Dans le contexte culturel occitan, et en particulier dans le Sud-Ouest de la France (Limousin et Périgord), une pouge désigne majoritairement un chemin ou une route établit en position surélevée, longeant un relief en crête (interfluve). Il s'agit donc d'un terme toponymeroutiergénérique. Dans certains contextes géographiques au sein du domaine occitan toutefois (notamment en Gascogne), la pouge désigne un chemin tracé dans la vallée, au pied de l'élévation du terrain et non à son sommet, tout en conservant la même origine étymologique.
Le terme est issu du latin podium, désignant une élévation, et qui a également donné le terme puy en français méridional. Si l'orthographe pouge est la plus commune, il en existe des variantes orthographiques, comme pouche ou poutge. Plusieurs toponymes incluent ce nom, comme les communes de La Pouge (Creuse) ou Saint-Jean-Poutge (Gers), ou encore l'étang de la Pouge (Haute-Vienne).
Moins courant et connu que d'autres toponymes de nature explicitement routière, comme caussade ou estrade, le terme de pouge est toutefois observé dès le Moyen Âge.
Histoire
Le phénomène des constructions en situation de pouge est attesté dès l'Antiquité[1],[2] ; le long des axes, on décèle des tertres funéraires de l'Âge du fer[3]. Il est même probablement protohistorique[4]. Il se poursuit au Moyen âge. Dès cette période, le terme de pouge est relevé, certes de façon très occasionnelle, comme dans le cartulaire de l'abbaye de Berdoues en 1175. Dans l'actuel département du Gers, d'autres occurrences sont attestées pour les XIIIe et XVe siècles[5].
Le phénomène des pouges en Périgord et Limousin a été particulièrement étudié par les historiens Bernadette Barrière et Jean-Michel Desbordes[6]. Ils estiment ainsi que l'itinéraire d'origine antique reliant Limoges à Périgueux est presque intégralement une pouge[3].
Les enquêtes menées en Armagnac dans les années 1950 démontrent toutefois un emploi contrasté du terme, à la fois en déclin et associé à des réalités parfois différentes de celle du chemin de crête, jusqu'à parfois qualifier des itinéraires de fond de vallée[5]. Le terme semble renvoyer à la même réalité dans les Hautes-Pyrénées.
↑Jean-Pierre Bost, « "P. Crassum... in Aquitaniam proficisci iubet" : Les chemins de Crassus en 56 avant Jésus-Christ », Revue des études anciennes, vol. 88, nos 1-4, , p. 21-39 (lire en ligne).
↑ a et bJean-Michel Desbordes, « Voies romaines en Limousin », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, no 1, , p. 44-52 (lire en ligne, consulté le ).
↑Jean Varlet, « Traverser le Massif Central. Dynamiques d'ouverture et de fermeture », Collection EDYTEM. Cahiers de géographie, no 2, , p. 78-90 (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bHenri Polge, « Une appellation générique de "chemin" dans l’extrême sud-ouest du domaine gallo-roman : Pouche, Poudge, Poutge », Revue Internationale d'Onomastique, vol. 11, no 3, , p. 205-210 (lire en ligne, consulté le ).
↑Bernadette Barrière et Jean-Michel Desbordes, « Vieux itinéraires entre Limousin et Périgord », dans Charles Higounet, L'homme et la route : En Europe occidentale, au Moyen Âge et aux Temps modernes, Toulouse, Presses universitaires du Midi, (lire en ligne), p. 231-240.
↑Marcel Villoutreix, « Expériences de collaboration pluridisciplinaire en Limousin », Archéologie - Toponymie. Actes du Colloque d’onomastique du Mans (mai 1980), , p. 190-194 (lire en ligne, consulté le ).
↑Jean-Michel Desbordes, Martine Tandeau de Marsac et Georges Verynaud, « Les origines de la vie urbaine en Limousin », Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, vol. 92, no 149, , p. 381-399 (lire en ligne, consulté le ).
↑Pierre Bonnaud, « Toponymes dialectaux de type occitan et méridional dans les Charentes », Revue Internationale d'Onomastique, vol. 26, no 1, , p. 17-49 (lire en ligne, consulté le ).
↑Pierre Gauthier, « Aperçus sur l'anthroponymie poitevine au XIIIe siècle d'après cinquante chartes et documents de l'ancien arrondissement de Loudun (Vienne) », Nouvelle revue d'onomastique, no 51, , p. 101-129 (lire en ligne, consulté le ).
↑Georges Bugler, « Les noms de lieux-dits dans le Pays de Montbéliard (relief du sol et formations pré-indoeuropéennes) », Revue Internationale d'Onomastique, vol. 22, no 1, , p. 1-23 (lire en ligne, consulté le ).
↑Romain Baron, « Les chemins de Dame Pernelle en Nivernais », Revue Internationale d'Onomastique, vol. 12, no 4, , p. 277-281 (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
Henri Polge, « Une appellation générique de "chemin" dans l’extrême sud-ouest du domaine gallo-roman : Pouche, Poudge, Poutge », Revue Internationale d'Onomastique, vol. 11, no 3, , p. 205-210 (lire en ligne).
Bernadette Barrière et Jean-Michel Desbordes, « Vieux itinéraires entre Limousin et Périgord », dans Charles Higounet, L'homme et la route : En Europe occidentale, au Moyen Âge et aux Temps modernes, Toulouse, Presses universitaires du Midi, (lire en ligne), p. 231-240.