Dès la fin de ses études, Sadao Yamanaka entre dans la société de production de Masahiro Makino, puis dans celle de l'acteur Kanjūrō Arashi, pour lequel il écrit de nombreux scénarios. Il réalise son premier film en 1932 : Le Sabre de chevet (Dakine no nagawakizashi). En 1933, il est engagé par la Nikkatsu, puis, en 1937, invité par le P.C.L. (Laboratoires photochimiques), ancêtre de la future Tōhō. Là, il réalise son ultime film, Pauvres Humains et Ballons de papier, considéré comme l'un des plus grands du cinéma japonais.
Sadao Yamanaka reçoit son ordre de mobilisation le jour même de la sortie de Pauvres Humains et Ballons de papier, dans l'après-midi, il se rend chez Ozu à Takanawa en compagnie du réalisateur Eisuke Takizawa et du critique Matsuo Kishi pour lui annoncer la nouvelle[2]. Il est incorporé comme caporal d'infanterie de la seizième division de Fushimi à Kyoto. Envoyé en Mandchourie, il participe à la bataille de Nankin à la fin de l'année 1937[2]. En , il reçoit la visite de Yasujirō Ozu alors qu'il est stationné à Jurong dans la province de Jiangsu dont la capitale est Nankin[2].
Yamanaka participe ensuite à la bataille de Xuzhou, pour dynamiter ponts et fortifications de l'armée chinoise le long du Fleuve Jaune, il doit comme tant d'autres ramper dans la boue à demi-nu[2]. En , il tombe malade, atteint d'une gastro-entérite aiguë, il est d'abord soigné dans le campement militaire puis transféré à l'hôpital de Kaifeng où il ne peut se rétablir, Sadao Yamanaka meurt en septembre 1938 à l'âge de 28 ans[2].
Selon Donald Richie, « le meilleur des réalisateurs du nouveau jidaigeki fut peut-être Sadao Yamanaka. (...) Son ambition était de moderniser davantage encore le film historique. Ce projet figure dans le manifeste d'un groupe de huit jeunes cinéastes japonais qui se nommait le Narutaki-gumi, d'après le district de Kyoto où ils habitaient et écrivaient sous le pseudonyme commun de Kajiwara Kinpachi. Yamanaka, (...), ne s'intéressait ni aux héros nihilistes ni aux sauveurs de l'humanité. Il voulait plutôt "filmer le gendaigeki comme on filme les jidaigeki contemporains", c'est-à-dire tourner le genre de films qu'Hiroshi Inagaki appelait un "drame contemporain avec chignon de samouraï. »[4]
Le cinéma de Sadao Yamanaka présente certaines affinités avec celui d'Ozu. « Tous deux se servaient de techniques qu'on reconnaîtrait aujourd'hui comme minimalistes. Ils dépouillaient le plateau de tout ce qui n'était pas essentiel : ils réduisaient au minimum les gestes des acteurs ; ils exprimaient leurs idées indirectement, par des plaisanteries, des apartés et des conversations brèves et suggestives. »[5]
Sauf indication contraire, les titres en français se basent sur la filmographie de Sadao Yamanaka dans l'ouvrage Le Cinéma japonais de Tadao Satō[8] et les titres en rōmaji se basent sur la filmographie de Sadao Yamanaka dans l'ouvrage A Critical Handbook of Japanese Film Directors d'Alexander Jacoby[9].
1932 : Genta d'Iso : Le Sabre de chevet(磯の源太 抱寝の長脇差, Iso no Genta : Dakine no nagadosu?)
En 2023 sort un court métrage d'animation muet d'une durée de 25 minutes en hommage à Sadao Yamanaka et intitulé Nezumi kozō Jirokichi(鼠小僧次郎吉?). Il est réalisé par Rintarō et la conception des personnages est confiée à Katsuhiro Ōtomo[11]. Le film dépeint les efforts de Sadao Yamanaka pour produire Nezumi kozō Jirokichi: Edo no maki en 1933[11]. Il est projeté en avant première le lors de la première édition du Festival du film d'animation de Niigata[12].
↑ abcd et eTerui Yasuo (trad. Josiane Pinon-Kawatake), Ozu, hors-champ : Sérénité et turbulencences, un complément biographique aux Carnets d'Ozu 1933-1963, Carlotta Films, , 233 p. (ISBN979-10-93798-22-6), p. 80-86.
↑(en) Alexander Jacoby, A Critical Handbook of Japanese Film Directors : From the Silent Era to the Present Day, Berkeley, Calif., Stone Bridge Press, , 398 p. (ISBN978-1-933330-53-2), p. 354.
↑(en) Alexander Jacoby, A Critical Handbook of Japanese Film Directors : From the Silent Era to the Present Day, Berkeley, Calif., Stone Bridge Press, , 398 p. (ISBN978-1-933330-53-2), p. 356 et 357.