Stanislas Jasinski est né à Ixelles. Son père, Thomas Jasinski, est d’origine polonaise et a obtenu la grande naturalisation. Il était lui-même un grand architecte : il est l’auteur notamment de la demeure Firwood (détruite en 2007) du Prince d’Orange qui se situe à la lisière de la Forêt de Soignes et de la Chaussée de Waterloo. Sa mère, Amandine de Mazière, est une cantatrice connue. Le décès de ses parents survient en 1911 et son tuteur sera le peintre Alfred Bastien. Par la force des événements, Stanislas Jasinski est devenu un autodidacte. C’est en 1918 qu’il prit nettement conscience de sa vocation architecturale. Le stage était en principe obligatoire mais grâce à la maîtrise de ses dessins, il fut admis dans les ateliers de Victor Horta, où il prit une part active aux études d’extension de l’hôpital Brugmann. En 1919, il part dans les régions dévastées du Nord de la France, où d’emblée il se voit confronté à de nouvelles et dures réalités d’ordre pratique. Le récent conflit mondial a provoqué des destructions massives. Les champs de bataille, les villes détruites et leurs ruines constituent une matière de « leçon d’anatomie » ce qui sera très précieux pour un jeune constructeur attentif. Revenu en Belgique en 1922, il rencontre l’urbaniste Louis Van der Swaelmen qui l’engage à aller en Hollande où d’importants travaux ont été exécutés durant la période 1914-1918. De 1923 à 1924, Jasinski travaille à Paris chez l’architecte J.Mauge. Entre-temps, il rend visite à l’architecte Robert Mallet Stevens, rencontre les frères Perret, et à diverses reprises, le Corbusier. Celui-ci aura sur la carrière du jeune architecte une influence déterminante. En 1923, les frères Bourgeois et Pierre-Louis Flouquet fondent un hebdomadaire de combat : le journal « 7 Arts » qui constituait à cette époque un catalyseur de rassemblement au sein du comité de rédaction. Les artistes jeunes et enthousiastes sont entièrement voués aux principes d’une synthèse des arts plastiques et lyriques.
En 1927, Henry Van de Velde s’adjoint la collaboration de Jasinski pour différents projets dont la Maison Cohenavenue Franklin Roosevelt. Ayant terminé entre-temps la construction de plusieurs immeubles à usage privé, il se voit confier, à la suite d’un concours, la construction de l’aéroport d’Anvers-Deurne dont l’achèvement coïncide avec l’Exposition Internationale d’Anvers en 1930.
En 1931, il visite la Russie soviétique. Il étudie sur place les réalisations architecturales dues au nouveau régime. En 1933, il participe au concours pour la construction de l' institut Jules Bordet et Paul Héger. Son projet est retenu pour son exécution et sera réalisé en collaboration avec Gaston Brunfaut. Durant l’été 1935, il visite la cité de New York et ses hôpitaux, pour y confronter les diverses réalisations. Très impressionné par la visite des grands chantiers de construction, il constate et apprécie sur place les résultats surprenants d’une technique hautement évoluée et normalisée. Il revient en Europe profondément convaincu de la nécessité urgente d’une réforme technique dans un domaine où l’Europe marque le pas.
Aux immeubles à usage d’habitation qu’il réalise de 1935 à 1939, Jasinski s’efforce d’appliquer le principe d’une modulation dont les résultats lui paraissent probants quant à l’amélioration du produit fini. Modulation, industrialisation, tel est désormais le vocable auquel aura recours le technicien, soucieux de perfectionnements, dans un domaine où les méthodes d’exécution lui paraissaient alors onéreuses et surannées.
Réduit à une activité forcée durant la période de guerre 40-45, il reprend ses études de peinture et de dessin (qu’il n’avait jamais vraiment abandonnées). Dès l’après-guerre, vers 1948, il se concentre sur ce qu’il tient pour le problème clé en matière d’architecture: l’urbanisme.
La rue bruyante, malsaine et généralement mal orientée en tant qu’organe urbain lui paraît condamnée. Fidèle à l’enseignement du Corbusier, il nourrit le souci d’implanter ses immeubles en pleine végétation. Du fait même de la libération du plan, l’orientation Sud-Est, Nord-Est, la meilleure sous les latitudes belges, est celle qu’il recherche désormais. Les garages sont en sous-sol et recouverts de gazon, donc invisibles et insonores.
