Dans un intérieur sombre seulement éclairé clairement du côté droit par une applique à trois lampes, se tient à l'écart de la salle une ouvreuse de cinéma blonde en uniforme bleu nuit chaussée de sandales noires, rayure rouge le long du pantalon[1],[2]. Elle est appuyée contre le mur, la main droite se tenant le visage, la gauche une lampe de poche. Le centre du tableau marque ainsi la transition entre l'obscurité de la salle telle une caverne et la luminosité qui se repend sur la femme[2].
Outre un personnage secondaire faiblement éclairé à gauche, d'autres sources de lumières plus faibles sont présentes : celle venant de l'écran de projection à droite, celles de trois plafonniers sous les balcons à gauche, la lumière de l'escalier rectiligne au-delà de l'ouvreuse.
André Breton, qui voit le tableau durant son exil aux États-Unis, décrit une « très belle jeune femme perdue dans son rêve à l'écart de ce qui se déroule de grisant pour les autres »[3].
Analyse
Un des thèmes récurrents chez Hopper, à savoir la solitude, se voit exprimée par l'emploi exercé par l'ouvreuse attendant la fin de la séance de cinéma, et prise dans ses rêveries[4]. Le lieu est ici inspiré par les escaliers et les auditoriums de ses salles de cinéma préférées, le Palace, le Globe, la République et le Strand. Comme souvent, sa femme Jo lui servit de modèle. Les croquis préparatoire et avant la livraison sont plus clairs dans leur teneur, les dossiers des sièges de la salle s'y distinguent plus facilement[1]. Le biais et la perspective sont, une fois de plus, utilisés par le peintre[2]. De par sa composition, cette œuvre est souvent mise en parallèle avec Intérieur d'Edgar Degas[2].
Notes et références
↑ ab et cEdward Hopper : De l'œuvre au croquis, p. 65.
↑ abc et dLaurence Debecque-Michel, Hopper : les chefs-d’œuvre, Paris, Hazan, , 144 p. (ISBN2-85025-291-3), « New York Movie (Cinéma à New York), 1939 », p. 92-93.
Croquis post-réalisation et commentaires de sa femme Jo dans : Deborah Lyons, Brian O’Doherty, Edward Hopper : De l'œuvre au croquis, Éditions Prisma, octobre 2012 (ISBN978-2-8104-0251-9), p. 64-65.