Théodore Mayi Matip serait né en 1928 ou en 1917. Il est le fils d'un chef traditionnel dans la commune d'Éséka[1], au Cameroun. Il effectue ses études primaires à l'école primaire supérieure de Foulassi, dans la région du Centre du Cameroun[2]. Par la suite, il devient secrétaire à la police. Il adhère à la Jeunesse démocratique du Cameroun (JDC), un mouvement proche du principal parti d'opposition de l'époque coloniale, l'Union des populations du Cameroun (UPC). Selon certaines sources, il aurait également exercé la fonction de journaliste[1]. Malgré l'opposition de plusieurs militants de la JDC, qui le considéraient comme un soutien de l'administration coloniale[réf. nécessaire], il devient proche du leader de l'UPC, Ruben Um Nyobè[2]. Il rejoint ensuite le Rassemblement démocratique africain (RDA) et en 1949, fait partie de la délégation camerounaise lors du congrès de l'Organisation des Nations unies (ONU). À la suite de la répression du , qui a fait de nombreuses victimes parmi les membres de l'UPC, il se joint à ses camarades dans la lutte clandestine appelée « maquis »[3].
En septembre 1958, après de nombreux guet-apens contre Ruben Um Nyobè, le poste de commandement de l'UPC est localisé. Informé par ses éclaireurs, il s'enfuit accompagné de quelques militants, dont Mayi Matip[4], mais est rattrapé et abattu par l'armée coloniale[5] près de Libelingoï[6].
Le rôle joué par Théodore Mayi Matip dans la mort du leader politique reste pour le moins ambigu. En effet des interrogations persistes, notamment le fait qu'il soit l'un des rares survivants de ce massacre[7],[8]. Une version envisage qu'il se soit rendu de son plein gré aux autorités coloniales après le décès de Ruben Um Nyobè[9]. Ses prises de positions politique et son ralliement au parti au pouvoir alimentent les soupçons sur le rôle qu'il a pu jouer[2], ce qui a provoqué une rupture avec plusieurs militants exilés, notamment Félix-Roland Moumié, Ernest Ouandié, et Abel Kingué. Augustin Frédéric Kodock l'a finalement rendu complice de la mort de son chef[8].
↑Achille Mbembe, La naissance du maquis dans le Sud-Cameroun, 1920-1960 : histoire des usages de la raison en colonie, Karthala, Paris, 1996, p. 380 (ISBN2-86537-600-1)
↑Achille Mbembe, « Le réveil du Cameroun. Pouvoir des morts et langage des vivants : Les errances de la mémoire nationaliste au Cameroun », Politique africaine, no 22, , p. 66 (lire en ligne)
Annexes
Bibliographie
Théodore Mayi Matip, L´Univers de la Parole, Editions Clé, 1983, 106 p.
Alain Claude Ngouem, Théodore Mayi Matip : Initié pour la Patrie, DÉDÉ, 2017, 200 p.
http://www.kamerun-lesite.com, le site du livre Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique, de Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, La Découverte, 2011.