Les Mossis sont l'ethnie majoritaire du Burkina Faso, constituant plus de 52 % de la population, soient plus ou moins de 9 à 10 millions de personnes. Le reste de la population est composé de plus d'une soixantaine d'ethnies, principalement les Dioula, Gourounsis, les Sénoufos, les Lobis, les Bobos, les Samo, et les Peuls. Les Mossis parlent le mooré.
Ethnonymie
Selon les sources et le contexte, on observe de multiples variantes : Moaaga, Moaga, Moossi, Mossi, Mooré, Moré, Moosse, Mosse[3].
La dénomination Mossi a été imposée et utilisée depuis la période coloniale, mais l'ethnonyme exact utilisé par la population est Moaga au singulier et Mosse au pluriel.
Langue
Leur langue est le mooré[4], une langue gour dont le nombre total de locuteurs a été estimé à plus de 17 millions, principalement au Burkina Faso où le mooré a le statut de langue nationale[5], mais aussi dans les pays limitrophes tels que le Ghana, le Mali, le Bénin et le Togo, et également au Sénégal.
Histoire
Origines
L'histoire des sociétés et des royaumes Mossi est connue par de nombreuses études sur les traditions orales (Leo Frobenius, Michel Izard, Junzo Kawada). La chronologie des formations sociales et politiques Mossis est donc le produit de recoupement de récits et de chroniques dynastiques. La mythologie et l'histoire permettent d'avancer une origine ghanéenne. Mythologiquement les mossis sont les descendants de la princesse Yennenga et de Rialé, de leur union naît un garçon prénommé Ouédraogo (mot signifiant « cheval mâle » ou « étalon ») en l'honneur du destrier blanc qui conduisit la princesse au jeune chasseur. Ouedraogo est l'ancêtre des mossis.
La conquête coloniale française du pays Mossi a été réalisée par Paul Voulet en 1897[6].
Si les Mossi sont restés longtemps réfractaires à la religion musulmane, longtemps représentée dans les cours royales et les grandes chefferies par la catégorie des commerçants dits Yarcé (terme équivalent au terme Dioula pour désigner les commerçants Mandingues), ils se sont massivement convertis à l'islam durant la période coloniale française. Durant cette même période coloniale, les Mossis ont fourni une main d'œuvre importante aux grands travaux d'aménagement routiers et au développement des plantations au Mali, en Côte d'Ivoire et au Ghana. Si, de nos jours, une forte communauté Mossi réside en Côte d'Ivoire, depuis la crise ivoirienne qui a commencé en 2001, beaucoup d'entre eux sont revenus s'installer au Burkina Faso.
Aujourd'hui
Culture
La troupe de danse de Andemtenga lors de la cérémonie Nakoobo du Naaba Zomb Wobgo à Andemtenga, province Kouritenga, Burkina Faso.Masque mossi (milieu du XXe siècle).Habitat traditionnel des Mossi à Kiripalogo
Les anciens rois Mossi sont enterrés à Gourcy (à 40 km de Ouahigouya). Aujourd'hui encore, lorsqu'un roi Mossi est couronné, il doit le faire à Gourcy.
Société et politique
Le souverain du royaume Mossi de Ouagadougou est le Moogho Naaba, qui réside toujours dans son palais de Ouagadougou, Panghin, et bénéficie d'une certaine reconnaissance officielle par l'État moderne du Burkina Faso. La cérémonie publique hebdomadaire du Mooghnaabyiusgu (dite « faux-départ » du roi de Ouagadougou) témoigne de la valeur patrimoniale de cette royauté dans le contexte burkinabé contemporain. Dans les villages, la structure politique traditionnelle Mossi est encore très présente. Dans la vie quotidienne, les chefs traditionnels (les Naaba) jouent un rôle important d'administration et de justice au sein de leurs communautés.
↑Pageard, Robert, « Contribution à l'étude de l'exogamie dans la société mossie traditionnelle », Journal des Africanistes, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 36, no 1, , p. 109–140 (DOI10.3406/jafr.1966.1406, lire en ligne, consulté le ).
↑Paul Voulet et Julien Chanoine, Dans la boucle du Niger au mossi et au gourounsi : la jonction du Soudan au Dahomey, Société de géographie de Lille, 1897, 33 p.
Bibliographie
Littérature orale
Doris Bonnet (et Moussa Ouedraogo, Désiré Bonogo), Proverbes et contes mossi, Paris, Conseil International de la Langue Française, 1982, 150 p.
Alain Sissao, Contes du pays des Moose, Karthala, 2002, 192 p.
Études
Michel Benoît, Oiseaux de mil : les Mossi du Bwamu (Haute-Volta), ORSTOM, 1982, 116 p. (ISBN9782709906265)
Benoit Beucher, Manger le pouvoir au Burkina Faso. La noblesse mossi à l'épreuve de l'Histoire, Karthala, 2017, 348 p. (ISBN978-2-8111-1693-4)
Robert Pageard, Le droit privé des Mossi : traditions et évolution, CNRS, 1969, 488 p.
Elliot Percival Skinner, Les Mossi de la Haute-Volta, Nouveaux Horizons, 1972, 452 p. [1ère édition, The Mossi of Upper Volta, Stanford University Press, 1964]
Yamba Tiendrebéogo et Robert Pageard, Histoire et coutumes royales des Mossi de Ouagadougou, Larhallé Naba, 1964, 208 p.
Burkina Faso : Bisa, Gan, Lobi, Mossi (enregistrements réunis et commentés par Charles Duvelle), Universal Division Mercury, Collection Prophet, vol. 9, 1999, 1 CD (47 min 13 s) + 1 brochure (15 p.)
Mossi du Burkina Faso : musiques de cour et de village (enregistrements réunis et commentés par Charles Duvelle), Universal Division Mercury, Collection Prophet, vol. 27, 2002, 1 CD (56 min 7 s) + 1 brochure (15 p.)
Filmographie
Mossi, Burkina Faso, film documentaire de Gilbert Loreaux, IRD Audiovisuel, Bondy, 2007, 26 min
Moro Naba, film documentaire de Jean Rouch, CNRS, 1957, 26 min