En mathématiques, et notamment en combinatoire, un nombre de Schröder compte un certain type de chemins. Ce sont les chemins dans une grille de taille n × n reliant le point de coordonnées (0, 0) au point de coordonnées (n, n) en utilisant seulement des pas unités de direction nord, nord-est ou est, et qui ne dépassent pas la diagonale sud-ouest - nord-est. Un tel chemin est appelé un chemin de Schröder.
Les premiers nombres de Schröder sont :
1, 2, 6, 22, 90, 394, 1806, 8558, .... (C'est la suite A006318 de l'OEIS).
Les nombres de Schröder comptent le nombre de chemins de (0, 0) à (2n, 0), formés depas unitaires nord-est et sud-est (pas (1, 1) ou (1, –1)) ou de pas horizontaux doubles (pas (2, 0)), et qui de plus sont toujours au-dessus de l'axe des x. Ils ressemblent en cela aux chemins de Motzkin, sauf qu'ici, les pas horizontaux viennent par deux.
Le n-ème nombre de Schröder compte aussi le nombre de subdivisions d'un rectangle en n + 1 rectangles plus petits obtenu par n droites horizontales ou verticales, avec la restriction qu'il y a n points à l'intérieur du rectangle qui ne sont alignés ni horizontalement ni verticalement, et que toute droite coupante passe par un des points et ne divise qu'un seul rectangle en deux. Sur la figure ci-dessous figurent les 6 subdivisions rectangulaires (rectangulations) en 3 rectangles avec 2 droites coupantes[3].
Une parmi les autres caractérisations données dans A006318 lie les nombres de Schröder aux chemins de Motzkin : le n-ème nombre de Schröder est le nombre de chemins de Motzkin colorés de longueur n où chaque pas montant ou horizontal au niveau de l’axe a une parmi deux couleurs, et chaque autre pas horizontal une parmi trois couleurs : pour n=2, on a les 6 possibilités suivantes, où la couleur est notée juste après le pas : U1D, U2D, H1H1, H1H2, H2H1, H2H2. Ici, tous les pas horizontaux sont au niveau de l'axe.
Propriétés
Les nombres de Schröder valent, à l'exception du premier, le double des petits nombres de Schröder ou nombres de Schröder-Hipparque.
Formule de récurrence. Soit le -ème nombre de Schröder. C'est le nombre de chemins horizontaux de longueur qui vérifient les contraintes expliquées ci-dessus. Les nombres vérifient la relation de récurrence :
.
On peut voir cette formule comme suit : un chemin horizontal de longueur commence soit par deux pas horizontaux suivis d'un chemin de longueur , soit commence par un pas diagonal. Dans ce cas, lorsque le chemin touche pour la première fois l'axe des x, on a délimité un chemin horizontal de Schröder partant de (1,1), de longueur , avec .
Série génératrice. Soit
la série génératrice des nombres de Schröder.
Elle satisfait l'équation[4] suivante :
.
On obtient l'expression close :
.
Langage formel.
On peut associer à chaque chemin de Schröder un mot sur l'alphabet , en codant par un pas horizontal, par un pas montant et par un pas descendant[5]. Ainsi, les 6 mots de longueur 4 sont
.
L'ensemble de ces mots est le langage de Schröder. Il est donné par la grammaire formelle ou équation :
Les mots de longueur sont comptés par le nombre de Schröder .
Formule close.
On a[5] : où est le nombre de Catalan d'indice .
L'étude de la série génératrice permet d'obtenir l'expression suivante pour le comportement asymptotique[4] :
↑Le volume II de (Stanley), Exercice 6.39, donne un ensemble d'interprétations combinatoires, que l’on peut compléter par le « Catalan Addendum ». La page de l'OEIS contient d'autres interprétations.
Dominique Gouyou-Beauchamps et Bernard Vauquelin, « Deux propriétés combinatoires des nombres de Schröder », Theor. Inform. Appl., vol. 22, no 3, , p. 361-388 (lire en ligne).
Ernst Schröder, « Vier kombinatorische Probleme », Z. Math. Phys., vol. 15, , p. 361-376.
(en) Richard P. Stanley, « Catalan addendum », sur www-math.mit.edu, Information on Enumerative Combinatorics, (consulté le ) Complément sur les nombres de Catalan à son livre Enumerative Combinatorics, Volume 2.