Selon les mémoires de Nikita Khrouchtchev, lors d'une balade en sur une plage de la mer Noire, lui et son ministre de la défense Rodion Malinovsky évoquent la menace venue du court temps de vol des missiles Jupiter déployés en Turquie (10 minutes pour atteindre l'URSS), et le désavantage qui s'ensuit pour l'Union soviétique face à l'OTAN. C'est ainsi que naît dans la tête de Khrouchtchev le projet de déployer des missiles à Cuba, récemment passé sous le régime castriste, pour compenser ce désavantage. Khrouchtchev envisage prosaïquement le déploiement des missiles à Cuba « comme posant un de nos hérissons dans les culottes américaines »[2].
Le plan de déploiement initial est ébauché par le général Anatoly Gribkov(en) et deux assistants, quelques jours après la réunion, le 21 mai 1962, du conseil soviétique de défense, au cours duquel l'idée de Khrouchtchev est approuvée après débat [2].
une division d'infanterie mécanisée en soutien de trente-six missiles SS-4 Sandal servis par trois régiments, ainsi que des missiles SS-5 Skean servis par deux régiments
deux régiments de missiles FKR-1 équipés de seize lanceurs et de 80 têtes nucléaires tactiques [2]
Au total, une force de 50 874 hommes et du matériel, dont le déploiement exige 85 transports, des navires marchands pour la plupart, mais aussi quelques paquebots. Malinovsky approuve le déploiement le
et Khrouchtchev donne son accord final trois jours plus tard [2].
Le 4 septembre 1962, quelques missiles sol-air et quelques bateaux lance-missiles (déployés en avant-garde) sont repérés lors de vols américains de reconnaissance et Kennedy lance une première mise en garde, à quoi Khrouchtchev répond par quelques renforts[2],[4] :
six bombardiers Il-28 avec six bombes atomiques [2]
trois bataillons Luna équipés de douze têtes nucléaires tactiques [2]
Puisque la principale force balistique n'a pas encore été expédiée, il est prévu que ces renforts seront acheminés avec elle [2].
Oleg Penkovsky, un agent double du GRU, travaillant aussi pour la CIA et le MI6, leur dévoile l'emplacement de missiles [5].
Un satellite de reconnaissance LockheedKH-5 Argon est mis en orbite le 9 octobre 1962 depuis la base californienne Vandenberg, et le des photographies sont prises depuis un avion de reconnaissance Lockheed U-2. Le 16 octobre 1962, la présence de missiles soviétiques à Cuba est confirmée au président Kennedy et à son commandement militaire. C'est le début de la crise des missiles de Cuba [1].
(en) Alfred Friendly et al., Operation Anadyr : U.S. and Soviet Generals Recount the Cuban Missile Crisis, Chicago, Edition Q, , 252 p. (ISBN978-0-86715-266-1)
(en) Domingo Amuchastegui, « Cuban intelligence and the October Crisis », Intelligence and National Security, vol. 13, , p. 88–119
(en) Christopher Andrew et Oleg Gordievsky, KGB : The Inside Story, New York, NY, HarperCollins,
(en) Jeffrey Barlow, Naval Blockades and Seapower : Strategies and Counter-Strategies, 1805–2005 : Cuban Missile Crisis, Routledge, , 344 p. (ISBN978-1-134-25728-7, lire en ligne)
(en) Michael Dobbs, One Minute to Midnight, New York, NY, Vintage,
(en) Raymond Garthoff, Reflections on the Cuban Missile Crisis, Washington, DC, Brookings Institution,
(en) Anatoli Gribkov et William Smith, Operation Anadyr, Chicago, IL, Edition Q,
(en) James Hansen, « Soviet deception in the Cuban Missile Crisis », Studies in Intelligence, vol. 46, , p. 49–58 (lire en ligne [PDF])
(en) Luis Manrara, Betrayal Opened the Door to Russian Missiles in Red Cuba : Truth About Cuba Committee, Miami, FL,
(en) Jerrold Schecter et Peter Deriabin, The Spy Who Saved the World, New York, NY, Charles Scribner's Sons,