Le livret est publié en 1943[1],[2] et ses pages recèlent aussi le texte de la Déclaration interalliée du 17 décembre 1942 et l'extrait d'une déclaration du vice premier ministre Stanisław Mikołajczyk prononcée le . Le document est publié dans l'intention d'attirer l'attention sur la « Solution finale » et de dissuader les Allemands de poursuivre sa mise à exécution[9].
Bien que le document fournisse d'abondantes informations sur la persécution et l'assassinat des Juifs en Pologne, l'effet sur le public demeure limité car de nombreuses personnes ne vivant pas en Europe sous domination nazie peinent à croire que les Allemands entreprennent l'extermination systématique des Juifs. Jan Karski avait effectué de nombreux déplacements clandestins en Pologne occupée et s'était échappé pour avertir les Alliés ; en 1943, il rencontre Felix Frankfurter, juge de la cour suprême des États-Unis et par ailleurs juif. Frankfurter déclare qu'il ne pense pas que Karski mente mais qu'il ne peut pas ajouter foi à son témoignage. Toutefois, ce livret a sensibilisé les lecteurs quant à l'assassinat des Juifs et d'autres personnalités politiques dans le monde se sont inquiétées de la situation[10].
Des auteurs modernes ont cherché à comprendre pourquoi ce rapport n'a pas été émis plus tôt, puisque le gouvernement polonais en exil était informé régulièrement par l'État clandestin, le Union générale des travailleurs juifs(en) et d'autres sources. Emanuel Ringelblum, qui a tenu une chronique du ghetto de Varsovie, a accusé l'État clandestin de refuser de transmettre les informations sur l'assassinat des Juifs ; il estime que l'État clandestin ne s'y est résolu qu'après des demandes répétées de la part des Juifs. Toutefois, la colère de Ringelblum s'est principalement tournée vers le gouvernement en exil, qui n'avait rien dit de l'assassinat des Juifs de Varsovie entre juillet et septembre 1942, malgré des preuves convaincantes. D'après Ignacy Schwarzbart (l'un des deux membres juifs du gouvernement en exil), les Polonais ont craint qu'attirer l'attention sur les souffrances des Juifs ne risque de détourner les Alliés des souffrances subies par les Polonais. Certains historiens ont accepté cet argument ; d'autres estiment que le problème résidait plutôt dans le choc et l'incrédulité que l'information soulèverait ; et d'autres ont adopté une vision de synthèse[7].
En 2013, un exemplaire du livret est vendu aux enchères à Paris pour un montant de 21 000 euros[11]. En janvier 2021, Bibliothèque et Archives Canada annonce l'acquisition d'un exemplaire du livret et prévoit de le verser à la « collection Jacob-M.-Lowy, qui contient d’autres documents importants sur l’Holocauste »[12].
↑Titre complet : The Mass extermination of Jews in German occupied Poland : note adressed to the Governments of the United Nations on December 10th, 1942, and other documents : « L'extermination de masse des Juifs dans la Pologne sous occupation allemande. Note adressée aux gouvernements des Nations unies le 10 décembre 1942 ».
Références
↑ a et bDan Kurzman, The Bravest Battle, (ISBN9780399116926, lire en ligne), « The Mass Extermination of Jews in German-Occupied Poland. London: Hutchinson, 1943. », p. 393
↑ a et b(en) Republic of Poland, The Mass Extermination of Jews in German Occupied Poland, London, New York, Melbourne, Hutchinson (on behalf of the Polish Ministry of Foreign Affairs), (lire en ligne)
↑ ab et c(pl) Stanisław Wroński, Polacy i Żydzi 1939–1945, (eng. "Poles and Jews" 1939–1945), Warsaw, Książka i Wiedza,
↑ a et b(en) David Engel, In the Shadow of Auschwitz: The Polish Government-in-exile and the Jews, 1939–1942, UNC Press Books, (ISBN9781469619576) page 200
↑(en) Joshua D. Zimmerman, The Polish Underground and the Jews, 1939–1945, Cambridge University Press, (ISBN9781107014268, lire en ligne), p. 181
↑ a et b(en) David Cesarani et Sarah Kavanaugh, Holocaust: Responses to the persecution and mass murder of the Jews, Psychology Press, (ISBN9780415318716, lire en ligne)
↑(en) « Poland », sur Yad Vashem (consulté le ) : « By the end of 1942 a large majority of Poland’s Jews had been killed. »
↑(en) Hans-Christian Petersen, Antisemitism in Eastern Europe: History and Present in Comparison, Peter Lang, (ISBN9783631598283, lire en ligne), p. 17