Le pigment de phtalocyanine a été développé dans les années 1930 et est très utilisé aujourd'hui dans la fabrication des peintures. La phtalocyanine se retrouve également dans la composition des disques enregistrables (CD-R / colorant phtalocyanine, couche d’or métallique)[4].
Propriétés
La phtalocyanine et les complexes métalliques dérivés (MPc) tendent à s'agréger et, par conséquent, ont une faible solubilité dans les solvants habituels[5]. Le benzène à 40 °C dissout moins d'un milligramme de H2Pc ou de CuPc par litre. H2Pc et CuPc se dissolvent facilement dans l'acide sulfurique en raison de la protonation des atomes d'azote pontant les cyclespyrrole. De nombreux composés de phtalocyanine sont très stables thermiquement et ne fondent pas mais peuvent être sublimés. Le CuPc se sublime à plus de 500 °C sous gaz inertes (azote, CO2)[6]. Les complexes de phtalocyanine substitués ont souvent une solubilité bien plus élevée[7]. Ils sont moins stables thermiquement et souvent ne peuvent pas être sublimés. Les phtalocyanines non substituées absorbent fortement la lumière entre 600 et 700nm, ces matériaux sont donc bleus ou verts[5]. La substitution peut déplacer l'absorption vers des longueurs d'onde plus élevées, en changeant la couleur du bleu pur au vert en incolore (lorsque l'absorption est dans le proche infrarouge).
La phtalocyanine se forme par chauffage des dérivés de l'acide phtalique qui contiennent des groupes fonctionnels azotés. Les précurseurs classiques pour la préparation des phtalocyanines sont le phtalonitrile, le diiminoisoindole(en), l'anhydride phtalique et le phtalimide[10]. Chauffer de l'anhydride phtalique en présence d'urée est également une voie efficace pour la synthèse de H2Pc[11]. Ces réactions sont plus efficaces en présence de sels métalliques. L’o-cyanobenzamide et le phtalimide sont d'autres précurseurs. De nombreux réactifs de départ sont connus comme indiqué dans la figure ci-contre. En utilisant de telles méthodes, de l'ordre de 57 000 tonnes de dérivés de phtalocyanines avaient été produits en 1985[11].
La phtalocyanine est à l'origine de plusieurs pigments bleus et verts :
la phtalocyanine de cuivre (PB15) donne le bleu phtalo, un bleu moyen et neutre, souvent à l'origine du « bleu primaire » ou « bleu cyan ». Il possède les variantes stabilisées suivantes: forme alpha (PB15:1, PB15:2) à tendance rougeâtre, forme bêta (PB15:3, PB15:4) à tendance verdâtre et epsilon (PB15:6) à tendance très rougeâtre;
la phtalocyanine sans métal (PB16) donne un bleu turquoise, foncé et plutôt terne, proche du turquoise de cobalt (PG50) ;
la phtalocyanine de cuivre chloré (PG7) donne le vert phtalo (tendance bleue), un vert froid proche de l'émeraude ;
la phtalocyanine de cuivre bromé (PG36) donne le vert phtalo (tendance jaune), un vert chaud. Ce pigment est à la base de nombreux verts (vert Véronèse, vert de Hooker, vert de vessie).
Tous sont des pigments transparents au bon pouvoir colorant donc à utiliser avec parcimonie, insoluble dans l'huile.
Ils sont très appréciés en mélanges.
Pigment bleu phtalo PB15
Pigment vert phtalo PG7
Pigment vert phtalo PG36
Bleus contenant du PB15
Économique et fiable, le pigment PB15 sert à la mise au point de nombreux bleus. Selon les marques, ces bleus obtenus portent des noms divers, plus ou moins fantaisistes : Bleu d'Orient, Bleu de France, Bleu nuit, Bleu persan, Bleu Manganèse Phtalo vert, Bleu Phtalo tendance Rouge, Bleu Lumière, Bleu Azural (Imitation), Bleu Touareg, Bleu Primaire, Bleu Indien, Bleu Acier, Bleu Espace, Bleu Océan, Bleu Hortensia, Bleu Hoggar, Bleu Céruléum (Imitation).
Les couleurs contenant du PB15:3 ont tendance à devenir vertes en mélange avec du blanc[réf. souhaitée].
Colorant
On l'utilise aussi sous forme de colorant de cuve ou de colorant réactif pour teindre des fibres textiles. Mais le prix est élevé.
Littérature
« Le ciel était d'un bleu hivernal splendide, qui en paraissait presque artificiel ; un bleu de phtalocyanine. »
De la phtalocyanine a été trouvée par la société Orion Analytical sur plus de vingt endroits du Saint Jérôme attribué à l'entourage du Parmigianino (1503-1540) lors de son expertise dans l'affaire de présumés faux tableaux d'art ancien en 2016[13].
Références
↑ abcd et eEntrée « Phthalocyanine » dans la base de données de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sécurité et de la santé au travail) (allemand, anglais), accès le 4 août 2022 (JavaScript nécessaire)
↑ a et b(en) Fatemeh Ghani, Juliane Kristen et Hans Riegler, « Solubility Properties of Unsubstituted Metal Phthalocyanines in Different Types of Solvents », Journal of Chemical & Engineering Data, vol. 57, no 2, , p. 439-449 (DOI10.1021/je2010215, lire en ligne)
↑(en) P. F. Siles, T. Hahn, G. Salvan, M. Knupfer, F. Zhu, D. R. T. Zahn et O. G. Schmid, « Tunable charge transfer properties in metal-phthalocyanine heterojunctions », Nanoscale, vol. 8, no 16, , p. 8607-8617 (PMID27049842, DOI10.1039/C5NR08671J, Bibcode2016Nanos...8.8607S, lire en ligne)
↑(en) Marcella Iannuzzi, Fabien Tran, Roland Widmer, Thomas Dienel, Kevin Radican, Yun Ding, Jürg Hutter et Oliver Gröning, « Site-selective adsorption of phthalocyanine on h-BN/Rh(111) nanomesh », Physical Chemistry Chemical Physics, vol. 16, no 24, , p. 12374-12384 (PMID24828002, DOI10.1039/c4cp01466a, Bibcode2014PCCP...1612374I, lire en ligne)
↑(de) Andreas Hirth, Ulrike Michelsen et Dieter Wöhrle, « Photodynamische Tumortherapie », Chemie in unserer Zeit, vol. 33, no 2, , p. 84-94 (DOI10.1002/ciuz.19990330204, lire en ligne)