Au Moyen Âge, selon une pratique courante, l'emplacement prend d'abord le nom des corps de métiers qui y sont installés : les menuisiers (Apud Scrinium en 1282, Vicus zum Schrine ou Schrinesgesselin en 1311, Schrinesgasse en 1331), les pelletiers (Under Kürsenern, du XIIIe au XVe siècle). La référence au savon apparaît en 1544 (Seifengässelin). On la doit à la présence de Nicolas, de Franckenheim, et de Valentin, de Dürningen, des fabricants de savon (saponarii) établis au no 3. Se succèdent ensuite : Seifengasse (1580), rue du Savon (du XVIIIe au XIXe siècle et en 1918), rue de la Bonne Foi (1794), Seifengässchen (1872, 1940) et, à nouveau, rue du Savon depuis 1945[2],[1].
Selon Adolphe Seyboth, la « ruelle du Savon » formait jusqu'en 1798 l'extrême limite de la rue Sainte-Hélène, qui n'était alors qu'une impasse. À cet endroit s'ouvraient les cours du Poêle des tanneurs et du Poêle des drapiers[2].
En 1870, lors du siège de Strasbourg, le quartier de la Grand-Rue est endommagé et plusieurs obus tombent sur des maisons de la rue du Savon[3].
La rue est à nouveau touchée, plus sévèrement, au cours du bombardement du 11 août 1944, comme en témoignent des images d'archives prises lors des opérations de déblaiement[4].
À partir de 1995, des plaques de rues bilingues, à la fois en français et en alsacien, sont mises en place par la municipalité lorsque les noms de rue traditionnels étaient encore en usage dans le parler strasbourgeois[5]. La rue est ainsi sous-titrée Seifegässel.
Formant l'autre angle avec la rue Sainte-Hélène, l'immeuble a été construit vers 1900 et réhabilité en 2012 [7].
Angle du no 1.
Porte du no 1.
Angle du no 2.
no 4, 6, 8
En 1620[8], le mathématicien, astrologue et astronome Eberhard Welper[9] acquiert une maison dans la rue (no 4) et y installe une imprimerie qui reste pendant un siècle aux mains de ses descendants directs. Le no 6 est également occupé par plusieurs imprimeurs au XVIIIe siècle[2].
Lors du bombardement de 1944, les maisons situées aux nos 4, 6 et 8 sont détruites[10]. Sur ce terrain une petite place a été aménagée, sur laquelle donnent les façades arrières de plusieurs maisons.
La façade principale, dotée d'un oriel, de la maison qui forme l'angle avec le no 89 de la Grand-Rue fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis 1929[11]. Les façades secondaires donnent dans la ruelle ou sur la petite place au centre de la rue.
Angle de la Grand-Rue.
nos 89 et 91 de la Grand-Rue.
La Grand-Rue depuis la placette.
Notes et références
↑ a et bMaurice Moszberger (dir.), « Savon (rue du) », in Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger, Barr, 2012 (nouvelle éd. révisée), p. 105 (ISBN9782845741393)
↑ ab et cAdolphe Seyboth, Strasbourg historique et pittoresque depuis son origine jusqu'en 1870, L'Imprimerie alsacienne, 1894, p. 301-302
↑Raymond Signouret, Souvenirs du bombardement et de la capitulation de Strasbourg : récit critique de tout ce qui s'est passé dans cette ville du 15 juillet au 28 septembre 1870, Cazals, 1872, p. 140
↑1 FI 115 174 - « Rue du Savon, opérations de déblaiement suite au bombardement du 11 août 1944 », Archives de Strasbourg[1]
Maurice Moszberger (dir.), « Savon (rue du) », in Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger, Barr, 2012 (nouvelle éd. révisée), p. 105 (ISBN9782845741393)
(de) Adolphe Seyboth, « Seifengasse. Rue du Savon », in Das alte Strassburg, vom 13. Jahrhundert bis zum Jahre 1870 ; geschichtliche Topographie nach den Urkunden und Chroniken, Strasbourg, 1890, p. 68
Adolphe Seyboth, Strasbourg historique et pittoresque depuis son origine jusqu'en 1870, L'Imprimerie alsacienne, 1894, p. 301-302