Les circonstances de sa mort sont contestées par des militants de la cause palestinienne qui ne croient pas qu'il s'agisse d'un accident. Des chansons, des films et une pièce de théâtre lui ont été dédiés.
Étudiante de 23 ans à Olympia, Rachel Corrie part fin janvier 2003 pour les territoires palestiniens occupés. Elle s'installe à Rafah, dans la bande de Gaza, hébergée par des habitants locaux[1]. La Seconde Intifada est en cours, et l'armée israélienne procède à des démolitions de maisons en représailles contre les attentats commis sur le sol israélien[1]. Corrie rejoint un groupe de volontaires américains et britanniques de l'International Solidarity Movement (ISM) qui se positionnent entre la population palestinienne et les tanks, les bulldozers ou les snipers de l'armée israélienne[1]. Ces volontaires estiment que leur nationalité occidentale leur offrira une plus grande protection que les militants palestiniens et que leur vie n'est pas en danger[1].
Rachel Corrie pénètre dans une zone sous contrôle militaire et se fait écraser le par un bulldozer Caterpillar D9 de l'armée israélienne[2] à Rafah, dans la bande de Gaza. D'après ISM, elle essayait avec d'autres membres d'ISM d'arrêter la démolition de la maison d'un médecin palestinien[2]. Le bulldozer de l'armée israélienne ne voulant pas s'arrêter, alors que la militante se trouvait devant, a poussé les gravats devant lui, ce qui a écrasé Rachel Corrie[1].
Selon l'armée israélienne, la démolition avait pour but de trouver d'éventuels tunnels servant au transport d'armes depuis l'Égypte[3][source insuffisante].
Rachel Corrie devient la première volontaire étrangère tuée dans la bande de Gaza par l'armée israélienne[1].
Circonstances de sa mort
Selon le rapport d'enquête de l'armée israélienne, Rachel Corrie a été tuée par un bulldozer israélien qui l'a écrasée alors qu'elle l'empêchait de détruire une maison palestinienne[1]. Selon son porte-parole, le conducteur de l’engin ne l’aurait pas vue, car elle était dans un angle mort[1]. L'enquête menée par Tsahal reproche aux militants d'ISM d'avoir eu un « comportement illégal et irresponsable » ayant contribué à la mort de Corrie[1].
Des membres d'ISM présents sur les lieux contestent la version des faits et affirment que le conducteur du bulldozer l'aurait écrasée à deux reprises. Ces membres d'ISM pensent que le conducteur l'aurait délibérément tuée. La jeune femme s'était placée face à l'engin, dans le but de se faire voir par le conducteur et ainsi l'inciter à ne pas poursuivre son chemin vers la démolition[1].
Peu après son écrasement, Rachel Corrie est emmenée par des brancardiers ; elle meurt à l'hôpital Mohammed Yousef El-Najar[4] des suites de ses blessures[1].
Procédure judiciaire
L'armée israélienne mène une enquête et rend un rapport peu après la mort de Rachel Corrie. Le dossier est clos par le procureur général militaire en 2003. Les parents de Rachel Corrie intentent un procès à l'État d'Israël en 2010[1]. Un soldat présent sur place témoigne lors du procès que de multiples avertissements et sommations de quitter les lieux ont été lancés aux militants d'ISM, mais que Rachel Carrie s'était cachée sous un talus ; le conducteur indique ne pas l'avoir vue et avoir avancé son bulldozer[1]. Le , le tribunal d'Haïfa rend son jugement. Le juge considère que la mort de Rachel Corrie n'a pas été causée par une faute de l'État mais qu'il s'agit d'un accident et que par conséquent l'État n'est pas responsable[5].
En 2004, le compositeur alaskien Philip Munger écrit une cantate sur Rachel Corrie intitulée The Skies are Weeping, créée le à l'Université d'Alaska à Anchorage, où Munger enseigne. Quelques-uns ont protesté contre le spectacle, dont des Juifs, et un forum s'est tenu, animé par Munger et un rabbin local, qui décrit l'œuvre comme à la limite de l'antisémitisme car Rachel Corrie travaillait avec des Palestiniens et qu'en conséquence, cela « rendait le terrorisme romantique ». Munger a plus tard raconté avoir reçu des mails de menaces, ainsi que certains de ses étudiants. La cantate a également été jouée au Hackney Empire theatre à Londres, à partir du .
En 2006, l'Australien Ben Ellis a écrit Blindingly Obvious Facts, une fugue de dix minutes, composée à partir de textes « hideux » trouvés sur des blogs de droite discutant de la mort de Rachel Corrie. Elle a été jouée lors de la saison 2007 de Melbourne, puis remixée début 2008 par Lawrence Williams.
La chanson Rachel du trio américain Bastard Noise, sur l'album Skulldozer, est un hommage à Rachel Corrie.
Théâtre
Début 2005, My Name is Rachel Corrie (« Je m'appelle Rachel Corrie »), une pièce inspirée des journaux de Rachel Corrie et des emails qu'elle a envoyés de Gaza, et dirigée par l'acteur britannique Alan Rickman, est jouée à Londres, puis à nouveau en . La pièce est également programmée au New York Theatre Workshop, mais quand la pièce est reportée sine die, les producteurs anglais dénoncent une « censure » et retirent le spectacle. Elle est finalement jouée à Broadway à partir du , pour 48 représentations. La même année, My Name is Rachel Corrie est jouée au Pleasance lors du Edinburgh (Fringe) Festival. La pièce a aussi été publiée et jouée dans dix pays dans le monde, dont Israël.
Films
En 2003, la chaîne British Channel 4, Sandra Jordan, reporter au journal The Observer, et le producteur Rodrigo Vasquez font un documentaire diffusée en sur Channel 4 intitulé Killing Zone, sur la violence croissante dans la bande de Gaza. Jordan dit à ce sujet : « Il y avait beaucoup d'intérêt en Grande-Bretagne et dans le monde sur ce qui était arrivé à Rachel, et j'ai été très déçue qu'aucun journaliste d'investigation américain sérieux n'ait traité sérieusement de l'histoire de Rachel, ou ne se soit questionné ou ait remis en cause la version de l'armée israélienne ».
En 2005, la BBC produit un documentaire de 60 minutes, When Killing is Easy ou Shooting the Messenger, Why are foreigners suddenly under fire in Israel? (« Quand tuer est facile : pourquoi les étrangers sont-ils soudainement pris pour cibles en Israël ? »), décrit comme « un examen méticuleux » du tir ayant tué James Miller, « cameraman britannique avec une grande expérience des tournages en zones de guerre », tir venant de soldats israéliens, en ; le tir sur l'étudiant en photographie britannique Tom Hurndall « lorsqu'il essaya de secourir un enfant palestinien de projectiles israéliens » en et la mort de la « militante pacifiste américaine » Rachel Corrie après « qu'elle a été écrasée par un bulldozer israélien » en , tout en essayant de répondre à la question : « Les violences sont-elles des actes dus au hasard, ou représentent-elles une habitude de tuer en toute impunité qui est sanctionnée par les échelons supérieurs de l'armée israélienne ? »
En 2005 Yahya Barakat, qui enseigne la production télévisuelle, le cinéma et la réalisation à l'université al-Qods, tourne un documentaire en arabe sous-titré en anglais, intitulé Rachel Corrie – Une conscience américaine.
En 2009, le documentaire Rachel, réalisé par Simone Bitton, détaille les circonstances de la mort de Rachel Corrie.