Fils cadet du duc Léopold Ier de Lorraine et de la duchesse née Élisabeth-Charlotte d'Orléans, le prince Charles Alexandre de Lorraine était le frère du duc François III qui dut échanger la Lorraine et le Barrois contre la Toscane en 1736 et épousa la même année l'archiduchesse Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780), héritière des possessions de la Maison d'Autriche. Charles-Alexandre fut nommé gouverneur des Pays-Bas autrichiens en 1741. En 1744, il épousa l'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche sœur unique de Marie-Thérèse, qui mourut en couches en décembre de la même année. Tout en conservant sa fonction, il fut nommé Grand-maître de l'Ordre Teutonique. Général malheureux, il fut certainement l'un des gouverneurs les plus populaires ce qui explique la raison d'être de la statue que ses sujets voulurent lui élever de son vivant.
Quand le magistrat de Bruxelles et les États de Brabant décidèrent, en 1769, l'érection d'une statue en bronze de Charles de Lorraine pour le vingt-cinquième anniversaire de sa régence, on voulut d'abord en confier l'exécution à Laurent Delvaux mais ce dernier ne consentit qu'à fournir I'effigie en bronze[1].
La statue fut réalisée par Verschaffelt en 1774-1775[3],[4], offerte au gouverneur par les États du Brabant à l'occasion du jubilé de son gouvernement[2] et inaugurée le .
Cette statue pédestre représente Charles de Lorraine en empereur romain, c'est-à-dire en chef d'armée[5] et déroge au modèle de la statue équestre traditionnellement en usage sur les places royales françaises du XVIIIe siècle : le prince ne se présente pas en général vainqueur mais met plutôt l'accent sur ses compétences à assurer un bon gouvernement, ce qui peut s'expliquer par les défaites militaires essuyées à cette époque par l'Autriche et par Charles de Lorraine[2].
La statue est renversée le par les révolutionnaires français et rétablie le lorsque les Autrichiens reprennent Bruxelles aux Français[6].
Mais, en 1794, les Pays-Bas autrichiens sont repris par les Français : la place Royale est rebaptisée place de la Liberté et la statue de Charles de Lorraine est à nouveau renversée, fondue et remplacée par un arbre de la Liberté jusqu'en 1814[6],[3].
La seconde statue (Jehotte, 1848)
L'érection d'une nouvelle statue fut décrétée par arrêté royal du [7].
La nouvelle statue fut réalisée par le sculpteur Louis Jehotte et inaugurée le [7].
Jehotte s'est servi, pour modeler la tête du prince, du masque qui a été moulé sur son visage après sa mort, survenue au château de Tervueren le [7].
Le monument, érigé au centre d'un petit square situé à l'angle nord-est de la place du Musée, est constitué d'un piédestal en pierre bleue portant une statue en bronze de Charles de Lorraine.
↑ a et bGeorges Willame, Laurent Delvaux (1696 - 1778), G. Van Oest & O, éditeurs, 1914
↑ ab et cChristophe Loir, « Un espace urbain d'une étonnante modernité : le quartier Royal », dans Espaces et parcours dans la ville : Bruxelles au XVIIIe siècle, Éditions de l'Université de Bruxelles, , p.60-61.
↑ a et bBouwen door de eeuwen heen in Brussel, Stad Brussel 1B, Binnenstad H-O, Pierre Mardaga éditeur, 1993, p.228
↑Diane Hennebert, Bruxelles revisitée, La Renaissance du Livre, 2002, p.89
↑ a et bChristophe Loir, « La chute des idoles à la fin de l'ancien régime : le cas de la place Royale à Bruxelles », dans L'idole dans l'imaginaire occidental, Éditions l'Harmattan, , p.234-235.
↑ ab et cPol Meirsschaut, Sculptures de plein air à Bruxelles, Emile Bruylant, éditeur, 1900, p.33