Miguel Ángel Estrella est issu d’un milieu modeste : son père est le fils de paysans libanais émigrés en Bolivie[n 2], sa mère est une criolla[n 3] argentine avec des ascendances amérindiennesmétissées.
Il apprend le piano à l'âge de 12 ans et entre au conservatoire de Buenos Aires à 18 ans[3].
Avec son épouse Martha, Miguel Ángel Estrella joue dans les bidonvilles pour faire découvrir la musique classique aux plus pauvres, ce qui les fait considérer comme « communistes » par le pouvoir en place[4].
Il obtient une bourse qui lui permet d'étudier à Londres puis à partir de 1964, à Paris, où il est l’élève de Nadia Boulanger et de Marguerite Long[3].
Emprisonnement
Miguel Ángel Estrella fuit en 1976 la répression de la dictature militaire argentine qui le recherche sous prétexte de son appartenance à l’organisation Montoneros, alors qu'en réalité il n'y a jamais participé (il est péroniste en fait). En 1977, il revient en Argentine, il est arrêté et détenu en Uruguay à Montevideo, où il subit des tortures qui abîment ses mains[5]. Au cours de sa détention, il continue à jouer dans sa cellule avec un clavier muet. Il est libéré en 1980 à la suite des pressions internationales (en particulier de Nadia Boulanger, Yehudi Menuhin et Henri Dutilleux)[6]. Il se réfugie alors en France.
Défenseur des Droits de l’Homme
En 1982, Miguel Angel Estrella reprend ses concerts et fonde la Musique Espérance dont la vocation est de « mettre la musique au service de la communauté humaine et de la dignité de chaque personne ; de défendre les droits artistiques des musiciens — en particulier des jeunes — et de travailler à construire la paix ». À partir de 1992, Musique Espérance devient une ONG reconnue par l’UNESCO.
5. Béla Bartók : Bagatelles no 1 Molto sostenuto, no 2 Allegro giocoso, no 3 Andante, no 4 Grave, no 5 Vivo, no 6 Lento et no 14 Presto (valse Ma mie qui danse)
1982 : Haendel : Suite no 7 en sol mineur – Brahms : Variations et fugue op. 24 sur un thème de Haendel - Miguel Ángel Estrella (33 tours LP Erato 9246)
↑Conformément à la BnF (BNF13893724) et contrairement aux autres sources, Alain Pâris, dans son Dictionnaire des interprètes et de l'interprétation musicale au XXe siècle (2015), indique comme date de naissance le 8 juillet 1936.
↑Contrairement au terme français « créole », qui désigne une personne d'ascendance européenne née dans une des anciennes colonies intertropicales (en particulier aux Antilles), le terme espagnolcriollo désigne une « personne d'ascendance européenne née dans une des anciennes colonies espagnoles d'Amérique ou dans certaines colonies européennes dudit continent »[2].
↑Le , dans l'émission télévisée Champs-Élysées, France Gall interprète la chanson accompagnée à la guitare par Kamil Rustam (Vidéo INA) et en présence de Miguel Ángel Estrella, autre invité de l'émission. Elle déclare ensuite : « L'Amérique du Sud c'est loin. Mais interpréter aujourd'hui cette chanson en présence de Miguel Ángel Estrella, ça lui donne toute sa dimension. »