Il est nommé ORP Wicher, conformément à la tradition française de nommage des navires d'après des phénomènes météorologiques. Une semaine plus tard, il arrive à Gdynia sous le commandement du commandant Tadeusz Morgenstern-Podjazd(en) et devient le premier navire moderne des forces navales polonaises. Son navire jumeau, le Burza, est mis sur cale en même temps et lancé deux ans plus tard, soit environ quatre ans après l'échéance prévue.
Durant l'entre-deux-guerres le Wicher rempli divers rôles, principalement politiques. Par exemple, le 15 juin 1932, lors de la crise de Dantzig de 1932(en), il est envoyé au port de la ville libre de Dantzig (aujourd'hui Gdańsk) pour rencontrer deux destroyers britanniques entrant dans le port et souligner l'influence politique polonaise dans cette ville[2]. En mars 1931, il navigue jusqu'à Madère avec à son bord le maréchal de PologneJózef Piłsudski et sa famille. Il s'agit du plus grand voyage du Wicher depuis la Pologne.
À la fin des années 1930, un rapport conclut à un armement insuffisant. L'artillerie navale française avait une faible cadence de tir et le navire manquait de protection suffisante contre les bombardements aériens. Pour résoudre le problème, à l'automne 1935 deux mitrailleuses doubles Hotchkiss de 13,2 mm sont ajoutées.
Le , le navire, ainsi que l'ensemble de la « Flottille de contre-torpilles », est mis en alerte en raison de la crise de Memel. L'alerte est annulée une semaine plus tard et les croisières d'entraînement sont interrompues. Dans le même temps, la plupart des navires de surface polonais étaient prêts à être retirés dans les ports britanniques lors de l'opération Pékin. Les Wicher et Gryf sont les seuls grands navires laissés au port de Gdynia pour la protection de la côte polonaise.
Seconde Guerre mondiale
Après l'invasion de la Pologne le , le navire repousse un bombardement à Gdynia, puis s'embarque pour la base navale de Hel, pour l'opération Rurka, une tentative de mouillage de mines aux entrées de baie de Gdańsk. Le Wicher devait protéger l'opération, menée par le Gryf, un lourd mouilleur de mines[1], du côté du port allemand de Pillau, assisté de six dragueurs de mines et de deux canonnières. Après avoir abordé des mines navales depuis un dépôt flottant, Gryf et sa flottille naviguent vers la péninsule de Hel.
En route, le Wicher est attaqué par un escadron de 33 bombardiers en piqué Ju 87B de la Luftwaffe, causant des dommages mineurs et tuant son capitaine. Dans ce qui deviendra connu comme la bataille de la baie de Gdańsk, le Wicher n'est pas touché directement, mais les avions allemands marquent plusieurs coups rapprochés, brisant toutes les fenêtres du pont et fracturant la coque à plusieurs endroits. Après avoir atteint le port de Hel à 18 h 45, le Wicher navigue vers la zone d'opérations, arrivant vers 22 h. Son capitaine, le commandant Stefan de Walden, ne savait pas que l'opération avait été annulée et protégeait en fait la baie vide et non la flottille polonaise, qui était ancrée à Hel[1].
Peu de temps après son arrivée, le Wicher aperçoit deux destroyers allemands. L'équipage décide de ne pas ouvrir le feu car ne voulant pas attirer l'attention sur les unités polonaises qui devaient opérer dans la baie de Gdańsk. Plus tard dans la nuit, il aperçoit également un croiseur de la classe Leipzig. Vers 1 h le 2 septembre, le Wicher retourne à Hel et découvre que l'opération avait été annulée.
Le matin du , alors qu'ils sont amarrés dans un port, les Gryf et le Wicher sont attaqués par deux destroyers allemands, le Z1 Leberecht Maass et le Z9 Wolfgang Zenker, tirant à une distance de neuf milles marins. Des navires de guerre polonais et une batterie à terre repoussent l'attaque, le Gryf marquant deux coups au but. L'escadrille allemande érigea ensuite un écran de fumée et se replia[1].
Plus tard dans la journée, le Wicher, toujours dans le port, repousse deux raids aériens. Cependant, lors de la troisième attaque vers 15 h, il est attaquée par deux groupes d'avions allemands, marquant quatre coups au but. Deux bombes le touchent à son milieu, l'une touche la proue et l'autre fracture sa coque à plusieurs endroits sur son côté tribord. Le Wicher commence à couler et son équipage parvient à rejoindre la terre ferme, d'où ils rejoindront la défense terrestre de la Poméranie. Un marin est tué et 22 blessés dans l'attaque aérienne.
Après la fin des hostilités, en novembre 1939, les Allemands renflouent l'épave et la remorquent en eaux peu profondes. Selon les objectifs allemands, l'épave devait être renflouée, réparée et remis en service dans la Kriegsmarine sous le nom de Seerose. Cependant, ces plans n’aboutiront jamais.
L'épave du Wicher survit à la Seconde Guerre mondiale. En 1946, l'épave est de nouveau renflouée et remorquée au large jusqu'à la région de Jastarnia. C'est dans cette zone qu'elle sert de navire cible pour les exercices de bombardement aérien jusqu'en 1955. En 1963, l'épave est en partie mise au rebut. La partie restante, située à la position approximative 54° 40′ N, 18° 32′ E, se compose d'un quart de la coque, de deux cheminées et du gouvernail.