Mme Fortuny, née Cecilia de Madrazo Garreta, collectionneuse d'étoffes anciennes, est issue d'une illustre famille de portraitistes espagnols. Elle est la sœur de Raimundo de Madrazo y Garreta, peintre réaliste académique, ami de Boldini, et l'épouse du peintre catalanMarià Fortuny, dont les tableaux de genre connaissent un immense succès à Paris autour de 1870. La mort prématurée de ce dernier, en 1874, attriste profondément Boldini. Sa veuve s'installe alors à Paris avec son fils, le futur couturier Mariano Fortuny y Madrazo. En 1889, ils déménagent à Venise, au palais Martinengo, aujourd'hui musée Fortuny[1].
Description
Dans ce portrait, Mme Fortuny, âgée de trente-six ans, ne semble pas poser. Représentée à mi-corps, enfilant un gant comme si elle s'apprêtait à sortir, elle regarde le spectateur de ses grands yeux noirs empreints d'une expression mélancolique. Le peintre s'intéresse particulièrement à l'élégance de son vêtement, une robe de soie noire ornementée de pompons rehaussée de quelques touches lumineuses de la doubluremauve des manches[1].
Analyse
Cette longue figure noire se détachant sur un fond neutre et indistinct témoigne de la connaissance qu'avait Boldini des maîtres espagnols du portrait du XVIIe siècle, tels que Diego Vélasquez, Juan Carreño de Miranda et Alonso Cano[1]. Il s'affirme dans ce tableau comme un véritable « coloriste du noir », comme le décrit Camille Mauclair[1].
Références
↑ abc et dBoldini. Les Plaisirs et les Jours, p. 105.
Bibliographie
Sous la direction de Barbara Guidi et Servane Dargnies-de Vitry, Boldini. Les Plaisirs et les Jours, Paris, Paris Musées, , 256 p. (ISBN978-2-7596-0508-8).