Raymond de Marcenat (ou encore Raimond de Marcenac ; en latin : Raimundus de Marcenac[1]) est le 33eabbé de Mozac, de 1459 à 1475.
Le pape Pie II soutint l'abbé, rebelle à l'autorité de Cluny dont l'abbaye de Mozac dépendait depuis 1095.
À sa mort, son neveu, Jean III de Marcenat, fut élu par les moines pour le remplacer.
Origines
Comme son nom l'indique, lui-même ou sa famille était originaire du village de Marcenat en Haute-Auvergne[2].
Certains historiens signalent de manière erronée qu'il « appartenait à une petite famille qui tirait son nom de la terre de Marcenat, près de Volvic, qu’il ne faut pas confondre avec une autre famille de ce nom, originaire de Haute-Auvergne[3] ». En effet, sur le territoire actuel de la commune de Volvic (qui était à l'époque une dépendance de l'abbaye de Mozac), un village s'appelle « Moulet-Marcenat[4] ». Il est possible qu'au contraire ce village ait pris son nom à la suite d'une fondation de l'abbé de Mozac.
Carrière monastique
On ignore sa date de naissance, ni celle de son entrée dans les ordres. Avant 1433, il était prieur claustral de l'abbaye de Saint-Alyre de Clermont. De 1433 à 1458, il était prieur du prieuré de Saint-Laumer de Moissat, dépendant de l'abbaye Saint-Laumer de Blois. Puis, il remplace l'abbé Louis de Banson, démissionnaire, à Mozac. La date de son décès est elle aussi inconnue ; il ne semble pas avoir résigné sa charge. On peut estimer qu'il a disparu vers 1475. En effet, on retrouve son neveu, Jean III de Marcenat, à la tête de l'abbaye de Mozac, en 1477.
Travaux sur l'abbaye de Mozac
Il restaura le monastère[1] qui venait de subir une série de tremblements de terre. Il reconstruit en style gothique, avec l'utilisation nouvelle de la pierre de Volvic, les parties romanes écroulées, notamment le chœur, le transept (1), le bas-côté sud (2), le cloître (3) et les bâtiments conventuels (4). Comme le grand clocher octogonal (5) au-dessus de la croisée du transept disparut, il fit démonter le sommet crénelé de la tour-porche occidentale (6) pour la transformer en clocher gothique.
Les parties romanes qui restent debout sont la nef centrale, le bas-côté nord et les bases du transept. La tour-porche occidentale carolingienne devient le nouveau clocher. La crypte préromane, comblée par l'effondrement du chœur, est abandonnée ; elle ne sera dégagée qu'en 1849 par l'architecte diocésain Aymon Mallay.
Parties restaurées sous l'abbatiat de Marcenat :
Chœur gothique édifié sur la crypte préromane. Il est sans déambulatoire contrairement à l'ancien chœur roman.
Vue intérieure de l'église : le chœur gothique remplace le chevet roman ; la nef romane avec ses chapiteaux subsiste.
Bas-côté sud (2) et clocher (6)
Les galeries gothiques, qui remplacèrent le cloître roman, ont été démontées après la Révolution (3)
Clocher gothique, dernier étage reconstruit sur la tour-porche occidentale préromane (6)
Le blason de Raymond de Marcenat reprend celui du village de Marcenat dont sa famille provient : De gueules au chevron d'or accompagné de trois roses d'argent et d'or[6]. La fontaine du village de Marcenat (Cantal) possède le même blason.
Le blason de l'abbé témoigne de son action de commanditaire puisqu'il le plaça une trentaine de fois dans les parties reconstruites de l'édifice.
Blasons sculptés en pierre de Volvic de l'abbé Marcenat (à gauche) et des abbés Duprat (à droite) au-dessus d'une porte murée entre le bas-côté sud de l'église et le cloître[7].
Blason sur un des chapiteaux en pierre de Volvic sculpté pour la restauration du bas-côté sud de l'église.
Voir aussi
Bibliographie
Antoine Estienne et Matthieu Perona, « Raymond de Marcenat, reconstructeur de l'abbaye de Mozac », dans Congrès de la Fédération des Sociétés Savantes du centre de la France, n° 69, Bourges (31/05/2013), 2014, p. 75-87.
↑Jean-Baptiste Bouillet, Nobiliaire d'Auvergne, t. IV, Clermont-Ferrand, Imprimerie de Pérol, 1851, p. 38.
↑Emmanuel de Boos, L'armorial d'Auvergne, Bourbonois et Forestz de Guillaume Revel, t. I, Nonette, Éditions Créer, 1998, p. 86.
↑Une liève des cens datée d'environ 1656 dénombre à « Mouleix Marcenat et Grelliers » cinq tenures dépendant de l'abbaye de Mozac (Archives départementales du Puy-de-Dôme, 5 H 2, liasse 13). Une autre liève de 1656 à 1675 mentionne « Molleix et Marcenat » parmi les terres mozacoises (Id., 5 H 5, liasse 4).
↑Le blason de la famille de Marcenat, « seigneurs de Marcenat dans la vicomté de Murat », est décrit dans Pierre-Louis Lainé, Archives généalogiques et historiques de la noblesse de France, t. VII, Paris, 1841, pp. 54-55.
↑L'abbé Claude Duprat a dû terminer les travaux de restauration commencés par les abbés Raymond et Jean de Marcenat, notamment pour les bâtiments conventuels (sacristie, salle capitulaire).
↑La consécration de la nouvelle église restaurée a pu intervenir à la suite des travaux de Raymond de Marcenat.