Le Teatro Malibran, dont le nom a changé plusieurs fois depuis sa création, en commençant par Teatro San Giovanni Grisostomo (ou Crisostomo) d'après le nom de l'église voisine[1], est une salle d'opéra à Venise qui a été inaugurée en 1678 avec la création de l'opéra Vespasiano de Carlo Pallavicino. En 1683, il a été décrit comme « le plus grand, le plus beau et le plus riche théâtre de la ville »[2].
Richement décoré, le théâtre se compose de cinq niveaux de trente loges et d'un grand parterre garni de sièges.
Le Teatro San Giovanni Grisostomo
Conçu par Thomas Bezzi pour la famille Grimani, le théâtre est devenu la plus grande scène, la plus luxueuse et extravagante de Venise, connue pour ses productions somptueuses et ses chanteurs de haute qualité tels que Margherita Durastanti, prima donna entre 1709 et 1712. Au cours de son âge d'or, la scène a servi aux créations de très grands compositeurs tels qu'Alessandro Scarlatti dont l'opera seria, Mitridate Eupatore, a été créé le , Georg Friedrich Haendel dont l'Agrippina a été créée le .
Pendant les années 1730, le San Giovanni Grisostomo a commencé un lent et inexorable déclin, malgré les efforts pour maintenir sa position à la tête des théâtres vénitiens jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. En 1737, lorsque Carlo Goldoni a été placé à la tête de la scène vénitienne, des œuvres en prose ont commencé à être représentées (dont plusieurs de ses propres comédies). Par la suite, en raison de sa taille considérable, la famille Grimani a décidé d'ouvrir un petit théâtre en 1755, le San Benedetto. L'ouverture de cette nouvelle salle a conduit à la fin de la suprématie du San Giovanni, qui a connu une lente diminution du nombre des représentations.
Repris par la municipalité en 1797, il a été appelé Teatro Civico. Après la chute de la république de Venise et la fin de l'occupation française, le théâtre a été parmi les rares à ne pas être fermés.
le Teatro Malibran
En 1819 le théâtre a été vendu à Giovanni Gallo, qui en 1834 l'a restauré, le rebaptisant une première fois Teatro Emeronittio (car il restait ouvert de jour comme de nuit) et puis une seconde fois, en 1835, Teatro Malibran, en signe de gratitude envers Maria Malibran, la grande cantatrice qui le de cette année, avait interprété dans ce théâtre, La sonnambula de Vincenzo Bellini. Elle avait été fortement consternée par l'état de l'édifice, et avait renoncé à son cachet pour aider à le réparer[1].
En 1849, le retour des Autrichiens à Venise a provoqué la fermeture de tous les grands théâtres de Venise à cause de la résistance de la ville, à l'exception du Malibran.
Le fils de Gallo a repris le théâtre en 1852. La salle a été vendue aux enchères en 1886 et alors totalement redécorée dans le style égyptien[1]. Elle a été fermée pendant six ans après une seule saison d'opéra en 1913 en raison de problèmes de sécurité, mais elle a rouvert ses portes pour présenter l'Otello de Verdi en . Le Malibran a alors été utilisé pour représenter des opéras, des opérettes, et même projeter des films durant la première moitié du XXe siècle.
En 1992, la municipalité de Venise a acheté le théâtre, et a entrepris des actions pour le rénover, surtout après 1996, car à la suite de la destruction du Teatro La Fenice, le Malibran devenait indispensable. La décision a été prise de respecter l'ensemble de la structure architecturale originale plutôt que de changer radicalement les installations. Lors de la restauration, la fosse d'orchestre a été élargie et un bassin souterrain énorme a été construit pour recueillir l'eau des inondations occasionnelles de Venise qui auraient rempli d'eau l'ensemble du théâtre.
Le Malibran est devenu le siège temporaire de l'orchestre de la Fenice et, après une décennie de travail, le Malibran avec une capacité de 900 sièges a été rouvert le par le président Carlo Azeglio Ciampi, avec un concert de gala qui comprenait des extraits d'opéras de Verdi (on commémorait le centenaire de sa mort), de Bellini (on commémorait le bi-centenaire de sa naissance) et quelques extraits de musique de Wagner. Le théâtre continue de fonctionner aussi bien comme un lieu alternatif pour les productions de La Fenice, que pour des productions qui lui sont propres.
Lynn, Karyl Charna (2005), Teatro La Fenice and Teatro Malibran, Venice, Italian Opera Houses and Festivals. Lanham, MD: The Scarecrow Press. (ISBN0-8108-5359-0)
Plantamura, Carol (1996), Italy: The Birthplace of Opera, The Opera Lover's Guide to Europe. Citadel Press. (ISBN0-8065-1842-1)