Sur une idée du président Mao Zedong, le gouvernement chinois lance le plus gros chantier de transfert d'eau au monde : « Nan Shui Bei Diao », littéralement « Sud Eau Nord Déplacer ». L'objectif : acheminer l'eau du sud vers le nord du pays, et notamment du fleuve Yangzi Jiang vers la capitale Beijing. Les conséquences : les déplacements de population et le bouleversement des écosystèmes.
Adrien Mitterand (Critikat) estime que « par un montage tout en collisions de textures et compressions du temps, le cinéaste parvient à transformer en expérience esthétique et émotionnelle l’implacable mise au pas d’un territoire[5]. »
Clément Ghys (Libération) se réjouit que « la dimension humaine ne cesse de prendre de l’importance au fil du film, d’abord silencieux puis rempli des paroles dénonciatrices de citoyens furieux. À la démence de Nan Shui Bei Diao, Antoine Boutet lui oppose des témoignages[6]. »
Le réalisateur recueille par moments des témoignages sur d'autres problèmes de démocratie en Chine. Selon Marie Soyeux (La Croix), « ce choix confère au documentaire une poésie certaine, et d’étonnantes digressions. Il peut aussi finir par perdre son spectateur, donnant le sentiment que certains témoignages ont été maladroitement greffés à l’ensemble[7]. »
Pour Nicolas Azalbert (Cahiers du cinéma), « Boutet ne se contente pas, dans un seul souci esthétique, de filmer les assèchements dus au transfert d'eau, il se concentre aussi sur leurs sédiments, conséquences politiques qu'ils entraînent[8]. »
Concernant la population, le sous-titrage parle de « migrants » alors qu'il s'agit de déplacés.
Antoine Boutet a filmé un autre chantier de barrage chinois dans son documentaire Zone of Initial Dilution, sorti en 2006. Cette année-là, le cinéaste chinois Jia Zhangke tournait deux films sur le même sujet.