme étant la 28e personne la plus influente du monde par le Time 100[30]. Cette année-là, Tom Ford soulève de nombreuses critiques, ne voulant présenter ses collections qu'à quelques invités sélectionnés[31] et surtout sans photo[32], comme il l'avait fait l'année précédente[33],[34] ; bien que soutenu dans cette initiative par quelques-uns, dont l'influente Franca Sozzani[35], il reçoit durant les mois suivants des commentaires négatifs à peine masqués comme celui de la respectée Cathy Horyn, de Amy Odell qui offre à ses lecteurs un avis plus tranché[36], ou celui très acerbe de Virginie Mouzat : « Commence ainsi ce qui va lentement tourner au cauchemar. Dès les premiers passages, on est frappé par l’apparence démodée d’une collection façon Gucci d’il y a plus de dix ans. […] la collection Tom Ford fait de sa cliente une professionnelle… de la vulgarité. Tom Ford, ce pape du glam, fût-il porno-chic, embarrasse. Les minutes qui vont suivre enfoncent ce pénible fashion faux pas. Tom Ford apparaît. S’avance. Et reste là demandant aux gens de se lever. Mais tout le monde regarde ses pieds. […] Sauf qu’ici on ne se lève toujours pas. »[n 1].
En 2013, le rappeur américain Jay-Z lui rend hommage dans la chanson Tom Ford. La même année, il participe au clip vidéo de Queenie eye de Paul McCartney. En 2014, il a un premier petit garçon nommé Jack[9] avec l'aide d'une mère porteuse Alexander John Buckley Ford, avec son mari Richard Buckley.
En , une vidéo comprenant la participation de Lady Gaga sort pour promouvoir la collection été 2016 de la marque[37].
En 2023, le styliste annonce le rachat de son entreprise par le groupe Estée Lauder[40] pour plus de deux milliards de dollars[41]. À la suite de cette séparation, Tom Ford expose le 27 avril la dernière collection féminine de sa marque[42].
Distinctions
Tom Ford est plusieurs fois récompensé par le Conseil des créateurs de mode américains[43] au cours de sa carrière : pour la première fois en 1995, avec le prix « International Designer of the Year Award ». Il reçoit en 2001 le prix du vêtement féminin (« Womenswear Designer of the Year »), l'année suivante pour son rôle dans la maison Yves Saint Laurent avec le prix « Accessory Designer of the Year » et en 2008 celui du meilleur vêtement masculin (« Menswear Designer of the Year »).
Plusieurs stylistes dont Tom Ford, tentent de varier et d'innover avec de nouvelles façons de démontrer leur défilé. Tom Ford a récemment fait son défilé sous forme de vidéo[44]. Il met aussi dans la plupart de ses défiler l'accent sur le féminisme et le «pussy power» pour désigner le pouvoir féminin[45].
↑Court extrait de son article du Figaro repris par plusieurs médias dont le New York Magazine ou Hint Fashion Magazine. Un extrait plus long est disponible sur la page de Virginie Mouzat