De ces études et de ces préoccupations, les lotissements du Vert Chasseur, offrent un exemple des plus caractéristiques.
En 1960, il fut appelé auprès de l’administration de la R.T.B/B.R.T afin de participer, avec un groupe d’autres architectes, aux installations actuellement érigées à l’emplacement de l’ancien tir national.
De 1962 à 1968, il réalise deux importants complexes d’immeubles à appartements à Uccle, la Résidence Eden Green et le Vert Chasseur, remarquables par leur harmonisation avec la nature environnante.
Durant la dernière décennie de sa carrière, il synthétise sa pensée en matière d’urbanisme dans une série d’écrits inédits où il tente de dégager des solutions nouvelles[5].
A propos d’un sauvetage de l’architecture, « Les Beaux-Arts », Bxl., N°1935,
La résidence « Grande Clarté », « La Maison », N°4,
Intégration des arts, « Les Beaux-Arts », N°1070,
Le Corbusier est entré en survivance, « La Maison », Bxl.,
Phénoménologie du gratte-ciel, « Le Phare »,
Pour rendre la ville plus rationnelle et plus humaine, « Le Phare Dimanche », Anvers,
Encore l’intégration des arts, « La Maison », Bxl.,
Les 3 parts et leur pratique dans l’aménagement de la cité, « La Maison », Bxl.,
Problèmes d’urbanisme. Quelques criantes et graves anomalies, « Le Phare Dimanche », Anvers,
Urbanisme et Contestation, « Revue Générale », N°
A propos d’un concours d’architecture, « Le Phare Dimanche », Anvers,
Intérieur, « Construction », N°13,
L’Urbanisme dans les grands centres urbains, Ville, Organe vivant, « Moniteur de la Construction », N°1289,
Où va l’architecture ? Pollution de la laideur, « Revue Générale », N°6-7, 1974
Le Corbusier et la Charte d’Athènes, « Espace », Bxl., N°1, 1975
Pollution et rénovation urbaine, « Impact », Bxl., N°99,
L’urbanisme et les enquêtes publiques, « Jalons et Actualités pour les Arts », Bxl., N°34,
Un architecte en visite au Centre Pompidou, « Revue Générale », Bxl., N°8-9,
Ses conférences
Commentaires par Jasinski et le Corbusier de deux films sur l’architecture de P.Chenal et W.Basse, Palais des Beaux-Arts (Le Club de l’écran), Bxl.,
Le Corbusier,
L'influence et le rôle de la femme dans l’architecture d’aujourd’hui. Cercle Travail et Solidarité. Union Colonial, Bruxelles,
Réflexions après un voyage en U.R.S.S, Société pour les relations culturelles entre la Belgique et l’U.R.S.S, 1934
Intervention au Congrès de l’habitation, Bruxelles, 23-
L'évolution du sens esthétique dans ses rapports avec le domaine de l’économie, aux Journées d’études organisées par l’Office provincial de Namur,
L'influence des techniques nouvelles sur l’architecture, intervention au 21e Congrès National de la Fédération royale des Soc. D’Arch. De Belg., Liège, Palais des Congrès,
Les voiles prétendus, au 21e Congrès nat. De la Féd. Royale des Soc. D’arch. De Belg. (bulletin du congrès, )
Comment serons-nous logés dans 20 ans ? Au centre belge du Bâtiment, Bruxelles,
Propos sur l’architecture moderne, (« Architecture 62 », N°67, 1962)
L'avenir de l'architecture, à l’association royale des architectes de la province de Namur,
Hommage à P.L. Flouquet pour son 65eme anniversaire (« La Maison », )
Pourquoi faut-il être de son temps ? au Rotary Club de Zeebrugge, Bxl,
La femme choisit-elle son logement ? à l’Union des Femmes Belges,
Économie et Technique de la construction des rapports avec la tradition et l'industrialisation, à la société National du Logement, Namur,
L'architecte L. Stynen, à l'occasion de la remise de la médaille d’or (« SCAB », N°9-10-11, )
Interview de Sta. Jasinski par Christian Bussy, émission « Art-Hebdo », R.T.B. ,
↑Paula Cordero, Sarah Moutury, Vincent Heymans, Le quartier de l'avenue Franklin Roosevelt, Collection Promenades bruxelloises, Ville de Bruxelles, Cellule Patrimoine historique, 1999, p. 6