Il existe plusieurs gentilés : Rothéien, Rothénien ou Rothéneuvien[1].
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous les formes Roteneuf en 1493, Roteneuc en 1558.
Ce nom de lieu n'est pas attesté dans les textes anciens. Il fut longtemps écrit Roténeuf. L'origine du nom n'est pas certaine et plusieurs hypothèses peuvent être avancées :
Le radical pré latin roth signifiant gué, que l'on retrouve dans Routhouan, un ruisseau de Saint-Malo. Ce gué était peut être celui du ruisseau du havre de Rothéneuf.
Le mot breton ros ou roz signifiant une hauteur (plateau, falaise ou sommet) associé suivi de Tenec ou Denoc, nom probable d'une famille[1]. Le nom évoluant de Rostenec à Rothéneuf. Dans le suffixe vieux-breton –oc les exemples de disparition du c sont nombreux, de même que sa transformation en f. « La colline de Dénoc » (den- est plus vraisemblable, les noms propres commençant par ten- sont quasiment inexistants).
Moins probables :
Le nom d'homme latin Rottonus (l'abbé Fouré, sculpteur des rochers sculptés de Rothéneuf, dont la sépulture est au cimetière de Rothéneuf, inventa par plaisanterie une dynastie de Rothéneuf dont l'ancêtre était Rothéneuf 1er). Les noms propres commençant par ten- sont quasiment inexistants.
Les deux mots latins rota (roue) et nova (neuve).
Histoire
On sait que Rothéneuf fut un village ancien de pêcheurs et de laboureurs, dépendant du bailliage de Paramé, fief vassal du seigneur évêque de Saint-Malo et de son chapitre. Rothéneuf est porté sur la carte de Cassini. Il y avait seulement une chapelle pour le village, chapelle où Jacques Cartier serait venu prier avant chacun de ses voyages. Cette chapelle, en très mauvais état, fut détruite sous la Révolution. Relevée de ses ruines en 1816, elle fut desservie ensuite par un vicaire de Paramé. Il s'y tenait régulièrement une « assemblée », équivalent du pardon en Basse-Bretagne[1].
Le havre fut un temps protégé par un corps de garde bâti près de son entrée et armé de trois canons[1].
Dans une description de 1757, il est mentionné à Rothéneuf la présence de « 210 maisons presque toutes occupées par des pêcheurs et des gens du païs ».
Le manoir de Limoëlou, demeure de Jacques Cartier, se trouve sur le point culminant de Rothéneuf. Parmi les plus anciennes demeures encore existantes, se trouve aussi celle du Hindre[1].
La paroisse de Rothéneuf fut établie par décret de Napoléon III du et par ordonnance épiscopale du de la même année. Une nouvelle église fut construite en 1869[1].
La station balnéaire se développa à partir de 1881[1]. La première villa construite au bord du havre fut celle de l'abbé Lamarche[1].
Rothéneuf fut rattaché à la commune de Paramé. En 1893, des notables de Saint-Malo créèrent la Société anonyme des entreprises et terrains de Paramé Rothéneuf qui obtint deux ans plus tard, la prolongation du tramway[1]. De juin 1896 à 1916 environ Rothéneuf sera relié par une ligne de tramway à vapeur (voie étroite de 0,60 m) de trois kilomètres reliant la commune à Paramé. La société Decauville qui gérait la ligne fit faillite en 1914. La ligne fut déclassée par décret en 1931.
Rothéneuf fait partie de la commune de Saint-Malo depuis la fusion en 1967 des 3 communes (Paramé, Saint-Servan et Saint-Malo). Une partie du village s'étend sur la commune de Saint-Coulomb.
Géographie
Situation
Rothéneuf donne sur un grand port naturel, le havre de Rothéneuf, qui s'ouvre sur la mer par un goulet entre la pointe de Rothéneuf et l'Île Besnard (en fait une presqu'île).
L'histoire géologique de la région est marquée par le cycle cadomien (entre 750 et 540 Ma) qui se traduit par la surrection de la chaîne cadomienne qui devait culminer à environ 4 000 m[5]. À la fin du Précambrien supérieur, les sédimentsbriovériens environnants sont fortement déformés, plissés et métamorphisés par l'orogenèse cadomienne qui implique un fort épaississement crustal, formant essentiellement des schistes et des gneiss[6]. Cette déformation développe une succession d'antiformes (Saint-Jacut-Rothéneuf, le Minihic et Plouer) correspondant à des chevauchements à vergence sud-est, séparés par des synformes (la Richardais et Saint-Suliac) d'orientation N60°, plis d'autant plus déversés vers le Sud que l'on se rapproche du noyau migmatitique[7]. Ce noyau de forme elliptique (25 km x 6 km), ceinturé d'une enveloppe gneissique et micaschisteuse, correspond à la région de Dinard-Saint-Malo[8]. L'épaississement, consécutif à l'écaillage tectonique du domaine orogénique, a en effet provoqué la fusioncrustale à l'origine de la mise en place des dômes anatectiques (migmatites de Guingamp et Saint-Malo, développées aux dépens des sédiments briovériens) qui est datée entre 560 et 540 Ma[9]. Les massifs granitiques du Mancellien[10] scellent la fin de la déformation ductile de l'orogenèse cadomienne[11].
Les paragneiss à grain fin, en bancs décimétriques et finement foliés, affleurent au nord de Saint-Jacut-de-la-Mer. De nombreuses veinules quartzo-feldspathique traduisent les effets d'un début de migmatisation, ces roches étant d'ailleurs en contact avec des migmatites (côte entre Rothéneuf et l'Anse du Verger près de Cancale)[12].
Rochers sculptés, ensemble de rochers côtiers sculptés par l'abbé Fouré entre 1894 et 1909, soit pendant seize ans;
la Chapelle Notre-Dame-des-Flots[13] : ancienne guérite des douaniers reconvertie en chapelle en 1889.
Pointe de Rothéneuf aux Kerguelen
Le nom de pointe de Rothéneuf a été donné, en souvenir du bourg de Rothéneuf, à une pointe de l'archipel des Kerguelen, dans le sud de l'océan Indien par Raymond Rallier du Baty lors de l'expédition de La Curieuse en 1913[14]. Cette pointe se trouve dans la baie d'Orvilliers, une baie de la presqu'île Joffre au nord de la Grande Terre, l'île principale de l'archipel austral.
↑De Mancellia, nom latin de la région du Maine, domaine structural de la partie nord-est du Massif armoricain dénommé en 1949 par le géologue Pierre Pruvost. Il est caractérisé par un Précambrien récent au sein duquel se sont mis en place des granitoïdesintrusifs antérieurement au dépôt des terrains paléozoïques ; ce domaine surélevé a été épargné par les transgressions marines du Cambrien.
↑Géologie de la France, éditions du BRGM, , p. 11.
↑BRUN J.-P., MARTIN H. (1978) – Relations métamorphisme-déformation au cours de l’évolution géodynamique d’un dôme migmatitique : le massif de Saint-Malo (France). Bull. Soc. Géol. France, 7, XX, p. 91-101.