Les négociations anglo-allemande concernant la répartition des possessions portugaises et belges en Afrique apportent les premiers projets concrets. En , les deux partenaires se mettent d'accord sur la revendication de l'Allemagne sur l'Angola, excepté le secteur frontalier de la Rhodésie du Nord, et sur Sao Tomé-et-Principe, ainsi que sur la revendication anglaise sur le Mozambique et la Lugenda en cas de difficultés financières du Portugal. Le secrétaire d'État allemand aux colonies Wilhelm Solf fait la proposition de rogner le Congo belge, en octroyant le Katanga et l'extrême côte septentrionale à l'Angleterre, la région au nord du Congo à la France et une jonction importante entre l'Angola et l'Afrique orientale allemande à l'Allemagne. Sa proposition échoue en raison de la résistance anglaise[1]. Faire des revendications sur le Portugal alors endetté apparaît alors comme beaucoup plus facile en comparaison avec la Belgique économiquement prospère.
Une autre proposition de Solf portant sur une Afrique centrale allemande, faite en août et , projette la répartition des colonies françaises, belges et portugaises. Par la suite, Bethmann Hollweg l'incorpore dans son Septemberprogramm. Le nouvel empire colonial allemand d'Afrique centrale doit alors recouvrir les territoires suivants : l'Angola, la moitié nord du Mozambique, le Congo belge avec les mines de cuivre du Katanga en ligne de mire, l'Afrique équatoriale française jusqu'au lac Tchad, le Dahomey et le territoire au sud jusqu'au Niger et Tombouctou. Ce projet de création d'un empire colonial d'Afrique centrale cohérent est l'un des principaux buts de guerre allemands[2].
Toutefois, si on le considère de manière générale, le projet d'Afrique centrale allemande ne joue qu'un rôle secondaire dans les buts de guerre allemands, même s'il est considéré comme possible à travers une victoire en Europe. D'un autre côté, ce projet colonial a été au cours de la guerre utilisé par des hommes politiques d'aspiration libérale comme un dérivatif pour la nation[4]. Pour l'Allemagne, les colonies étaient plutôt l'expression de sa puissance. Pour les concepteurs d'une Afrique centrale allemande, cette dernière devait, en tant que signe de la puissance allemande, atteindre le même rôle que l'Inde pour l'Empire britannique. Cependant, l'industrie lourde et les banques ont montré, et cela bien avant la guerre, peu d'intérêt pour les empires coloniaux et ont davantage milité pour une expansion européenne[5].
Notes et références
Références
↑(de) Fritz Fischer, Krieg der Illusionen. Die deutsche Politik von 1911 bis 1914, Düsseldorf, 1969, p. 448-458 et Wolfgang J. Mommsen, Das Zeitalter des Imperialismus (=Fischer-Weltgeschichte Band 28), Francfort-sur-le-Main, 1984, p. 265.
↑(de) Wolfdieter Bihl (Éd.), Deutsche Quellen zur Geschichte des Ersten Weltkrieges, Darmstadt, 1991, p. 58-59 et
(de) Fritz Fischer, Griff nach der Weltmacht : die Kriegszielpolitik des kaiserlichen Deutschland 1914/18, Dusseldorf, Droste, [détail de l’édition], p. 115-116.
↑(de + fr) Wolfdieter Bihl (Éd.), Deutsche Quellen zur Geschichte des Ersten Weltkrieges, Darmstadt, 1991, p. 283-284 et André Scherer, Jacques Grunewald, L’Allemagne et les problèmes de la paix pendant la Première Guerre mondiale. Documents extraits des archives de l'Office allemand des Affaires étrangères. 4 Bände (deutsche Originaldokumente), Paris 1962/1978, volume 2, p. 214-215.
↑(de) Andreas Hillgruber, Die gescheiterte Großmacht. Eine Skizze des Deutschen Reiches 1871-1945, Düsseldorf, 1980, p. 51.
↑(de) Karl Dietrich Erdmann, Der Erste Weltkrieg, Munich, 1980. (= Gebhardt: Handbuch der deutschen Geschichte Bd.18), p. 54.
Annie Lacroix-Riz, Le Vatican, l'Europe et le Reich : De la Première Guerre mondiale à la guerre froide, Paris, Armand Colin, coll. « Références Histoire », (réimpr. 2010 (édition révisée)), 539 p. (ISBN2-200-21641-6).
(de) Rolf Peter Tschapek, Bausteine eines zukünftigen deutschen Mittelafrika. Deutscher Imperialismus und die portugiesischen Kolonien, Deutsches Interesse an den südafrikanischen Kolonien Portugals vom ausgehenden 19. Jahrhundert bis zum Ersten Weltkrieg, Verlag Steiner, Stuttgart, 2000
(de) Sönke Neitzel, "Mittelafrika". Zum Stellenwert eines Schlagwortes in der deutschen Weltpolitik des Hochimperialismus. In: Wolfgang Elz (Hrsg.): Internationale Beziehungen im 19. und 20. Jahrhundert. Festschrift für Winfried Baumgart zum 65. Geburtstag, Verlag Schöningh, Paderborn/Wien, 2003.