La reconstruction du proto-celtique est en cours. Le témoignage du celtique continental est important pour reconstituer la phonologie et certains éléments de morphologie, mais est encore trop peu abondant pour permettre une reconstruction de la syntaxe. Bien que nous disposions de phrases complètes en gaulois et en celtibère, la plus ancienne langue celtique à disposer d'une littérature substantielle est le vieil irlandais, qui fait partie des langues celtiques insulaires. Le lexique peut être reconstruit par la méthode de la linguistique comparée.
*gw > gʷ (on ne sait pas avec certitude si ce changement s'est produit avant ou après le précédent, donc si ce nouveau *gʷ est resté tel quel ou a subi la labialisation comme le *gʷ préexistant)
Épenthèse d'un *a devant les autres consonnes sonantes syllabiques :
*m̥ > am
*n̥ > an
*l̥ > al
*r̥ > ar
Disparition de toutes les laryngales non syllabiques subsistantes
Assimilation de *p suivi de *kʷ plus tard dans le mot en *kʷ : *p...*kʷ > *kʷ...*kʷ (la même règle joue dans les langues italiques)
ē > ī
ō > ū en syllabe finale
Loi d'Osthoff : les voyelles longues s'abrègent devant une sonante suivie d'une occlusive (V:RC > VRC); les diphtongues longues sont également affectées.
Phase tardive
Une occlusive devient */x/ devant une autre occlusive ou un */s/ (C₁C₂ > xC₂, Cs > xs)
Disparition du /p/ hérité de l'indo-européen commun :
par fricatisation p > ɸ dans les autres positions (sauf peut-être après *s) ; la fricative /ɸ/ s'est amuïe dans les langues celtiques historiques, mais subsiste peut-être sous la forme d'un /h/ dans quelques noms propres antiques d'origine celtique : Hercunia, Hibernia
ō > ā
ei > ē
ew > ow
uwa > owa
Datation
La période d'individualisation du proto-celtique est controversée. Par le passé, on a essayé de la déterminer par association avec des cultures archéologiques particulières présumées celtiques, ou par glottochronologie. Pour diverses raisons, aucune de ces méthodes ne donne vraiment satisfaction. Dans les années 2000, plusieurs équipes ont abordé la question par la linguistique informatique, avec des résultats non concordants. Gray et Atkinson ont estimé la date à , alors que Forster et Toth l'ont estimée à , mais ces dates sont beaucoup plus anciennes que ce qui est généralement accepté, et elles sont sujettes à une forte incertitude, peut-être +/-1500 ans. Ces datations précèdent l'arrivée présumée des peuples indo-européens en Europe centrale, ce qui représente une incohérence.
↑L'évolution de ce nouveau *gʷ dans les langues celtiques ultérieures ne se confond pas avec celle de *b, de sorte que l'on sait que les deux sons devaient rester distincts en proto-celtique.
Voir aussi
Bibliographie
(en) Frederik H. H. Kortlandt, Italo-Celtic origins and prehistoric development of the Irish language, Leyde, Rodopi, 2007.
(en) Ranko Matasović, Etymological dictionary of Proto-Celtic, Leyde, Brill, 2009.
(de) Wolfgang Meid et Peter Anreiter (dirs.), Die größeren altkeltischen Sprachdenkmäler : Akten des Kolloquiums Innsbruck, 29. April - 3. Mai 1993, Innsbruck, 1996, 265 p.
(en) Paul Russell, « The evolution of Celtic », dans Handbook of comparative and historical Indo-European linguistics, t. 2, s. la dir. de Jared Klein, Brian Joseph et Matthias Fritz, Berlin–Boston, de Gruyter Mouton, 2018, p. 1274–1297.
(de) Stefan Schumacher, Die keltischen Primärverben : Ein vergleichendes, etymologisches und morphologisches Lexikon, Innsbruck, Institut für Sprachen und Literaturen der Universität, 2003.
(en) Nicholas Zair, The reflexes of the Proto-Indo-European laryngeals in Celtic, Leyde, Brill, 2012.